Lecture analytique excipit Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar
Analyse sectorielle : Lecture analytique excipit Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Axelle LEDOUX • 10 Mai 2020 • Analyse sectorielle • 1 596 Mots (7 Pages) • 6 918 Vues
EL12 L’excipit du roman Pistes de corrigé
Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, Folio De « Ils m’ont ramené à Baïes ; par ces chaleurs de juillet… » à « Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts… »
Introduction :
Publié en 1951 Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar est une oeuvre protéiforme que Yourcenar a porté durant plusieurs années. Première femme élue à l’Académie Française en 1981, elle invente ici un genre nouveau, celui de l’autobiographie fictive de l’empereur Hadrien (II° siècle). Cette longue lettre d’Hadrien à Marc Aurèle pour lui raconter sa vie, ses méditations, afin de lui servir d’enseignement présente au lecteur une réflexion sur la vie afin de comprendre le monde. Le passage se situe à la fin des Mémoires d’Hadrien, pour clore le chapitre Patentia, qui revient sur le long cheminement d’Hadrien vers sa mort dans la douleur de la maladie. Cet extrait présente les derniers mots de la lettre adressée à Marc-Aurèle, révélant ainsi un homme qui s’oublie et un empereur qui montre toute son humanité dans la mort, transcendant la vie et allant vers la lumière.
[Oral : Lecture de l’extrait]
Pb. : Comment cet extrait illustre-t-il toute l’humanité d’Hadrien ? En quoi cet épilogue éclaire-t-il la vision d’un homme qui passe à la postérité ? => En quoi cette fin tragique est-elle en réalité une fin apaisée et heureuse pour le héros ?
Mouvements : I. La dernière étape : attente de la mort (lignes 1 à 6)
II. Une mort heureuse : l’affliction des intimes (lignes 6 à 14)
III. L’adieu au monde (lignes 15 à la fin) [il est également possible de mettre en valeur la prose poétique dans ce dernier mouvement cf. notes distribuées en cours]
- La dernière étape : attente de la mort (lignes 1 à 6)
§1= Ils m’ont emmené à Baïes ; par ces chaleurs de juillet, le trajet a été pénible, mais je respire mieux au bord de la mer= (Baïes=station balnéaire du nord de Naples) Hadrien n’est plus le maitre de son dernier parcours vers sa mort, le sujet « ils » marque l’action de ce cheminement mais le verbe est accompagné d’un pronom personnel « m’» qui indique sa présence volontaire dans ce voyage. Il ne subit pas mais il ne s’appartient plus. Il redevient sujet après l’opposition « mais ». Le temps est à la fois pour indiquer l’évolution du récit mais aussi pour caractériser la douceur de ce moment qui semble inéluctable mais il est contrarié par les aspects réalistes de « ces chaleurs » qui apporte la pénibilité que vit Hadrien malade. Jeu des temps passé composé / présent = le principal est le meilleur état d’Hadrien « au bord de la mer »
§2= La vague fait sur le rivage son murmure de soie froissée et de caresse ; je jouis encore des longs soirs roses= vocabulaire maritime renforce le côté naturel du paysage= il peut alors savourer le monde et l’harmonie autour de lui avec les sens qui sont en éveil malgré la maladie et sa douleur par le son puis le toucher et enfin le son associé à la matière= dernier hommage d’un homme qui aime la poésie devant la beauté du monde +vague /rivage qui font écho entre les mots ou encore les assonances en [r] et en [s]. Puis c’est la plénitude d’une « jouissance » qui semble étirer le temps de la contemplation et de l’émerveillement des « longs soirs roses »
§3= Mais je ne tiens plus ces tablettes que pour occuper mes mains, qui s’agitent malgré moi= la maladie l’emporte sur cet émerveillement car son corps le trahit. Premier signe et symbolique pour ce lettré, qui écrit ses mémoires, il ne maitrise plus ses mains « qui s’agitent malgré (lui) » pour écrire sur « ces tablettes » (support intellectuel et publique)
§4= J’ai envoyé chercher Antonin ; un courrier lancé à fond de train est parti pour Rome= le temps lui manque aussi car Antonin (son successeur) n’est pas là et Hadrien sent la mort arriver et le chemin entre Baïes et Rome est long.
§5= Bruit des sabots de Borysthènes, galop du Cavalier Thrace… = deux propositions nominales (rythme binaire des sabots) sont des souvenirs qui viennent par bouffées = sa lucidité le lâche devant la mort qui l’appelle et il entend son cheval favori (p 14-15) du temps de sa pleine vigueur et le « Cavalier Thrace » allégorie de la mort et avatar d’Antinoüs (p 307) = au seuil de sa mort, Hadrien est assailli par ses fantômes du passé
II. L’affliction des intimes (lignes 6 à 14) : une mort heureuse
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