Lecture analytique: Charles Baudelaire - l'Horloge

Lecture analytique :  L'horloge

Introduction :

Charles Baudelaire est un poète du 19e siècle , il est considéré avec Les Fleurs du Mal, comme le précurseur de la poésie moderne. Publié en 1857, et réedité dans des versions différentes en 1861, 1866 puis 1868, ce recueil est l'une des oeuvres majeures de la poésie. "L'Horloge" est le dernier poème de la section "Spleen et Idéal". Le spleen baudelairien est un sentiment profond de grande tristesse. Il est omniprésent dans son oeuvre.

"L'Horloge" est composé de 6 quatrains, aux rimes embrassées. Avec ses 24 vers, le texte fait allusion aux 24 heures de la journée. Ce poème illustre donc le thème du temps, classique dans la poésie romantique et dans Les Fleurs du Mal. Pour l'auteur le temps est un poids, une obsession et un supplice. "L'Horloge" reflète enfin l'état d'esprit de Baudelaire en 1861 : ce dernier désespéré, ne voit d'issue que dans la mort et pense à suicider.

Comment Baudelaire parvient-il à transfigurer l'objet " horloge" pour livrer un message universel ?

Nous étudierons dans un premier temps la vision que Baudelaire a du temps puis le message qu'il adresse au lecteur

Composition :

I) La vision donnée par Baudelaire du temps

1) Le temps, thème principal du poème

A) La composition du poème

Sa composition est une image du temps : 6 strophes de 4 alexandrins correspondant à la division d'une journée = 6x4. Chaque quatrain= 1h ; de quatre vers= 15 min. Les vers sont de 12 rimes et ces vers sont alternés (balancier du temps). Les vers sont très rythmés , cela représente la mécanique de l'horloge. Le poème est donc une représentation de la mécanique de l'horloge.

B)Le champ lexical de l'horlogerie

Il y a donc une présence du champ lexical de l'horlogerie. Tout d'abord au vers 1 avec le mot "horloge", au v.7 "instant" au v.20 " clepsydre". Mais il y a aussi une présence du champ lexical du son , qui représente le son du temps qui passe avec "vibrantes" l.3 , "chuchote" v.10, "mon gosier" l.14 . Nous retrouvons également une métaphore du cardran solaire vers 4 et 5 " se planteront bientôt comme dans une cible" et "fuira vers l'horizon". Le cadran solaire servant à indiquer l'heure.

C) Les adverbes et complement circonstenciel de temps

La présence d'adverbe au vers 4 "bientôt",11 "maintenant" ,20 "toujours" ,21 "tantot" ,24 " où" et complément circonstenciel de temps au vers 8 "a chaque" ,9 "trois mille six cents fois" ,21 ,22 et 23 "où".

D) Les verbes et les temps employés

Présence du présent d'habitude vers 2 " menace , dit " ; De l'Impératif au v.2 "Souviens toi" ;  Du passé composé vers 12 ' ai pompé" ;  Du présent de vérité général au vers 17 "est" et  du futur v.24 "dira" . Il emploie donc beaucoup de temps.

2) L'image de l'horloge:

La parole est donnée à l'horloge à partir du vers 2 , au discours direct ( il est entre guillemet)

A) Entre personnfication et animalisation

Personnnification : Des le premier vers l'horloge est un dieux, au vers 2 l'aiguille et sous la forme d'une métaphore " le doigt" au vers 2 , "chuchoter" au vers 10 est rejeté, il est donc mise en valeur.Présence de personnification, au vers 14  " gosier de métal" et "voix" vers 10.

Animalisation : Au vers 11 " insecte" est également rejeté, au vers 12 " trompe" de papillon immonde , une vision donc monstrueuse , du papillon qui aspire le sang et ici le temps. Il y a également une assonance en on " trompe immonde" qui donne un aspect assez désagréable. Au vers 7 " dévorer" donne à l'horloge un aspect de monstre.

B) Un jeu entre concret et abstrait

Le but de Baudelaire est de rendre facilement imaginable la fuite du temps et d'en donner une image marquante au lecteur. Le temps qui passe est abstrait mais Baudelaire veut lui donner une réalité concrète. Pour cela il utilise des allégories. D'abord de l'insecte au vers 11. Toutes les personnifications " vibrante douleur" vers 3 , " Je suis Autrefois" vers 11 , " auguste Vertu" au vers 22 , "Divin hasard" vers 21 .

=> Il joue entre le concret et l'abstrait.

3) Le temps, maître de l'Homme:

...