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La poésie se définit-elle comme une vision ou comme une maitrise de la langue ?

Dissertation : La poésie se définit-elle comme une vision ou comme une maitrise de la langue ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Août 2016  •  Dissertation  •  2 782 Mots (12 Pages)  •  16 818 Vues

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BACCALAUREAT SENEGAL SERIE L 2015 (Session de Juillet)

La poésie se définit-elle comme une vision ou comme une maitrise de la langue ?

Dans un développement structuré, argumenté et illustré d’exemples littéraires précis, vous répondrez à cette question.

Repérage et définition des mots-clés :

 La poésie : Genre littéraire, traditionnellement associé à la versification et utilisant un langage symbolique.

 Vision : Façon de voir, conception, inspiration.

 Ou : marque une alternative.

 Maitrise de la langue : habileté, virtuosité dans l’utilisation du langage, travail sur la langue.

Thème abordé : La poésie

Problématique : Quelle est l’essence de la poésie ?

Introduction

Genre littéraire multidimensionnel, la poésie est conçue de manière différente suivant les époques, les courants littéraires et même les auteurs. Toutefois, ce genre peut accorder une certaine prédilection au travail sur le langage ou constituer une idéologie ou une vision propre au poète. C’est probablement dans ce sens qu’on se pose la question suivante : « la poésie se définit-elle comme une vision ou comme une maitrise de la langue ? » Est-ce à dire que la poésie doit être perçue comme un champ d’exploration des ressources de la langue ou comme une manière de concevoir la vie ? Dans quel sens peut-on considérer la poésie comme une entreprise d’invention et de création verbale ? Ne peut-elle pas refléter une certaine vision sur les problèmes de la vie ?

1er Point : La poésie, conçue comme une maitrise de la langue

Argument 1 : La poésie : un art du langage lié souvent à la versification

La poésie est souvent perçue comme un art du langage, une manière différente de parler insistant sur la forme du message. En effet, la première caractéristique de la poésie est l’embellissement. Cela se manifeste particulièrement au niveau de la forme avec les rimes, les allitérations, les assonances, les images… Cette capacité à produire le beau fera dire à Baudelaire : « tu m’as donné de la boue, j’en ai fait de l’or ». Le poète se donne ainsi le pouvoir d’invention et de création verbale. En exploitant toutes les ressources de la langue, il invente un nouveau langage où les mots ont plus de sens et de densité que dans leur usage habituel : « les mots que j’emploie, ce sont les mots de tous les jours et ce ne sont point les mêmes » disait Paul Claudel dans La Muse. La poésie accorde de ce fait une telle place au langage qu’elle peut se passer de narration, d’idée, de message à transmettre. C’est la beauté et le pouvoir de suggestion des mots qui importent plus que leur sens premier.

Ainsi, en tant que genre exaltant les pouvoirs du verbe, la poésie se donne les plus fortes contraintes formelles: les vers avec les rimes, les sonorités et les différentes formes poétiques codifiées en sont l’illustration. De même, le poète peut travailler sur la musicalité des mots. En utilisant toutes les ressources du langage, il vise une esthétique dans sa création. Ainsi, en combinant rythme, langue et mélodie, il recherche une certaine musicalité de la poésie qui fera dire à Paul Verlaine dans Art poétique, « De la musique avant toute chose ». Autrement dit, une certaine beauté du langage qui servira de récréation aux lecteurs, demeure la finalité de la poésie.

En plus de cela, il faut souligner que la poésie moderne ajoute à la dimension sonore caractéristique de la poésie classique l’aspect visuel. De nouvelles dispositions typographiques ont ainsi été essayées. Guillaume Apollinaire a développé le calligramme où les mots et les lettres, par leur disposition sur la page représentent un dessin.

La poésie est donc un art du langage, un champ d’exploration des ressources de la langue. Elle accorde une place prépondérante à la dimension esthétique du langage et à sa musicalité. C’est pour cette raison que certains poètes la coupent de toute idée d’utilité car ils pensent que c’est ce qui fait la grandeur et le propre de la poésie. Baudelaire dans l’Art romantique affirme : « la poésie n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. ». Il ajoute : « la poésie ne peut pas, sous peine de mort et de défaillance, s’assimiler à la science ou à la morale ; elle n’a pas la vérité pour objet, elle n’a qu’elle-même ». De nombreux poètes comme Mallarmé, Valéry, défendent aussi le fait que la vraie poésie est celle qui fait référence à la création poétique, pas celle qui prend en compte le récit: les poètes vont donc favoriser le travail sur la forme plutôt que le contenu du poème (expression des sentiments, didactisme, engagement…)

Argument 2 : La théorie de « l’art pour l’art » chez les parnassiens.

Au 19ème siècle, la théorie de « l’art pour l’art » que développent notamment les parnassiens comme Théophile Gautier, radicalise même cette conception. Ainsi dans la préface de Mademoiselle de Maupin, il disait : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid. ». Son compatriote Leconte de Lisle de renchérir : « Tout artiste qui se préoccupe d’autre chose que le beau n’est pas artiste ». Le poète est donc comme un orfèvre qui travaille le langage. Vue sous cet angle, la finalité de la poésie reste la beauté et rien que la beauté. Le poète n’a pas à innover, il doit seulement célébrer ou divertir. On voit clairement ici que les parnassiens ne recherchent que le beau et qu’ils rejettent l’engagement. En effet, selon eux, la poésie ne doit pas viser l’utilité. Elle est descriptive, impersonnelle et neutre. Seule la forme compte et l'engagement social et politique tue et dévalorise l’art. L’engagement est éphémère et cesse dès que la cible disparait. Plus le poète s’engagera, plus il s’éloignera de sa vraie nature. Les poètes doivent écrire des œuvres très bien travaillées et resplendissantes faites pour durer à jamais. Les poètes parnassiens prônent donc « l'art pour l'art »; rien n’importe si ce n’est le beau.

Dans « l’Art

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