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Le Jeu de l'amour et du hasard Acte III, Scène 6.

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Par   •  8 Septembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 494 Mots (6 Pages)  •  6 054 Vues

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Le Jeu de l’Amour et du Hasard est une pièce classique de la comédie française. Jouée pour la première fois en 1730, par Pierre de Marivaux, elle représente une image fidèle de la société du XVIIIe siècle tout en mettant en relief le rapport entre maîtres et valets face a l’amour. Dans l’histoire il s’agit de deux jeunes bourgeois que, sans se connaître, doivent affronter un marriage règlé par leurs parents; Silvia est ainsi fiancée à Dorante, tout les deux bourgeois. Effrayée par son futur marriage Silvia décide de changer de rôle avec sa servante Lisette sans savoir que Dorante, qui venait dans son chemin chez elle, avait eu la même idée avec son velet Arlequin.

L’extrait étudié se situe dans l’Acte III, Scène 6; après avoir accordé amour éternel, Lisette et Arlequin, qui continuent à porter le masque, se rencontrent à nouveau, cette fois, tout sera différent car tous les deux révèleront à l’autre qui ils sont en réalité, menaçant la promesse de l’autre par une possible déception; pourtant, ce duo de valets réussit a surmonter cet épisode. Ainsi nous nous demandrons: par quels moyens Lisette et Arlequin réussissent à transformer un moment de tension en un épisode comique? La réponse à la question s’articulera en deux temps: du quiproquo a la révélation et une scène burlesque.

D’une part, au long de cette scène se produit une révélation de leur vraie identité de part des valets, commençant par Arlequin.

Les deux valets décident d’enlever le masque qu’ils portent et révéler à son amoureux leur vraie identité. Au début de la scène, les deux personnages jouent leur rôle de maîtres et s’ouvrent a la courtoisie de l’autre; cependant, cette position de quiproquo change lorsqu’elle se réoriente vers la révélation de la vérité de chacun des deux. Dès cette réorientation de la scène, l’aveu des valets se produit en trois étapes: en premier, l’aveu ralenti d’Arlequin; en deuxième, les reactions de Lisette et le soulagement d’Arlequin; et finalement, la révélation de l’identité de Lisette. L’auteur fait de cette scene, une scène symétrique qui cause un effet comique dans le lecteur et dans le spectateur par la répétition. Cette répétition se voit pas seulement dans la forme et le schéma de la scène mais aussi dans les mots ou les expressions utilisées par les valets. Par exemple, quand Arlequin enlève son masque, Lisette le qualifie de “magot” ainsi, lors de la révélation de Lisette, le valet utilise la même expression, “magotte”. En effet, la scene a un rythme marqué et rapide, celui-ci souligne cette répétition qui est facilement apercevable par le lecteur ou le spectateur et résulte comique.

Or, l’enlèvement du masque est aussi difficile pour les valets, tandis qu’ils ne sont pas des vrais bourgeois ils craintent de perdre leur amour, à cause de la baisse sociale que cela signifie. Aucun des deux veut être une deception pour l’autre, cela explique le recours régulier à nombreuses métaphores et périphrases de part d’Arlequin qui ne raconte sa vérité qu’implicitement. Ainsi le valet utilise un procédé auquel il avait déjà fait appel, la personnification de l’amour de Lisette; dans leur première rencontre, Arlequin personnifia l’amour de Lisette à un enfant, dans cette scène il parle d’un amour “robuste” qui pourra soutenir “la fatigue” qu’il va lui donner et qui n’aura pas peur du “mauvais gîte” qu’il fera car il va “le loger petitement”. Pour ce cas, “petitement” est un indicateur de la condition du valet, il veut dire modestement; en effet, c’est un des procédés auquels accède Arlequin pour faire comprendre à Lisette indirectement qu’il n’est pas un vrai bourgeois. Enfin, avant la révélation de Lisette, Arlequin dit, sous forme de supplique, à sa femme: “Hélas, Madame, si vous préfériez l’amour à la gloire, je vous ferais autant profit qu’un Monsieur.”. Il souligne ainsi, la différence qui existe entre le maître et le valet, en montrant la pureté de ses sentiments pour Lisette.

Effrayé de perdre l’amour de Lisette, Arlequin retarde tout ce qu’il peut son aveu; à travers de nombreux procédés, comme des métaphores et des périphrases dans une tentative pour éviter de déclarer sa vraie identité devant Lisette. Pourtant, aucune de ses acrobaties verbales est comprise par Lisette qui ne reagit pas à plus qu’à questionner son fiancé en plusieures reprises: “LISETTE – […] D’où vient me dites-vous cela? / ARLEQUIN – Et voilà ou gît le lièvre. / LISETTE – Mais encore? Vous m’inquiètez: est-ce que vous n’êtes pas?...”. La jeune servante commence à entrer dans une étape de désespération et inquiétude en accord avec les récurrentes réponses ambigües et detournées d’Arlequin qui, avec tant de galanterie et courtoisie, finit par révéler sa vraie identité à Lisette peu à peu à travers ses maladresses. En revanche, le valet multiplie encore ses reponses sous fome de questions pour ralentir de plus en plus l’aveu de son identité. Par exemple, quand il se compare avec une “fausse monnaie” et il demande a la servante: “Savez-vous ce que c’est un louis d’or faux?”. En declarant ensuite: “Eh bien, je ressemble assez à cela”. Dans ce cas Arlequin se compare à un louis d’or faux en laissant clair qu’il n’est pas un vrai riche; ainsi, pas un vrai Dorante.

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