La Bruyère : Sujet : Selon Xavier Marton, « la comédie sociale que dévoilent et dénoncent les Caractères contraint chacun à se mettre en scène ».
Dissertation : La Bruyère : Sujet : Selon Xavier Marton, « la comédie sociale que dévoilent et dénoncent les Caractères contraint chacun à se mettre en scène ».. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar printhu • 21 Mai 2022 • Dissertation • 2 796 Mots (12 Pages) • 2 658 Vues
PUSHPAKARAN 17/12/2021
Printhuyan 1G4
Dissertation sur les Caractères de La Bruyère
Sujet : Selon Xavier Marton, auteur d’une étude sur la Bruyère, « la comédie sociale que dévoilent et dénoncent les Caractères contraint chacun à se mettre en scène ».
En Angleterre, à la fin du XVIème siècle, Shakespeare affirmait ainsi, par la voix d’un personnage du Marchand de Venise : « Je tiens ce monde pour ce qu’il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle. » Depuis l’Antiquité, le théâtre est régulièrement utilisé comme une métaphore évocatrice de la vie des hommes et des rapports sociaux en général. Le XVIIème siècle, appelé aussi siècle du classicisme, s’est principalement soucié de traiter de l’homme, de son rapport à l’autre et à la société, établissant notamment des types selon les traits de caractères, la place occupé au sein d’une échelle hiérarchique induite par la monarchie absolue. L’étude de l’Homme se révèle dès lors dans les pièces de théâtre comme celui de Molière mais aussi dans les fables de La Fontaine, dans les maximes de La Rochefoucauld, et sous d’autres formes notamment avec Les Caractères de La Bruyère. Cette conception théâtrale du monde est présente dans Les Caractères de La Bruyère, qui s’empare pour décrire la société du Grand siècle de Louis XIV. C’est pourquoi il est justifié de se demander si comme Xavier Marton, auteur d’une étude sur la Bruyère, « la comédie sociale que dévoilent et dénoncent les Caractères contraint chacun à se mettre en scène ». Tout d’abord, les formules « comédie sociale » et « se mettre en scène » sont employés ici de façon péjorative. Expliquons, en premier lieu, la notion de comédie sociale. La comédie sociale, c’est le faite de transformer le monde en scène de théâtre où chacun doit jouer de son paraître et de son être. Cette comédie s’incarne principalement de trois façons : en se donnant en spectacle, en jouant un rôle et en vivant constamment masqué. Au XVIIème siècle, cette comédie sociale se joue principalement dans la cour du roi. De plus, dans le groupe nominal « comédie sociale », nous retrouvons le nom commun « comédie » qui désigne une pièce de théâtre fonctionnant sur le registre de l’humour et l’adjectif « sociale » qui concerne la vie en société. Nous pouvons donc en déduire que la vie des personnages qui font l’objet de satire dans Les Caractères sont amusantes et ridicules. Elle incite à sourire, le lecteur, de leur comportement mais elle est peut également être inquiétante car l’insincérité et l’artifice de ses acteurs transforme la vie sociale en une scène de théâtre où rien n’est réel. Par ailleurs, l’action de « se mettre en scène » illustre bien le principe de la comédie sociale qui incite tous les êtres humains à être ce qu’ils ne sont pas et rapprochent ainsi les personnages de La Bruyère à des acteurs d’une pièce de théâtre. Implicitement, nous pouvons comprendre que Xavier Marton s’adresse également à nous, Hommes du XXIème siècle, à travers son étude sur La Bruyère. Il utilise le pronom indéfini « chacun » pour que son étude ait une connotation universelle et pas seulement littéraire. Il aurait pu simplement dire que « la comédie sociale que dévoilent et dénoncent Les Caractères contraint [chaque personnage de l’œuvre] à se mettre en scène ». La majorité des personnages que peints La Bruyère joue un rôle et se comporte donc comme un acteur, mais pourtant tous ne le joue pas. Nous allons nous demander pour quelles raisons cette comédie sociale est adoptée par certains et négliger par d’autres. Et pour ce faire, après avoir vu que cette comédie sociale n’est pas omniprésente, nous verrons les différents archétypes et les raisons de la mise en scène de soi. Enfin, nous finirons par expliquer que cette comédie est le reflet de la société depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque actuelle, moderne.
Dans Les Caractères, tous les personnages ne jouent pas la comédie sociale donc ne se mettent pas en scène et ne sont pas soumissent au règne du paraître. C’est le cas du peuple, plus précisément des paysans qui lutte pour leur survie et n’ont pas le temps de s’accommoder à cette comédie sociale. Pour La Bruyère, ses miséreux, qui « vivent de pain noir, d’eau et de racine », ne peuvent pas se mettre en scène. Dans un monde inégalitaire où les riches s’enrichissent de plus en plus alors que certains n’ont même pas de quoi s’alimenter, La Bruyère se désigne en protecteur du « peuple » dont il indique que leurs franchises sont telles qu’ils sont incapables de « jouer ». Par exemple, le moraliste valorise le peuple en disant qu’elle « a un bon fond et n’a point dehors ». En utilisant cette expression, l’auteur nous fait comprendre que les pauvres ne connaissent pas l’artifice de l’apparence d’où l’affirmation de La Bruyère : « Je veux être peuple » dans le chapitre « Des Grands ».
Le peuple ne joue pas la comédie sociale car il n’en ressent pas le besoin mais d’autre ne jouent pas la comédie sociale même si ils le devraient un minimum. Gnathon, par exemple, accumule les excès insupportable : il est tellement dégoûtant qu’il est « capable de te la péter au plus affamé ». À travers le portrait satirique de Gnathon, la bruyère dénonce donc non seulement un type humain, celui de l’égoïsme égocentrique est mal élevé, mais peut-être aussi, de façon plus générale encore, c’est travers proprement humain et très partagé de ce préféré à tous et de se faire passer avant tout le monde. Gnathon fait partie des personnes qui se dispensent totalement de la comédie sociale. Molière dit dans le misanthrope « hypocrisie est certes détestable,mais l’excès de franchise n’est pas supportable n’ont plus ».
Si le peuple est naturellement sans artifice et Gnathon naturellement sans respect ni politesse d’autre personnage sont ni naturelle ni sincère.
Sous le regard attentif de La Bruyère, les courtisans, les Grands, les bourgeois de Paris, tous se mettent en scène à la cour, lieu par excellence des apparences, mais surtout dans Paris sur laquelle le moraliste porte un regard satirique, pour être vu ou voir les autres. Ils sont soumis au règne du paraître, qui transforme la vie sociale en une comédie sociale où chacun vit avec un masque pour satisfaire ses envies. Différents personnages sont satirisés et moqués par l’écrivain. Tout d’abord, dans le chapitre des « Grands » La Bruyère emploie un ton sarcastique et corrosif pour décrire « Grands ». Issus des familles les plus puissantes, les Grands sont les courtisans les plus privilégiés. Pourtant, le moraliste note avec amertume qu’ils sont marqués par les mêmes vices que les petits courtisans ou les parvenus. Par exemple, les « Pamphiles » excellent dans l’art de se mettre en scène : « (il) vous parle si haut que c’est une scène pour ceux qui passsent. Aussi les pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris ». Ils sont « comme sur un théâtre » donc élevé par la fausseté, en représentation permanent, pour qu’ils soient au centre de toutes les discussions. Les « Floridors » et les « Mondoris » sont des comédiens célèbre de l’époque de La Bruyère. Celui-ci utilise une métaphore théâtrale pour dénoncer un univers de cour dans lequel personnes n’est naturel et où tout est faux, joué voire surjoué, parce’que chacun s’y exhibe et n’y joue que le jeu de son intérêt propre.
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