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Le chercheur d'or, incipit

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Par   •  28 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  3 011 Mots (13 Pages)  •  3 252 Vues

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Le chercheur d’or :

LA1 : Incipit

Jean Marie Gustave Le Clézio, récompensé en 2008 par le prix Nobel de la littérature, est un romancier nomade partagé entre plusieurs civilisations que sont le Mexique, la France et Maurice. En 1981, il part en voyage à Maurice à Rodrigues à la rencontre de ses propres origines, à la recherche « du tombeau du premier Le Clézio  à avoir débarqué sur l’île Maurice ». Ce voyage donne naissance à trois textes : Voyage à Rodrigues, Journal d’un chercheur d’or et le roman Le chercheur d’or publié en 1985.

Le chercheur d’or est dédié à son grand père Léon qui souhaitait trouver un trésor capable de faire resurgir le bonheur perdu des origines, le bonheur de l’Euréka, un domaine familial dépeint comme paradisiaque. Nous lisons désormais les premières lignes de ce roman au titre envoutant par sa promesse d’aventures.

LECTURE

  • Qu’est ce qui fait l’originalité de cet incipit ?
  • Comment est présentée la mer, élément clef de ce roman ?
  • Cet incipit répond-il aux attentes du lecteur ?
  • Quelle est la fonction de cet incipit descriptif ?

I        Le cadre spatio-temporel

A        Un lieu aquatique et exotique

1        Maurice

L’action prend racine sur l’île Maurice. Les noms tels que « Rivière Noire », district de l’île ainsi que « Tourelle du Tamarin », un des sommets de l’île, nous plongent dans un cadre réel, un cadre exotique et paradisiaque. Plusieurs éléments renforcent le cadre exotique comme les termes se référant à la flore tels : « filaos », « hibiscus », « rhododendrons », « canne » ou encore « chalta », arbre fruitier venant probablement d’Inde. Ce sont des mots qui font rêver.

2        La mer

Ce lieu est caractérisé par l’univers aquatique. La mer domine effectivement tout le passage. Le terme apparaît dès la première phrase, valorisé par sa place finale et dans l’avant dernière phrase si bien que l’extrait est encerclé par celle-ci, tout comme Maurice. D’ailleurs la pluralité du terme « rivages » nous rappelle que nous sommes sur une île, que le narrateur est entouré par la mer.

B        Un lieu lisse, un non-lieu ?

                La rêverie

C’est un lieu lisse puisque distingué par l’univers aquatique. Ce lisse est également associé à une rêverie du repos : « bercé »,  « mon lit »,  « obscurité », « nuit », « je pense », « peut-être », « fermant les yeux », « « à rêver ». On ne sait si le narrateur l’imagine où le perçoit réellement. Effectivement, le modalisateur « peut-être » marque un doute, le narrateur ne semble pas certain de voir la mer. Il nous laisse à croire que son imagination prendrait le relais. En outre, la modalité interrogative à savoir « est-ce que je la vois vraiment, est-ce que je l’entends » témoigne également de cette possibilité onirique d’autant plus que la scène se passe la nuit. L’emploi du subjonctif avec « j’aille », « je m’éveille », certes concordant avec la tournure restrictive, n’est pas anodin. Il est le mode du non réel, de l’éventuel. La répétition du verbe « entendre avec : « je l’entends » (x3), « j’ai entendu » caractérise l’ineffable. Le visuel s’efface pour laisser place à l’imagination, au fantasme comme si le rêve prenait le dessus. Le narrateur semble se plaire dans une rêverie complaisante de l’univers aquatique que la modalité négative finale : « je ne veux pas retourner dans » laisse entendre. Le narrateur aime la rêverie que lui procure la mer, il aime ce cadre édénique naturel et ne veut pas rejoindre les hommes que la « chambre » symbolise par son enfermement, ses murs, son cloisonnement.

II        Les personnages

Cet incipit est marqué par la présence de deux personnages féminins que sont Laure et la mer.

A        La mer

La mer apparaît comme un personnage primordial. C’est elle qui domine tout le passage. Elle ouvre le roman. La mer est un élément qui est une personne vivante, ayant une entité fascinante étant donné qu’elle « bouge, elle respire ». Cette personnification est clairement explicitée au moment où le narrateur écrit : « je pense à elle comme à une personne humaine ».

                1        Relation instinctive ?

La mer semble donc un élément rêvé, désiré qui réveille Alexis. Chaque nuit, il va la regarder comme si celle-ci le possédait. Les CC de lieu que sont : « au plus profond de moi », « à l’intérieur de ma tête » nous montrent clairement que celle-ci l’habite. Cette possession se matérialise d’ailleurs par des symptômes physiques, « le dos mouillé de sueur » comme si le narrateur était en transe. Les tournures restrictives antinomiques telles que « Pas un jour, sans que », « pas une nuit sans que » témoignent d’une frénésie, d’un besoin vital pour le narrateur. La mer serait une drogue. Le narrateur ne contrôle aucunement son attrait pour elle. La négation du verbe comprendre à savoir « je ne comprends pas » montre que la raison a quitté le narrateur. L’instinct semble avoir pris le dessus.

                2        Relation amoureuse

La mer appelle le narrateur. Une relation amoureuse entre lui et la mer semble s’être installée. Les expressions telles « plein d’un désir » ou encore « le cœur battant » nous le laissent entendre tout comme la répétition de « pour mieux dans : « pour mieux l’entendre arriver », « pour mieux la recevoir ». Cette répétition marque une certaine excitation, l’excitation du rendez-vous amoureux. D’ailleurs toutes les précautions (mises en exergue par la modalité négative et la tournure restrictive dans : « sans faire de bruit », « ne pas faire craquer le plancher ») que le narrateur prend pour la retrouver nous donnent la sensation que le narrateur a un rendez-vous secret, que son rendez-vous avec la mer est interdit ce qui accentue bien évidemment son excitation.

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