Le spectacle comique a-t-il pour fonction essentielle de divertir ?

DISSERTATION DE FRANÇAIS

Sujet : Le spectacle comique a-t-il pour fonction essentielle de divertir ?

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Comme disait Robert Sabatier :“On appelle comédie la tragédie envisagée d'un point de vue humoristique.” On comprend ici que la comédie proviendrait de la tragédie, malgré de nombreuses différences remarquables. Ce sont ces différences qui séparent la tragédie de la comédie, en faisant d'elles, deux grands registres théâtraux. De l’Antiquité à nos jours, le théâtre a traversé les époques, portant la comédie et la tragédie en classiques de la littérature française. Un des objectifs du spectacle comique est de divertir le spectateur. Le spectacle comique a-t-il pour fonction essentielle de divertir ? Dès lors, nous pouvons nous demander comment la comédie parvient-elle à divertir le spectateur mais aussi quelles sont ses autres fonctions. Pour répondre à ces questions, nous traiterons dans un premier temps le divertissement apporté par le spectacle comique, puis nous nous intéresserons aux autres fonctions de la comédie.

Le terme « théâtre », vient du grec θέατρον et signifie « le lieu où l'on regarde », le théâtre est donc avant tout un espace de spectacle. La comédie apporte le rire et le divertissement au spectateur, à travers son spectacle. On peut rendre le comique responsable de ce divertissement, qui, sous différentes formes provoque le rire chez le spectateur. Dans Le Malade Imaginaire (1673), Molière utilise le comique de situation à plusieurs reprises comme quand Thomas Diafoirus salue sa future belle famille (Acte II scène V). Sous le regard de son père, il se trompe de personne et présente ses salutations, destinées à sa belle-mère, à Angélique. C’est alors la confusion dans sa tête et il se réfère à son père, comme un élève se tournant vers son professeur. Molière donne l’impression dans cette scène que Thomas Diafoirus a appris son discours dans un ordre précis et qu’il le récite à la lettre. Il ira même jusqu’à demander à son père s’il doit attendre la venue de Béline pour lui présenter ses salutations : “Attendrai-je, mon père, qu’elle soit venue ?”. L’auteur utilise ici un comique de situation, Thomas Diafoirus étale son erreur, ce qui suscite un amusement chez le spectateur. Mais Molière est un habitué de ce type de comique, car plusieurs des personnages principaux de ses comédies sont  rocambolesques. Dans cette œuvre, c’est Argan qui se trouve au centre de l’attention, du fait qu’il souhaite toujours avoir un médecin auprès de lui. De plus, il est souvent assis, sa chaise percée au milieu de la pièce, tel un roi sur son trône. Mais la différence entre ces deux personnages montre sa ridicule suprématie. Le comique est aussi marqué par la vivacité de certains dialogues, comme à l’acte III scène V. Dans cette scène, M. Purgon fait irruption, indigné qu'on ait refusé le traitement qu'il avait prescrit, Argan se défend en rejetant la responsabilité de ce refus sur son frère. Les dialogues entre les personnages présents sur scène sont vifs et ils se coupent la parole chacun leur tour. Cela est en partie dû à l’indignation de monsieur Purgon, et on remarque de nouveau un comique de situation. Un autre type de comique peut être complémentaire au comique de situation, il s’agit du comique de gestes. Si on fait un retour en arrière dans le temps, les pièces étaient jouées dans la rue, sur une scène constituée de tréteaux afin que les comédiens soient vus par tous. Même aujourd’hui les comédiens peuvent être associés à un stéréotype, la gestuelle est alors importante pour différencier les personnages. Dans le Malade Imaginaire, Argan poursuit Toinette avec un bâton à la main. Molière mêle dans cette scène le comique de situation avec le comique de geste.

Deux autres types de comiques ne sont pas négligeables et provoquent du divertissement chez le spectateur. Il s’agit du comique de personnage ainsi que du comique de mots. Nous pouvons traiter en même temps ces deux types de comiques car c’est le personnage qui est à l’origine du comique de mot. Le comique de mot est présent dès l’acte I scène I avec la répétition du mot “drelin” par le personnage d’Argan qui est seul et appelle Toinette. Plus tard, acte II scène IV, c’est encore un fois Toinette, qui ne peut s’empêcher de faire sa remarque et utilise le terme “gendrés” dans “Que vous serez bien gendrés”. Molière utilise le terme gendre pour le transformer en verbe, alors que ce verbe n’existe pas. Il utilise ici un néologisme, qui conduit à un divertissement pour le spectateur.  Durant l’acte III scène VII, Argan demande à Toinette qui est le médecin qui vient se présenter. Toinette répond alors naturellement “un médecin de la médecine”. L’association de la naïveté d’Argan et l’évidence de la réponse de Toinette forment le comique et provoque le rire chez le spectateur. Le comique de mot passe également par des répétitions, comme dans la scène X de l’acte III. Durant cette scène, la servante d’Argan va jouer le rôle d’un médecin et lui affirmer à plusieurs reprises qu’il souffre du “poumon”. Toinette va jouer une véritable pièce de théâtre dans le théâtre, c’est une mise en abyme habilement réalisée par Molière, qui divertit le spectateur qui voit Toinette changer de rôle durant les scènes. Mais cette mise en abyme met aussi en avant un comique de personnage du fait des allers-retours de Toinette pour tromper son maître. Ce théâtre dans le théâtre est si évident mais Argan ne le remarque pas. Le faux médecin apparaît scène VIII puis repart sous un prétexte trompeur, puis Toinette entre en scène (scène IX), croyant avoir été appelée, puis repart et le faux médecin est alors de retour (scène X). Le personnage d’Argan est également  comique dans ses actions, il est hypocondriaque et souhaite toujours avoir un médecin près de lui. Cette exagération de Molière produit un effet comique sur le spectateur. Argan feint également d’être mort pour voir la réaction de sa femme, qui n’est pas celle attendue et apporte le rire au spectateur. Mais la comédie tient également quelque chose de la farce, genre théâtral, qui est le jeu physique entre les personnages. La course-poursuite qu’inflige Argan à Toinette est l’exemple de ce jeu physique, qui peut être en partie improvisé. Le spectateur est donc divertit quand il assiste à une comédie, mais ce spectacle comique à d'autres fonctions que celle du divertissement qui est essentielle.

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