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Le Rouge et le Noir Stendhal: le personnage de Julien

Dissertation : Le Rouge et le Noir Stendhal: le personnage de Julien. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 863 Mots (12 Pages)  •  5 406 Vues

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Sujet : Prosper Mérimée, dans une lettre à son ami Stendhal, affirme qu’« il y a dans le caractère de Julien des traits atroces, dont tout le monde sent la vérité mais qui font horreur ». Partagez-vous son opinion ?

Vous répondrez sous forme d’un devoir organisé en vous appuyant sur l’œuvre Le Rouge et le Noir de Stendhal, sur le parcours associé exploité durant l’année et sur votre culture personnelle.

Au début du XIXe siècle en France, la jeunesse a grandi avec les grandes batailles et s’est construite sous l’égide d’un chef : Napoléon. Mais ce dernier n’est plus là et la Restauration a anéanti leurs espoirs avec une société où les possibilités d’ascension sociale manquent. C’est dans ce cadre que voit le jour Julien Sorel, personnage principal dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, qui n’hésitera pas à se teinter de traits atroces pour concrétiser ses rêves ambitieux. Ainsi, Prosper Mérimée, dans une lettre à son ami Stendhal affirme qu’ »il y a dans le caractère de Julien des traites atroces, dont tout le monde sent la vérité mais qui font horreur ». Julien serait donc un personnage condamnable, que ce soit dans son esthétique ou dans les valeurs morales qu’il incarne, et dont le réalisme de ces caractéristiques négatives ferait horreur aux lecteurs. On en vient à se demander si Julien est un personnage réaliste doté seulement de traits atroces et quel effet il produit sur le lecteur. On verra dans un premier temps que Julien arbore des traits atroces dont la vraisemblance peut faire horreur au lecteur, puis qu’il possède aussi des qualités et des valeurs morales positives  et enfin on s’intéressera sur la richesse de ce personnage, qui loin de faire lui horreur peut susciter l’intérêt des lecteurs.

Certes, Julien est un personnage aux traits atroces dont le réalisme peut faire horreur aux lecteurs.

Tout d’abord, Julien Sorel peut être vu comme un héros faible, malingre, rejeté par sa famille, parfois lâche et souvent ridicule. En effet, dès les premiers chapitres du roman, Julien nous est décrit comme une être fragile à la sensibilité débordante, pleurant devant le portail de la propriété des de Rênal, doté d’une constitution chétive et de traits féminins. En outre, Julien peut faire preuve de lâcheté au cours de l’œuvre notamment quand il évite Mme de Rênal ou Mathilde de la Mole après avoir été ridicule, ridicule dont il est souvent couvert étant donné qu’il vit dans un cadre social dont il ignore tous des codes étant fils de charpentier, comme lors de sa chute à cheval ou la scène avec le tailleur. Ainsi, ce personnage s’éloigne bien de la notion de héros telle qu’on peut l’imaginer dans les œuvres du Moyen-Age ou de l’Antiquité, à la manière d’un Hercule à la virilité débordante et au courage exacerbé mais se rapproche plus du héros du XIXe où le personnage principal se trompe, échoue, hésite et où l’accent est mis sur les faiblesses de l’individu, proprement humain. C’est pourquoi on peut comprendre que Julien en tant que héros puisse faire horreur à Mérimée, si on le compare, par exemple dans la nouvelle de ce dernier Colomba, avec Orso qui tout au long de l’œuvre brille par sa force, son courage, son intégrité et son intelligence. Donc Julien peut être vu comme un antihéros contrastant en tout point avec les héros antique, car il est faible physiquement et condamnable moralement.

Ensuite, Julien est un personnage surtout caractérisé par son hypocrisie. En effet, Julien est un jeune homme à l’ambition insatiable et qui rêve d’ascension sociale. Cependant depuis la Restauration les occasions d’ascensions se font de plus en plus rares et pour devenir quelqu’un dans une société où l’hypocrisie règne, Julien va assimiler et chercher à comprendre cette valeur de la société afin de mieux s’y comporter et y trouver une place. Par exemple, pendant le séminaire de Besançon, Julien pousse son hypocrisie à son paroxysme, entouré pas des gens qu’il méprise et qui le méprisent en retour, il doit feindre de les aimer et tenter d’être aimé, et il y applique donc une « hypocrisie de chaque minute », ou encore à Paris, la capitale de l’hypocrisie où tout est jeu d’apparence dans la société mondaine, car il faut plaire à tout le monde et paraitre agréable, intéressé pour ne pas froisser les gens, intéressant pour ne pas ennuyer, et où Julien, fils de charpentier, doit ressembler à tout ce qu’il n’est pas. Ici on peut rapprocher Julien de Georges Duroy, dans Bel-Ami de Maupassant, un personnage aux valeurs morales détestable et qui n’hésite pas à utiliser tous les moyens possibles, dont une hypocrisie abondante, pour arriver à ses fins : une position sociale élevée ainsi qu’une fortune conséquente. Par conséquent, un trait de caractère prépondérant chez Julien est son hypocrisie qui est condamnable étant donné que son but réside dans un profit personnel,  haute position sociale et qu’elle contribue à construire une société où l’hypocrisie règne.

Enfin, Julien est un archétype sociétal réaliste typique des ambitions d’une certaine jeunesse du XIXe siècle. En effet, il représente assez fidèlement une certaine jeunesse perdue du début XIXe siècle qui, ayant grandie dans la société napoléonienne, ont toujours rêvé de grandeur et de fortune qui été beaucoup plus accessible pendant l’empire où le mérite pouvait triompher sur la naissance. Ainsi cette jeunesse au sens de l’honneur exacerbé et aspirant à de grands projets, s’est vu contrecarrer ses ambitions par la Restauration et Julien incarne les désillusions de cette jeunesse tourmentée vivant dans une époque qui ne lui correspond pas. Or, d’après Stendhal dans Le Rouge et le Noir, « un roman c’est un miroir que l’on promène le long d’un chemin », c’est pourquoi Stendhal décrit de manière réaliste cette jeunesse, et donc Julien, sans adoucir les traits et enjoliver certains aspects, ce qui nous donne donc un personnage comportant des traits atroces, parfois lâche, souvent ridicule et empreint d’hypocrisie mais représentatif de cette jeunesse du début XIXe. De la même manière, Emile Zola dans Germinal décrit toute la classe sociale des mineurs avec la famille Maheu, et fait d’Etienne Lantier un archétype réaliste d’une jeunesse téméraire qui nait dans les mines dans des conditions de vie exécrables et aspire à de grands changements sociaux, et n’hésite donc pas à décrire le fidèlement, que ce soit ses qualités mais aussi ses vices tels que sa soif de pouvoir et ses excès de rage. Par conséquent, Julien est un archétype social représentant toute un groupe de personne, et paie sa vraisemblance par certains traits certes atroces mais réalistes.

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