Lecture analytique "Le chêne et le roseau"
Fiche : Lecture analytique "Le chêne et le roseau". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Matanas • 11 Mars 2017 • Fiche • 2 539 Mots (11 Pages) • 1 578 Vues
Fiche : Le Chêne et le Roseau
Introduction :
Lorsque Jean de La Fontaine (1621-1695) s’empare du genre de la fable, il est déjà inscrit dans les exercices de réécriture des collèges du XVIIème siècle. En effet, à cette époque on pratique l’art de l’apologue qui consiste à transposer les apologues du poète grec Esope et du poète latin Phèdre. Par ailleurs, La Fontaine a dédicacé ses fables à « Monseigneur Le Dauphin », alors âgé de 7ans. On devine alors l’intention didactique de ce premier recueil (livres 1 à 6 des fables). Dans cette première édition de fables et pour mieux dénoncer les travers des hommes le fabuliste les représente de façon imaginée grâce à des animaux, et même des végétaux. C’est le cas de cette 22ème fable du livre 1 (tirée du 1er recueil des fables publié en 1668), inspirée d’une fable d’Esope, “Le roseau et l’olivier“. Cette fable met en scène la force et la fragilité humaine.
I/ Le récit allégorique d’une dispute arbitrée par le vent
A) La création et l’animation des personnages par le fabuliste
- Majuscule attribué à chacun des personnages et précédé de l’article défini « le » qui peut renvoyer aussi bien à un individu unique qu’à un terme générique désignant une espèce vivante.
- Le chêne et le roseau sont présentés par le narrateur comme deux interlocuteurs d’un dialogue qui débute dès le premier vers « Le Chêne dit un jour au Roseau ». On remarque les verbes de paroles au passé simple et à l’imparfait (temps traditionnels du récit) : « dit » (vers 1) ; « lui répondit » (vers 18) ; « disait » (vers 24).
- Dialogue encré dans un cadre spatio-temporel : « Un jour » (vers 1) ; « que le Nord eut porté jusque-là » (vers 27) ; « du bout de l’horizon » (vers 25).
- Un 3ème personnage apparaît à la fin de la fable : le vent. Il est désigné par plusieurs appellations : « Royaume du vent » (vers 16) ; « Les vents » (vers 20) ; « Le vent » (vers 29) ; Périphrase à valeur superlative qui met en valeur l’importance de ce personnage : « Le plus terrible des enfants que le Nord eut porté jusque-là » (vers 26-27).
Nous avons remarqué que chacun des trois personnages est personnifié, mise en valeur par le discours direct et enfin par un récit talentueusement conduit.
B) Deux argumentations opposés
•Argumentation du Chêne :
- Le chêne se présente comme quelqu’un de résistant à tout épreuve. Il se présente par contraste avec le portrait qu’il fait du roseau en 2e, pour mettre en valeur sa force et sa résistance « cependant » (vers 7) il pense être indestructible.
- Il évoque son courage dans les vers 8, 9 et 10 : « Brave l’effort de la tempête ». Il se compare également à une chaîne de montagne gigantesque « au Caucase Pareil ». On peut noter la distance temporelle (Zéphyr et Aquilon) et spatiale (Caucase-Russie) mis en avant par le chêne, qui permet d’insister sur sa grandeur. Au vers 10, le Chêne résume le contraste entre les deux personnages par une anaphore/répétition « tout » (vers 10).
- Le chêne termine son discours de la même manière qui l’a commencé en défendant sa thèse : insister sur l’injustice de la nature. « Vous avez bien sujet d’accuser la nature » (vers 2) et « La nature envers vous me semble bien injuste » (vers 17).
- Le chêne déplore le fait de ne pas pouvoir protéger le roseau. « Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage ; Dont je couvre le voisinage » (vers 11-12).
•Argumentation du Roseau:
Le roseau quant à lui adopte une argumentation concessive.
- Le roseau concède sur un point du raisonnement du chêne « Votre compassion (…) part d’un bon naturel » (vers 18-19). Cette concession est efficace, car elle permet de mieux le contredire. On peut donc parler de dispute intellectuel ou de débats d’idées.
- La conjonction de coordination « mais » (vers 19) placé à l’hémistiche montre que le roseau va réfuter la thèse du chêne.
- Le roseau adopte un ton péremptoire presque autoritaire, « Quittez ce soucis », à cause de l’impératif qui marque son assurance. De cette manière
- Au vers 20, la comparaison formulée par le roseau est menaçante, le pronom personnel « vous » au milieu du vers semble entourer de danger le chêne.
- Le roseau met également en opposition le passé composé « résisté » (vers 23) avec le 1er hémistiche du vers 24 « Mais attendons la fin ».
C) L’arbitrage des vents
- Personnification du vent « le plus terrible des enfants » (vers 26-27). Il intervient juste après le discours direct du roseau dans le 2e hémistiche du vers 24 (« Comme il disait ces mots ») pour donner raison au roseau. Il arbitre la dispute.
- Du vers 18 à 30, le récit s’accélère, les alexandrins deviennent des octosyllabes. Le temps utilisé est le présent de narration qui permet de dramatiser la situation. → •Présence de verbes d’actions « accourt » (vers 25), « tiens bon » (vers 28), « plie » (vers 28), « redouble » (vers 29). •Le lexique utilisé accentue le côté dramatique « la tempête » (vers 9) évoqué par le chêne devient ensuite « le plus terrible des enfants ». Son hypothèse imaginée devient réalité. •Caractère hyperbolique à la fin de la fable « redouble » (vers 29) et l’utilisation du superlatif permet d’aggraver sur ce que fait le vent « le plus terrible » (vers 26).
- Dénouement rapide (en 4 vers- vers 28 à 32-) → révèle une mort tragique et rapide pour le chêne.
TRANSITION
Le récit met en scène une controverse avec un dénouement qui donne raison au roseau. Mais ce récit présente également une grande opposition et une grande inégalité entre les deux personnages principaux.
II/ Deux personnages opposés et inégaux
A) Une double opposition sur le plan physique
•Grandeur/Petitesse
- Le chêne se compare à une chaîne de montagne (le « Caucase » vers 7) doté d’un feuillage immense capable de couvrir « le voisinage » (vers 12).
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