Le monde européen

« Mes chers amis, aujourd’hui est un grand jour. Aujourd’hui est le jour de mon départ. Aujourd’hui, il est temps pour moi de regagner ma famille. Vous allez surement vous demander pourquoi je pars mais mon but aujourd’hui est simple. Vous le savez tous, je suis européen. Un européen arrivé sur votre île de Bétique deux ans auparavant. J’ai décidé un jour de voyager d’ile en île à la recherche du bonheur. Ce bonheur, je l’ai finalement trouvé à vos côtés, mes amis, en Bétique. Mon but était de découvrir le monde ; mon but était de rencontrer de nouveaux peuples ; mon but était de me forger un esprit nouveau. Le monde européen devenait monotone et mon envie de m’évader s’amplifiait. Ce but a été largement atteint. A vos côtés, j’ai découvert la vraie notion de famille qu’est la vôtre. A vos côtés, j’ai découvert ce qu’était l’amour. A vos côtés je me suis perdu. Cependant, en découvrant toutes ces nouvelles idées du monde qui nous entoure, j’ai aussi découvert le manque. Le manque de son pays, le manque de sa famille, le ‘manque de sa patrie. Grâce à vous, mes frères, j’ai redécouvert la notion de l’amour ! Pourquoi vous dis-je tout cela ? Parce que, vous, habitants de la Bétique, avaient fait de moi un homme nouveau, un homme aimant, un homme ayant retrouvé la conception de la vie. Pourquoi dois-je partir ? Votre manque d’ambition à l’égard du commerce, des autres pays, des échanges, autres qu’entre chacun de vous m’a définitivement déçu… Vous autres, habitants de la Bétique, n’attachez que peu d’importance au monde qui vous entoure. Bien que très proches de vos enfants, de vos parents, de vos aïeuls, de votre Famille vous ne semblez pas connaître cette passion propre à l’Homme de la découverte. De même, votre manque d’ambition quant à la notion de richesse m’attriste. Cela s’apparente sûrement à un manque personnel, mais, de mon point de vue, la vie sans richesses n’est pas la vie. Vous qui ressentez la richesse des cœurs, n’aimez point la richesse matérielle. Cette richesse matérielle constitue pour moi ce manque qui m’incite à regagner mon pays natal. Vous qui êtes si proche de votre famille, de vos amis, connaissez l’idée de patriotisme. Ma patrie me manque, mes mœurs et coutumes quotidiennes me manquent. Ma patrie, ma nation, mon royaume, mon identité me manquent. De plus, vous vivez dans la simplicité. Cette simplicité trop rude, pour moi, me frustre. Cette simplicité implique un mode de vie rural, de labeur. Le labeur est source de richesse chez moi. Quelle richesse vous apporte le travail ? De la nourriture, et puis ? Dans le monde européen, un homme a écrit un jour : “Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. “ Que vous apporte le travail si ce n’est la survie ? Chez nous le travail amène au bonheur de par les richesses qu’il apporte. Ce bonheur, vous le connaissez, autrement, mais il fait partie de votre quotidien. J’ai connu votre bonheur mais le mien s’éclipse peu à peu. Comprenez, mes amis, mon besoin de satisfaire mes caractères innés, dans un pays que vous ne connaissez pas ou peu. Avez-vous déjà visité d’autres terres que les vôtres ? Avez-vous déjà vu comment était la vie ailleurs ? Peut-être devriez-vous jeter un œil dans ce monde qui n’est pas le vôtre mais qui ne peut que vous enrichir. Mes frères, l’amour que j’ai ressenti à vos côtés m’a fait comprendre à quel point la famille est importante dans ce monde. Vous savez maintenant quelles sont les raisons de mon départ. Je ne sais si vous les comprendrez. Je sais, en revanche, que vous connaissez ces notions d’amour, de manque, d’envie, de patriotisme. J’imagine donc que vous excuserez mon départ si soudain de la même façon que vous êtes capables de pardonner un membre de votre famille d’avoir commis une erreur. Un grand auteur a dit un jour “On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime. “ Cette phrase comprend la sincérité et l’affection avec lesquelles vous m’avez accueilli il y a deux ans de cela. C’est donc aujourd’hui à moi de quitter ce que j’aime pour en retrouver d’autres. Mes frères, vous m’avez changé et je ne sais comment je pourrais vous remercier mieux qu’en vous disant merci, adieu mes chers amis »

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