Le monologue de Louis
Analyse sectorielle : Le monologue de Louis. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar loulou7788 • 20 Avril 2021 • Analyse sectorielle • 2 789 Mots (12 Pages) • 1 055 Vues
Séance n°3 : AL – Le monologue de Louis (I, 10)
Relevez en les notant les passages où Louis prend la parole sous forme de monologue.
- Première partie – Scène 5 : Louis revient sur le moment où il a décidé de revenir. Une décision qu’il s’est invité à tenir. Cette idée qu’après s’être fait une certaine idée de lui, sa famille a cessé de l’aimer, en réglant ses comptes. Moment de clairvoyance sur ses rapports familiaux. Le personnage établit un rapport d’équivalence entre sa vie et sa mort. Il énonce un renoncement familial et amical.
- Première partie – Scène 10 : vœu d’une disparition collective où le monde ne survivrait pas aux morts individuelles. Tonalité beaucoup plus funeste, condamnation irrémédiable de la part de Louis où s’exprime et crie une haine hargneuse. Lamento se transformant en prière diabolique. Mythologie de la mort : la mort qui devrait rendre la bonté, exactitude de l’être, correspondance avec nos croyances sur l’être familier → tout cela relève l’aspect illusoire de la connaissance d’autrui, fantasmagorie (cf. mythe familial et le figement dans des rôles particuliers)
- Deuxième partie – Scène 1 : Louis en narrateur réapparaît sous la forme d’un fantôme et explique les raisons de sa vengeance. Son départ et les mensonges qui s’ensuivent. Antoine ne le retient pas.
Lire la parabole du fils prodigue
Il [Jésus] dit encore : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des caroubes que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce serviteur lui dit : ton frère est de retour, et, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père : voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau gras ! Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi ; mais il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé. » |
Quel(s) lien(s) peut-on faire avec l’histoire de Louis ?
- Rivalité entre les deux frères
- Les propriétés des enfants
- L’existence d’Antoine et la mort du fils (la conversion - une rédemption de Louis ?)
- Injustice ressentie par Antoine et sa jalousie
- L’obscurité de la toile
Montrer une représentation du fils prodigue.
Le Retour du fils prodigue, Rembrandt, 1668, 262 x 205 cm, Musée de l’Ermitage
[Aller regarder l’analyse de ce tableau]
https://www.canal-educatif.fr/videos/art/31/rembrandt-art-en-question-5/fils-prodigue.html
[Couper à la fin de la deuxième partie]
Analyse du titre : annoncer la fin du monde – en fait de soi-même au monde – pour s’avouer qu’il ne s’agit que de cela. Un drame qui n’adviendra pas, qui restera l’affaire intime d’un seul. De multiples références dans l’œuvre de Lagarce à la parabole du Fils prodigue (évangile de Luc, XV, 23) Variation dans JLFM : le père, décédé, n’est pas là pour accueillir Louis. Il n’est pas le cadet mais l’aîné des fils. Le fils prodigue de Lagarce est voué à une mort prochaine, une mort dont il s’interdira d’annoncer la nouvelle. Pb que pose la pièce : les proches ont déjà fait le deuil du Fils prodigue (comment pleurer quelqu’un dont a déjà fait le deuil?) OU Louis est le seul vivant face à cette assemblée de spectres familiaux. MAIS Louis ne désire point faire de mal (désir contrebalancé par ce monologue). |
Situation de l’extrait | Forme du texte : monologue, insister sur la réitération de ce genre de scène (sous la forme d’un triptyque) Situation de l’extrait : 3e si l’on compte celui du prologue où point un sentiment plus désespéré (une rage sourde jusqu’alors qui est dirigée vers la famille de Louis) Suit une scène de règlement familial où Antoine semble être le point des crispations du foyer. Les commentaires de la mère, goûtant à la joie de voir ses enfants réunis, laissent rapidement place au coup de sang d’Antoine, imitant à dessein son frère, tournant en dérision son teint policé et amène. Louis part donc s’isoler, moment de réflexion et de réaction au comportement de son frère et de sa sœur. Moment qui apparaît comme une volte-face, à la recherche d’un apaisement succède la révélation des traumatismes familiaux et des agacements indépassables, des rancœurs tenaces. |
Thèmes / Idées principales | Lamento se transformant en prière diabolique → vœu d’une disparition collective où le monde ne survivrait pas aux morts individuelles. Tonalité beaucoup plus funeste, condamnation irrémédiable de la part de Louis à l’égard de sa famille durant laquelle s’exprime et crie une haine hargneuse. Louis cherche à briser la mythologie de la mort : la mort qui devrait rendre la bonté, exactitude de l’être, correspondance avec nos croyances sur l’être familier → tout cela relève l’aspect illusoire de la connaissance d’autrui, fantasmagorie (cf. mythe familial et le figement dans des rôles particuliers). Moment introspectif duel : lui-même est prisonnier de cette responsabilité illusoire qu’il expose dans le prologue et donne ainsi à voir une image de lui qui n’est pas celle attendue (rejoindra la vision qu’Antoine a de son frère) 3 temps forts : la disparition du monde avec soi / délectation de la douleur de ses proches / l’errance en compagnie de la Mort et le « à quoi bon » / l’impossible ressemblance dans la mort |
Impressions de lecture | Si la première partie du texte paraît plus pathétique, la deuxième montre un visage de Louis terrifiant. Expression d’une vie tragique : personnage tragique |
Mouvements | L1-13 : le monde et sa disparition l13- 39 : le rêve d’un jugement (dernier?) |
Problématique | En quoi ce monologue introspectif transforme-t-il Louis en personnage tragique ? |
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