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Le Misanthrope, acte I scène 1 / Molière

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Par   •  3 Février 2022  •  Commentaire de texte  •  3 547 Mots (15 Pages)  •  604 Vues

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Le Misanthrope, acte I scène 1 :

Introduction

L’atrabilaire (porté à la mauvaise humeur, à la colère) amoureux est une comédie de caractère écrite par Molière en 1666. Molière compose cette pièce en vers en cinq actes, qui dénonce l’hypocrisie au XVIIe siècle, particulièrement à la cour du roi Louis XIV. Dans la scène 1 de l’acte 1, Alceste, le misanthrope, se dispute avec son ami Philinte : il lui reproche d’être un hypocrite et d’entretenir des relations uniquement par intérêt. Philinte se défend en évoquant l’étiquette et les concessions nécessaires à une bonne vie en société.

  1.  Une scène d’exposition dynamique
  1. Une dispute « in medias res »

La scène d’exposition débute par une question posée par Philinte : « "Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ?" ». Cette interrogation, qui pique d’emblée la curiosité du spectateur, laisse sous-entendre que l’action a déjà commencé avant que le rideau ne se lève. C’est ce qu’on appelle un début « in medias res » (du latin « au milieu des choses »). Le terme « action » est d’ailleurs employé par Alceste lui-même : « "Une telle action ne s’aurait s’excuser" » et doit se lire avec une diérèse (a-cti-on en 3 syllabes au lieu de a-ction en 2 syllabes), ce qui met le terme en relief. Deux personnages sont présents sur scène : Alceste et Philinte. Un évènement, que le spectateur ignore donc, s’est déroulé et pousse Philinte à interroger Alceste « Qu'est-ce donc ? Qu'avez-vous ? ». L'explication de la colère d’Alceste vient un peu plus loin. On comprend qu’il vient d’être témoin d’un comportement de Philinte qu’il réprouve : « Je vous vois accabler un homme de caresses [...] À peine pouvez-vous dire comment il se nomme » vers 17 à 22. L'utilisation du verbe de perception « voir » permet à Alceste, par une habile mise en abyme du théâtre de devenir lui-même spectateur, puis de restituer au public l'évènement qu'il a manqué. Les évènements qui précèdent le début de la scène 1 sont ainsi relatés après-coup. Alceste désapprouve le comportement de Philinte qu'il condamne vivement : Philinte a fait preuve d'hypocrisie en traitant en ami un homme qu'il connait à peine. Cette action de Philinte située avant la scène est donc le prétexte à la confrontation de deux points de vue et de deux caractères différents.

  1. Deux personnages aux caractères opposés

Cette scène 1 de l’acte I du Misanthrope ne dévoile pas l'intrigue de la pièce, mais elle en dévoile le thème — la dénonciation de l'hypocrisie — et permet surtout de présenter au spectateur les caractères des personnages. L'opposition entre les deux personnages de cette première scène se lit d'emblée dans leur nom. À Alceste le misanthrope (probablement issu d’un hapax grec alkestès qui signifie « fort ») est opposé Philinte (dérivé du grec philein) celui qui aime. La première réplique d’Alceste « Laissez-moi, je vous prie » décrit le personnage dans ses contradictions. D'une part il aspire à être seul comme le souligne le verbe « rompre » (« et mon dessein / Est de rompre en visière à tout le genre humain » ); mais d'autre part, il ne peut s'empêcher de se lancer avec force dans une joute verbale. Alceste se décrit lui-même comme un personnage possédant un tempérament bilieux « Mes yeux sont trop blessés, et la cour et la ville / Ne m'offrent rien qu'objets à m'échauffer la bile : / J'entre en une humeur noire, et un chagrin profond » c’est à dire, selon la théorie des humeurs, un dérèglement du caractère, enclin à la violence, mais aussi sombre, chagrin et méfiant. Cette réplique justifie en partie le sous-titre de la pièce : l'’atrabilaire amoureux. Au tempérament d’Alceste qualifié d’« austère » s'oppose celui de Philinte, plus enclin aux compromis. Philinte répond par un discours aimable et tempéré : « Je vous supplierai », « Mais on entend les gens sans se fâcher », et non dénué d'humour : « Que je me fasse un peu grâce sur votre arrêt / Et ne me pende pas pour cela, s’il vous plaît ». La forme interrogative, souvent utilisée par Philinte (« Je suis donc bien coupable ?«, « Que voulez-vous qu'on fasse ? ») s'oppose aux injonctions d’Alceste (« Laissez-moi », « Courrez vous cacher», « Rayez cela de vos papiers »).

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