La muse malade
Commentaire de texte : La muse malade. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar salijad • 6 Juin 2017 • Commentaire de texte • 1 282 Mots (6 Pages) • 1 553 Vues
« Duellum »
Introduction
Composition du poème
Développement
Analogie entre les guerriers et les amants
Le poème est bâti sur une analogie entre le combat de deux guerriers et le conflit qui marque les rapports entre les amants. Cette identification est illustrée dès le titre du poème. « Duellum » est un mot latin signifiant « duel » et désignant, dans le poème, aussi bien la lutte entre les guerriers que celle entre le poète et la femme. La correspondance entre les premiers et les seconds est parfaitement rendue par l’agencement croisé des rimes. Des images rhétoriques scellent cette mise en parallèle qui couvre tout le sonnet. D’abord, dans la métaphore du premier quatrain, appuyée par le rythme symétrique du troisième vers, le poète assimile les fracas de la lutte guerrière aux « vacarmes » des amants unis par un amour mortifié dès sa naissance. Ensuite, en mettant en parallèle les « glaives » des lutteurs et la « jeunesse » des amants, la comparaison ouvrant le second quatrain exprime cet épuisement qui frappe les uns et les autres à force d’inimitié et d’agression réciproque. Cette similitude entre les armes désormais inefficaces des guerriers et la jeunesse usée des amants s’affirme comme dans un constat amer, d’où le rejet du sixième vers. L’effet de miroir entre le combat et l’amour est également suggéré par les appellatifs évoquant les lutteurs. Désignés au début du poème comme « deux guerriers », ces derniers deviennent « Nos héros » dans le premier tercet, terme qui montre que le poète voit dans le duel guerrier l’image fraternelle du drame qui confronte les deux amants. Entre ces derniers, il s’engage un combat sans merci où chacun s’acharne à anéantir l’autre. Ce caractère conflictuel de l’amour se révèle aussi dans l’opposition entre les deux apostrophes adressées à la femme. Invoquée comme « Ma chère ! » dans le deuxième quatrain, appellatif qui, marqué d’une coupe lyrique, traduit les liens d’intimité du couple, elle est considérée à la fin du poème comme une « amazone inhumaine », expression qui détermine le rôle destructeur que la femme assume au sein de la relation amoureuse. Cette seconde apostrophe entraîne le seul impératif du poème, « roulons-y », une injonction qui reprend le même verbe désignant dans la strophe précédente l’une des actions des guerriers. Les lutteurs et les amants exécutent les mêmes gestes parce qu’ils sont pris, les uns comme les autres, dans la même folie meurtrière. Si les deux lutteurs roulent dans un « ravin », celui-ci n’est que la métaphore de « l’enfer » de l’amour, cette perversité affective où le plaisir est préfigurateur de mort.
Lutte guerrière
Dans le premier quatrain et le premier tercet, l’évocation des deux guerriers impose un effet de mise en scène, que souligne le passé auquel sont conjugués les verbes pour mettre en avant à la fois l’effet de scène racontée et l’impression de mouvement qui caractérise le combat. Verbes exprimant l’action, « courir » et « rouler » figurent dans deux vers parfaitement identiques quant à leur structure rythmique : le premier et le dixième. Leur isométrie carrée en 3/3-3/3 traduit le rythme saccadé de la lutte ainsi que les pauses intermittentes qui la ponctuent. L’aspect continuel du combat est évoqué aussi à travers le contre-rejet du premier vers et la rime interne du dixième (« s’étreignant méchamment ») qui esquisse le mouvement répétitif de la roulade. Les deux vers se font écho également par l’allitération en « R », dominante dans tout le poème, qui suggère un effet de ronronnement appuyé par l’évocation des félidés, « des chats-pards et des onces », dans le premier tercet. Aux deux verbes relatifs au dynamisme de l’action s’ajoute un troisième, « s’étreindre », qui donne à voir l’intensité de la lutte et la soif de destruction qui s’empare des deux guerriers pris l’un dans le corps de l’autre comme le suggèrent les deux rimes en écho « armes/vacarmes » et « onces/ronces ». Le caractère implacable et monstrueux de ce face-à-face s’exprime aussi par la métonymie de la « peau » qui à la fois laisse deviner le déchiquètement des corps et insiste sur l’horreur des blessures évoquée dans le premier quatrain à travers l’image du « sang ». Mais cette peau déchirée n’est que la graine qui favorisera le recommencement du combat. L’oxymore de l’onzième vers (« fleurira l’aridité ») traduit la régénérescence de l’hostilité impitoyable entre les lutteurs indéfectiblement liés par une rage haineuse qui, comme le phénix, renaît sans cesse des cendres de la destruction.
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