La Rochefoucauld et ses maximes

La Rochefoucauld et ses maximes

1. L’auteur et son époque : La Rochefoucauld (1613-1680) 

La Rochefoucauld est un auteur français du 17ème siècle. Il est né à Paris en 1613 et il issu d’une très grande famille aristocratique. Il a connu une carrière militaire et a participé à la Fronde. La Fronde est un événement politique très important dans le royaume de France au 17ème siècle. Elle débute en 1648 et prend fin en 1653. Il s’agit d’une période de troubles graves : c’est le soulèvement des milieux aristocratique contre le pouvoir du centre. En effet, le pouvoir central tend à écarter la haute aristocratie de la scène politique pour se diriger vers une monarchie absolue. La figure majeure de cette révolution est le cardinal Mazarin. Son but était de réduire l’influence de la noblesse. La Fronde va donc marquer l’effondrement des milieux aristocratiques. Suite à cet événement, La Rochefoucauld est tenu de s’exiler. Il revient à Paris en 1656 et change de voie : il se tourne vers la littérature.

2. La littérature moraliste

La Rochefoucauld se situe dans ce qu’on appelle la littérature moraliste. Un moraliste est un écrivain qui met au centre de son champ la connaissance de l’homme, c’est-à-dire qu’il observe, décrit et analyse les actions et les comportements de l’homme (les modes de vies, les habitudes sociales, individuelles). La dimension psychologique occupe une place prépondérante. Les moralistes les plus connus du 17ème siècle sont La Bruyère, La Fontaine et Saint-Évremond.

3. Les maximes

Un genre littéraire de la littérature  moraliste est la maxime.

A. définition 

La définition générale d’une maxime est la suivante : la maxime  est une proposition générale qui sert de règle dans la conduite. Il peut également s’agir d’une appréciation ou d’un jugement d’ordre général. Le terme maxime est issu de la forme latine « Maxima Sententia » et signifie littéralement « Sentence la plus grande» c’est-à-dire une phrase dans laquelle on dit beaucoup de choses avec peu de mots.

B. La maxime chez  La Rochefoucauld

Chez La Rochefoucauld la maxime n’est pas une règle de conduite.  La maxime vise à démasquer les vertus apparentes de l’homme. En effet, pour l’auteur « les vertus » humaines ne sont que des vices « déguisés », et le grand responsable est l’amour-propre véritable « corrupteur de la raison ». Pour démasquer cet amour-propre qui se cache derrière chacun de nos actes, l’auteur choisit la maxime.

La forme de la maxime : la forme de la maxime est brève (< brevitas) ; forme qui dit beaucoup en peu de mots.  La maxime doit susciter l’étonnement ou la réflexion du lecteur.

Le style de la maxime : le style est impersonnel.

La Rochefoucauld choisit cette forme d’écriture pour deux raisons :

(1) Le mécanisme de la maxime est fait de symétries et d’oppositions, ce mécanisme est idéal pour retourner les apparences et mettre en lumière les contradictions de la nature humaine.

(2) Le goût de la brevitas est l’une des tendances majeures du siècle. La forme brève est la forme mondaine qu’on pratique par jeu dans les salons.

La maxime était donc une pratique très courante dans les salons littéraires ; elle était soumise au jugement, à la critique après qu’on l’a lue (on critique la pertinence du propos et de la forme, on cherche la formulation la plus aiguë, la plus surprenante).

[La Rochefoucauld était particulièrement attaché aux salons littéraires de son temps. Le salon est une réunion d’hommes et de femmes de lettres dans un milieu intellectuel, souvent mondain pour discuter de l’actualité de leur époque, de philosophie, de littérature, de morale. Un salon littéraire était toujours tenu par une femme. La Rochefoucauld fréquentait le salon de Mme. Sablé].

C. Son œuvre

La Rochefoucauld a composé un ensemble de 504 maximes. La première version apparaît en 1665. Le recueil a connu 5 éditions qui seront  corrigées et augmentées entre 1665 et 1678.

D. Les thèmes

Chaque maxime préserve une valeur brève et peut se lire comme une unité autonome mais s’éclaire aussi par son contexte. Les thèmes récurrents sont l’amour-propre, les fausses vertus et l’honnête homme.

4. Analyse : extraits

L’auteur orchestre ses maximes selon plusieurs procédés, tantôt il use des figures de rhétorique, tantôt il emploie une structure dite paradoxale, c’est-à-dire une structure où A n’est que B : A représente une vertu apparente (+) et B un vice réel (-).

Thème des fausses vertus

La maxime 15

 « La clémence des princes n'est souvent qu'une politique pour gagner l'affection des peuples ».

• Forme

Quel est la structure de cette maxime ? Il s’agit de la structure du paradoxe où A n’est que B. On dit que la clémence des princes (vertu) est une politique pour gagner l’affection des peuples (vice). Les princes sont indulgents (vertu apparente) mais cette vertu n’est qu’une stratégie et cache un vice : dans le but de gagner l’affection des peuples.

• Le thème

À quel thème pouvons-nous rattacher cette maxime ? Le thème des fausses vertus.

Qu’est-ce qu’une vertu ? Le terme « vertu » a plusieurs sens :

• Courage physique ou moral
• Disposition habituelle, comportement permanent que l’homme s’efforce d’adopter, capacité de faire le bien pour le bien
• Propriété d’un corps, de quelque chose à quoi on attribue des effets positifs, exemple les plantes médicinales
• La chasteté (vertu consistant à s'abstenir des plaisirs charnels illicites)

Chez La Rochefoucauld, il faut retenir la 2ème définition : la capacité de faire le bien pour le bien.

• Fond

Quel est le sens de la maxime ? Selon lui on ne fait jamais le bien pour le bien, il y a toujours un intérêt qui se cache derrière.

La maxime 171

« Les vertus se perdent dans l'intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer ».

• Forme

Quel est la structure de cette maxime ? Pour structurer cette maxime, l’auteur use d’un procédé de rhétorique qui est la comparaison. Quel élément textuel permet d’avancer qu’il s’agit d’une comparaison ? L’auteur compare « les vertus » à des « fleuves » à l’aide du comparatif « comme ».  Le second élément de la comparaison (« les fleuves ») représente de façon plus concrète le premier élément de la comparaison (« les vertus »).

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