La mise en scène renforce-t-elle les émotions que suscitent le texte théâtral ?
Dissertation : La mise en scène renforce-t-elle les émotions que suscitent le texte théâtral ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Juliette Mortureux • 5 Mai 2019 • Dissertation • 1 226 Mots (5 Pages) • 958 Vues
Étymologiquement, « théâtre » viens du mot grec theatron qui signifie « lieu où l'on regarde ». La mise en scène a donc toujours fait partie du théâtre. Mais renforce-t-elle l'émotion que suscite le texte théâtrale ? Susciter, cela veut dire éveiller, produire, agir, faire naître. Ici, nous allons donc nous interroger sur les émotions qui naissent de la mise en scène, et qui nous font mieux ressentir celles du texte théâtrale. Pour ceci, nous verrons d'abord que la mise en scène possède une portée tout de même limitée dans le partage des émotions, puis qu'il possède en réalité un rôle bien plus important et crucial.
Voyons d'abord que la mise en scène possède tout de même des limites non-négligeables qui l'empêchent de renforcer les émotions du texte théâtrale.
Une mise en scène est le reflet de la vision d'une personne d'un texte, mais cette vision ne convient pas forcément à tout le monde. Comme dans Roméo + Juliette, une version de Roméo et Juliette de Shakespeare adaptée cinématographiquement par Baz Luhrmann. Cette version replace la tragédie dans notre époque contemporaine, remplaçant les rivalités familiales par une guerre de gangs. Cependant, l'adaptation garde le texte original de Shakespeare, ce qui crée un décalage important. Trop important pour certain spectateurs, qui n'arrivent pas à accrocher au film. Ce décalage brise leurs immersions, et ils ne sont pas dans de bonnes conditions pour être réceptifs aux émotions que Luhrmann voulait faire passer au travers de cette adaptation. D'autres critères peuvent briser l'immersion des spectateurs, comme des acteurs qui ne jouent pas assez bien, ou une histoire trop rocambolesque.
La mise en scène présente également des limites d'un point de vu technique. En effet, certaines pièces ne peuvent juste pas être interprétées, car elles demandent de trop grandes contraintes très difficiles à mettre en œuvre. C'est le cas de Cromwell, pièce écrite par Victor Hugo. Cette fresque historique se passe dans l'Angleterre du XVIIe siècle. Cependant, la pièce possède 74 scènes, se déroule dans de nombreux lieux, et une soixantaine de personnages doivent intervenir, sans compter les figurants. La pièce est simplement trop longue et trop complexe. La première mise en scène eut lieu en 1956 par Jean Sarge, d'après une version abrégée. On adapte donc pas toute une partie du texte, ce qui éclipse toute une partie des émotions que voulaient transmettre Victor Hugo.
Pire encore, au lieu de d'accentuer l'émotion que suscite le texte, la mise en scène peut détourner le spectateur de sa beauté, pour qu'il se concentre sur le jeu des acteurs ou sur les décors. L'Antigone de Nicolas Briançon l'illustre très bien. L'esthétique et le style du texte est totalement éclipsé par l'actrice principale, Barbara Schulz, interprète à la perfection l'héroïne tragique qu'est Antigone, en faisant ressortir toute la détresse et la résignation de son personnage. Son jeu époustouflant nous fait nous concentrer exclusivement sur elle.
La mise en scène paraît donc pas être primordial pour amplifier les émotions transmises par le texte. Cependant, la mise en scène possède en réalité de nombreuses qualités pour arriver à intensifier ces émotions.
Comme dit précédemment, une mise en scène est le reflet de la vision d'une personne d'un texte. Et le metteur en scène, à l'aide de ses acteurs, peut choisir d'accentuer une émotion plutôt qu'une autre. Dans L’École des Femmes de Molière, pour la scène 4 de l'Acte V, dans laquelle Arnolphe dispute Agnès au sujet de l'amour qu'elle porte à Horace, Didier Bezace nous expose à un Arnolphe désespéré, épris d'Agnès. Il fait ressortir toute la tristesse du personnage, et le spectateur ne peut s'empêcher de ressentir
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