Lecture analytique de l'agonie de l'enfant de La peste d'Albert camus
Commentaire de texte : Lecture analytique de l'agonie de l'enfant de La peste d'Albert camus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Miguel Sanchez • 26 Février 2018 • Commentaire de texte • 1 593 Mots (7 Pages) • 5 159 Vues
La Peste, L’agonie de l’enfant (lecture analytique)
Objectifs :
- Montrer la portée symbolique du passage
- Montrer comment la mort de l’enfant illustre-t-elle l’injustice et l’absurde.
Support : de « Le docteur serrait avec force la barre du lit » à « une pose de crucifié grotesque » p. 195)
Introduction :
A la fin du mois d’octobre, la peste continue de faire des ravages parmi les Oranais emportant petits et grands sans distinction. Le docteur Castel tente de mettre au point un sérum qui va être essayé sur le fils du juge Othon car Rieux juge son cas désespéré. Le malade est entouré de tous les personnages importants (Rieux, Castel, Tarrou, Grand, Rambert et le père Paneloux).
Cette scène représente une étape importante dans la narration. C’est une scène de crise : le spectacle de l’agonie d’un innocent.
Problématique: En quoi cette scène poignante est-elle l’occasion d’une réflexion morale sur le sens de la condition humaine.
- Une scène réaliste
- Une description rigoureuse
- Une scène insoutenable
- Un combat symbolique
- Un combat injuste (car inégal)
- Un combat représentant la souffrance de l’Homme
- L’impuissance de l’Homme face au mal
- L’enfant, le symbole de l’innocence
- La mort regardée en face
- Une scène réaliste
- Une description rigoureuse
Ce passage essentiellement descriptif met l’accent sur les derniers moments qui précèdent la mort de l’enfant.
- La description est soulignée par la présence de plusieurs verbes à l’imparfait « gémissait » l.1, « se pliait » l.9, « faisaient »l.13
- La scène représente un cadre dépouillé : une chambre d’hôpital avec un équipement rudimentaire « lit en fer » l1, « couverture militaire » l.2.
- A ce décor correspond la nudité de l’enfant « Du petit corps nu » l.5.
- Le sens de l’odorat est également sollicité dans cette scène. Ainsi la perception olfactive « odeur de laine et d’aigre sueur » l.6 immerge immédiatement le lecteur au cœur de la réalité, il pénètre l’intimité profonde d’un enfant atteint par la peste.
- La scène est également réaliste dans la mesure où les symptômes du mal sont évoqués avec le champ lexical de la maladie : « aigre sueur » l.7, « lit humide » l.28, « crise » Une respiration accélérée et difficile « parut respirer plus vite » l.9, « haletant », l.28. De brusques accès de fièvre « pendant de longues secondes, secoués de frissons et de tremblements convulsifs » l 23-24. L’enfant porte les marques de la maladie « les paupières enflammées », « le visage plombé » l 34-36.
- Ce qui permet de saisir l’évolution du mal est la seule observation clinique. On observe une alternance de moments de crispation qui traduisent les douleurs aiguës et de courts moments d’apaisement.
« qui se raidit brusquement… se détendit peu à peu » l. 2-3 à 6-7
« se pliait à nouveau…se détendit un peu. » l.9-10 à 24-25 (mis en valeur par les antithèses « se raidit » vs « se détendit », « se pliait » vs « se détendit »
« l’atteignit à nouveau pour la troisième fois… une pose de crucifié grotesque » l.27-28 à 36.
- Si le mouvement est toujours le même tel un ressort qui se tend et se détend, il s’intensifie pourtant au fur et à mesure illustrant l’avancée du mal sur l’enfant.
Gradation au fil du texte : « se raidit » l.3, « se pliait »l.9, « se recroquevilla » l.29.
Ainsi l’enfant est livré à une interminable souffrance soulignée par cette scène insoutenable.
- Une scène insoutenable :
Le réalisme physique et charnel fait de cette page un moment essentiel du récit en ce qu’il offre une retranscription juste mais sobre d’une scène insoutenable.
- En effet, le narrateur ne mentionne pas les émotions des personnages qui entourent le malade. Aucune parole n’est échangée et ce n’est que par la gestuelle et le regard que le lecteur comprend son effroi. De cette manière, le narrateur évite l’effusion et le pathétique, c’est la pudeur qui domine le récit.
Rieux : « serrait avec force la barre du lit » : geste.
Tarrou : « détourne les yeux au regard du médecin » : regard.
- Ainsi est exprimé ce qui ne peut se dire mais peut seul s’éprouver, et la vérité est dite à travers la plainte de ce corps souffrant « lit où gémissait l’enfant » l.2, « avec un gémissement grêle » l.22 mis en valeur par le polyptote.
- Toutefois, certains traits d’écriture suggèrent l’empathie du narrateur et à travers lui, celle de l’assistance pour l’enfant.
Termes à valeur hypocoristique « petit malade » l.2, « petit corps » l.5
Adjectifs insistant sur la fragilité « grêle » l.10, « frêle » l.12
Cette description réaliste prend la valeur d’un combat symbolique.
- Un combat symbolique
Tout au long du roman, la peste est certes un fléau qui s’abat sur les Oranais mais également une métaphore du combat de l’Homme.
- Un combat injuste (car inégal)
L’Homme est petit dans un univers cosmique, il doit donc sans cesse lutter pour affirmer son existence face à des forces qui, souvent, le dépassent.
- Le choix de l’enfant renforce cette image et le combat apparait ainsi comme inégal.
L’auteur souligne la disproportion des forces présentes. Il s’agit d’un spectacle horrifiant avec la fragilité du corps de l’enfant avec le vocabulaire de celle-ci « petit malade » l.2, « petit corps » l.5, « frêle carcasse », « ses jambes osseuses et ses bras dont la chair avait fondu en quarante-huit heures » l 36-37.
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