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La poésie est-elle faite pour être lue à voix haute?

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Par   •  24 Décembre 2017  •  Dissertation  •  1 513 Mots (7 Pages)  •  931 Vues

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La poésie est un genre ancien qui date de l’Antiquité. À l’époque, la poésie était principalement destinée à être oralisée. Cependant, depuis cette période de l’histoire, de divers mouvements, de types d’écriture et de nouvelles normes se sont succédé. Ceci a permis l’apparition de nouvelles formes de rédaction poétique basées sur l’art de l’écriture. De ce fait, nous pouvons donc nous poser la question suivante : la poésie est-elle faite pour être lue à voix haute ? Nous verrons d’ abord que la poésie qui à l’origine est faite pour être lue à voix haute, peut-être parfois mieux adaptée à une lecture silencieuse.  

Tout d’abord, la poésie, lorsque lue à voix haute permet à l’auditeur d’apprécier la dimension musicale de celle-ci. Les poètes sont en perpétuelle recherche de rythmes,  sons et autres musicalités. Les figures de style telles que les paronomases, les allitérations, les assonances, allitérations et les champs lexicaux donnent un aspect entrainant ou mélodieux aux textes. Nous pouvons observer ceci dans « Le serpent qui danse » de Charles Baudelaire et dans « Le Sonnet en X ». La musicalité est prédominante dans ces poèmes, au détriment parfois du sens: «Du [S]oir aboli par le ve[s]péral Phoenix » au vers 23 du poème en x. Les allitérations en [S] en [X] le montrent bien. Dans ces cas, la poésie se rapproche de la musique. Ainsi certains musiciens se sont essayés à chanter des poèmes. Serge Gainsbourg s’est essayé à mettre en musique le poème « La Nuit d’octobre d’Alfred de Musset ». Yves Montand, lui, a repris « Les feuilles mortes », poème de Jacques Prévert. De plus, certains auteurs, tout comme Henri Michaux, agrémentent leurs poèmes d’onomatopées et d’anaphores. Les onomatopées, lorsque lues, sont relativement plus puissantes. On en retrouve dans le « Le Grand Combat » datant de 1927. « Abrah ! Abrah ! Abrah ! » au vers 12 donne une dimension musicale au texte lorsque prononcé à voix haute, alors que lu silencieusement, ce vers parait absurde. Enfin, d’autres travaux sur la langue , tels que la diérèse ou l’enjambement jouent sur l’harmonie des sons du poème. On voit cela dans « L’invitation au voyage » de Charles Baudelaire, notamment avec des diérèses aux vers 10 et 24.

Ensuite, la lecture à voix haute permet à l’orateur d’intensifier le texte et de susciter davantage d’émotion. Certains poèmes, qui délivrent des messages poignants, sont plus appropriés à la lecture à voix haute. “Je suis juste de l’autre côté du chemin” d’Henry Scott-Holland, parfois lu lors d’obsèques, invite à faire le deuil d’un être cher et de commémorer sa mémoire. Les poèmes ayant, eux, affaire à des récits passées, peuvent être très bien contées pour le public. Notamment le poème «Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » de Joachim de Bellay où ce dernier raconte son périple et son ressenti. L’orateur pourra accentuer ses exploits en s’exclamant et prendre un ton plus sérieux lorsque qu’Ulysse conte sa tragédie.

Enfin, les poèmes ayant une fonction engagée, se basant sur des faits réels, ou bien commémoratifs eux aussi semblent plus appropriés pour une forme orale. Dans « Souvenir de la nuit du quatre » de Victor Hugo, certains vers sont des retranscriptions de paroles autrefois prononcées. Les intonations ainsi que le ton donné peuvent  être intelligemment modifiés à l’oral. Cela permet une compréhension optimale du texte.  Le ressenti et les effets seront plus prenant, et c’est de cette façon que le poète réalise les objectifs qu’il s’était imposé lors de la réalisation de son poème. L’effet serait plus prenant et l’auteur accomplirait mieux les objectifs qu’il s’est imposés avant et lors de la rédaction de son poème. Le devoir de mémoire se retrouve dans « Oradour » de Jean Tardieu, l’anaphore du terme « Oradour »  amplifie déjà à l’écrit le sentiment de mémoire certes, mais ces paroles si prononcées au public rendent définitivement hommage au petit village, la vraie portée émotionnelle du texte est atteinte lorsque l’orateur transmet des sentiments profonds grâce au passage à l’oral. Les écrits poétiques à portée universelle comme « Une charogne » de Baudelaire, lorsque prononcés à l’oral, suscitent de vives réactions dans le peuple et rappelle à tous et à qui que ce soit sa condition et dans ce cas, que l’on va tous mourir. Nous observons le même phénomène dans le poème « l’Homme et la mer » de Charles Baudelaire. La ponctuation expressive présente dans les quatre strophes ainsi que l’adresse directe au lecteur à travers des pronoms personnels « ton », « tu », « vos », confirme également ce point.  

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