La langue mondiale
Chronologie : La langue mondiale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar englishabovesky • 10 Mars 2018 • Chronologie • 5 424 Mots (22 Pages) • 625 Vues
Résumé – La langue mondiale
Pascale Casanova
Exordium
Bien que la multiplicité des langues témoigne de la diversité du génie humain et que la pluralité de ces langues est à conserver, les exercices du bilinguisme, de la diglossie et de la traduction reproduisent, voire renforcent, les inégalités linguistiques plus qu’ils ne les corrigent. Au lieu d’échapper aux effets de la domination linguistique, ceux-ci (les exercices) reproduisent le rapport de force entre les langues.
La langue mondiale
La langue mondiale est la langue qui domine mondialement. Toutes les langues sont en compétition pour le pouvoir sur le marché et il y a une dépendance entre les lois de la domination et les lois de formation de prestige linguistique. Les langues sont socialement hiérarchisées en fonction de leur rapport au pouvoir et à la légitimité qu’elles procurent. En effet, ceux qui maîtrisent la langue mondiale, exercent l’autorité ; elle n’est donc pas à la portée de tous. Les autres locuteurs sont donc amenés à pratiquer le bilinguisme ou diglossie et donc abandonnent l’essentiel de leur identité.
Cette langue mondiale va employer, à cause de son prestige, sa domination sur les autres afin de se répandre plus facilement que les autres langues.
Ex. Rapport entre le latin et le grec à l’Antiquité. Les latins importaient les textes grecs afin de s’emparer de leur richesse et de leur prestige.
La langue mondiale n’est pas forcément la langue du pays qui domine économiquement ou militairement même si la puissance économique contribue à la dispersion de la langue mais ce n’est pas le propos ici.
Le but de la langue mondiale est de s’étendre. C’est la langue qui circule le mieux et le plus dans le monde en plus d’être comprise par le plus grand nombre. Par conséquent, l’exportation de cette langue permet aussi l’exportation de toute une vision du monde propre.
Le bilinguisme/ plurilinguisme collectif est un signe de domination : les populations qui utilisent plus d’une langue sont dominées. La langue mondiale est la seule langue légitime sur le plan mondial et social, elle est donc censée avoir davantage de valeur que les autres.
La traduction est perçue généralement comme une dévaluation par rapport à la valeur de départ mais concernant la langue mondiale, elle serait la seule à donner de la valeur en traduction. Cet élément sera une des raisons de son exceptionnalité. On considère aujourd’hui que plus une traduction est fidèle, plus elle tend à avoir la même valeur que le texte de départ.
L’existence de la langue mondiale n’a lieu d’être que lorsque ses locuteurs croient en la hiérarchie des langues. La domination est un terme symbolique qui démontre qu’elle ne dépend pas de faits mais d’une pure croyance partagée collectivement. Pour lutter contre une langue dominante, il suffit de ne pas croire à son prestige.
Plus les langues se séparent, moins la domination est importante et plus le besoin de traduction se faire sentir. La traduction remplace le manque de bilinguisme et permet de mesurer le degré de domination. Ainsi, moins la traduction est présente, plus la domination est grande et par conséquent, la traduction devient inutile.
Ce n’est pas le nombre de locuteurs qui détermine si une langue est dominante mais le nombre de locuteurs plurilingues qui la choisissent. C’est pourquoi elle est privilégiée pour toutes les traductions.
Dans le monde linguistique, les opérations traductives sont l’une des armes principales dans la lutte pour la légitimité. La traduction est le seul moyen linguistique d’accéder à la perception, à l’existence dans les régions qui sont dominées. L’inégalité des langues est parfois un frein pour certains écrivains qui mériteraient d’être reconnus. Être traduit, c’est devenir légitime d’exister. Cela a pour conséquence que les traductions concrétisent les frontières de zones légitimes et illégitimes.
Ex. Ecrivains étrangers traduits. C’est une manière d’exprimer que leur langue maternelle est trop dominée que pour appartenir au monde linguistique.
Quelle est la langue dominante ?
Aujourd’hui, l’anglais.
Auparavant, le français jusqu’au 20ème siècle, le latin jusqu’au 18ème siècle
- Définitions
Irénique : qui veut éviter les excès d’une attitude purement polémique
Diglossie : Situation de bilinguisme d'un individu ou d'une communauté dans laquelle une des deux langues a un statut sociopolitique inférieur.
Chapitre 1 – Le bilinguisme latin-français
Introduction
- Le peuple ne parlait pas le latin, mais les lettrés le parlaient et l’écrivaient. C’était la langue du savoir et de l’Eglise. À partir du 9ème siècle, le latin n’existe plus sans le français et leur évolution dépend du clergé.
- Le bilinguisme est un fort indice de dépendance linguistique.
- L’émergence du français n’a pu se faire qu’à travers l’apparition de dialectes au même endroit et de l’existence du bilinguisme qui explique les changements et évolution de la langue française et les luttes, instabilités, différences et hiérarchies entres les langues. Les gens ont toujours l’impression de transmettre la même langue à leurs enfants.
- Ce qui fixe le glossaire d’une langue c’est l’existence de textes littéraires.
L’évolution linguistique
Après la fin de l’Empire Romain, il y eut un passage d’une situation bilingue à une autre, d’une domination linguistique à une autre. Le Gallo-roman se polarisa entre dialectes du Nord et dialectes du Sud et donna naissance à deux langues : langues d’oïl et d’oc. Il est impossible de dire quand le peuple de Gaule cessa de parler le latin pour parler français car il ne se posait pas la question de donner un nom à la langue qu’il parlait.
À partir du 9ème siècle, il y eut une division entre le bas latin qui remplissait les fonctions les plus importantes et le proto-roman, réservé aux tâches moins importantes. Les deux langues se sont ensuite éloignées. Le proto-roman devait être considéré comme une autre langue que le latin, une langue vernaculaire[1] et c’est ainsi que les homélies[2] ne se firent plus en latin.
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