Le Jeu de l’amour et du hasard, Acte I, scène 6, Marivaux
Fiche de lecture : Le Jeu de l’amour et du hasard, Acte I, scène 6, Marivaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jlng • 24 Mars 2017 • Fiche de lecture • 2 740 Mots (11 Pages) • 4 976 Vues
Lecture analytique oral
Le Jeu de l’amour et du hasard Acte I, scène 6
Silvia, Dorante
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux
Introduction : XVIII°, siècle des Lumières qui a souvent dénoncé les inégalités sociales mais aussi siècle qui se tourne au théâtre en particulier vers l’étude des sentiments humains. Théâtre de Marivaux qui reflète cette double préoccupation : Ile des esclaves : dénonciation de la noblesse et de ses abus de pouvoirs
Autres pièces de Marivaux : la Surprise de l’amour (1722), la Double Inconstance (1723), la seconde Surprise de l’amour (1727), le Jeu de l’amour et du hasard (1730), le Legs (1736), les Fausses Confidences (1737), l’Épreuve (1740).Naissance et évolution du sentiment amoureux dans toute sa complexité (mensonges, contradictions…) , souvent jeux de rôle, maîtres et valets échangent leurs rôles (intrigues amoureuses entre les valets//intrigues amoureuses entre les maîtres)comme dans cette pièce Le jeu de l’amour et du hasard : un mariage de convenance est prévu entre Dorante et Silvia. L’un et l’autre ont la même idée : ils décident d’échanger leurs rôles avec ceux de leurs valets Bourguignon et Lisette pour découvrir leur futur conjoint sans se faire connaître. Après avoir été présentés les deux jeunes gens, qui ignorent leur véritable identité, se retrouvent seuls, face à face, dans cette scène 6 de l’Acte I.
Définition du marivaudage : terme apparu en 1760, souvent péjoratif. Expression des sentiments amoureux dans un style précieux et raffiné. Marivaux met en avant la complexité du sentiment amoureux, ses détours, ses contradictions, ses mensonges. Dramaturgie : déguisements, nombreux quiproquos, rebondissements qui sont des retards dans l’aveu. Les personnages éprouvent des difficultés à avouer et même à s’avouer leur amour ; aveux qui progressent lentement vers le dévoilement final. Personnages secondaires témoins de la naissance de cet amour dont ils ont conscience avant même les intéressés. Double jeu, double registre, mensonge. Langage qui porte les marques de ce double jeu : apartés, tirades, hyperboles, jeux de mots, enchaînement des répliques, paroles à double sens (systèmes conditionnels), expression de l’émotion (exclamatives, registre lyrique). Comique assez subtil qui naît de ces situations parfois teinté de pathétique dans certaines pièces
Voltaire accuse Marivaux de « peser des riens dans des balances en toiles d’araignées »
Définition de quiproquo : prendre quelqu’un ou quelque chose pour quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre. Ici Dorante prend Silvia pour la soubrette et Silvia prend Dorante pour le valet
Problématique :
En quoi ce double quiproquo permet-il de faire surgir la vérité des sentiments ?
Comment ce jeu de rôle permet-il de dévoiler la vérité des sentiments ?
Comment tout en croyant se dissimuler les personnages se révèlent-ils ?
Comment le jeu de rôle permet-il de faire éclater la vérité ?
I-Une scène de séduction sous le masque des valets. Badinage amoureux sous le masque des valets. Le mensonge des apparences
1-« Signes extérieurs » des valets.
Costumes
Silvia et Dorante sont déguisés et c’est sous leur costume de valet qu’ils se présentent l’un à l’autre. Fonction du vêtement, il marque une appartenance sociale. Silvia y fait directement allusion dans ses répliques ligne 38 : périphrase par laquelle elle désigne le valet (« l’habit fait le moine » ou plutôt ici l’habit fait le serviteur) : « ceux dont la garde-robe ressemble à la tienne ». Importance du vêtement. Reprise par Dorante : « Est-ce que ma parure ne te plaît pas ? »
Prénoms
Pour parfaire leur changement de rôle ils ont adopté les prénoms ou surnoms de leurs valets. Importance du nom qui définit l’individu et ici qui marque sa classe sociale. « Bourguignon » : prénom typique du valet, dans certaines maisons on appelait le valet du nom de son prédécesseur ou on lui donnait un surnom ou comme ici on le désignait par le nom de sa région d’origine : « Bourguignon ». Prénom de « Lisette » : sonne comme un diminutif, familier. Suffixe -ette
Silvia et Dorante répètent ces prénoms à plusieurs reprises : 15 ; 43 ; 11
2-Une tentative pour parler comme les valets. Le langage des valets
Ils adoptent le style des valets dans leur manière de parler. Tutoiement mutuel « Lisette, ta maîtresse te vaut-elle ? » 12 ; « à ton égard » (22) Lisette : « la tienne » (39) « tu arrives » (16) « ton éloge » (64)
Juron : « Parbleu » : atténuation, euphémisme pou Par Dieu. Marque l’évidence. Répété en début de réplique par Dorante comme s’il voulait parler comme un valet (54 ; 70)
Rire de Silvia : ligne 64-65
Vocabulaire utilisé par Silvia : « bons amis » « le trait est joli »
Ils ne quittent pas le monde des valets, ils ne cessent pas de s’y référer et d’y enfermer leur interlocuteur : cf. Champ lexical et jeu d’opposition entre maîtres et valets. Double quiproquo, ils sont dupes l’un de l’autre.
3-Badinage à la manière des valets. Scène de séduction à la manière des valets
Jeu de stichomythies, répliques du tac au tac, jeux d’esprit légers
Compliment de Dorante qu’il lance rapidement : « Ta maîtresse te vaut-elle ? Elle est bien hardie d’oser avoir une femme de chambre comme toi » Dès le début de ce face à face il se lance dans une scène de séduction. Evoque le danger que la servante éclipse la maîtresse
Réplique de Silvia qui montre qu’elle s’attend à une scène de séduction à la manière des valets scène cliché, scène attendue : « suivant la coutume » « tu arrives avec l’intention de me dire des douceurs » pluriel « des douceurs » termes galants. Scène de séduction entre les valets : pas de sincérité véritable mais il est d’usage de chercher à se séduire. Jeu, comédie légère
Début de la scène : futur proche qui montre qu’elle attend la scène de séduction : « il va m’en conter »
« cajoleries » terme qui renvoie aussi au badinage amoureux à la manière des valets (38) : paroles et manières caressantes.
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