« LES METAMORPHOSES DU VAMPIRE » de Charles Baudelaire.
Dissertation : « LES METAMORPHOSES DU VAMPIRE » de Charles Baudelaire.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar marjo1234 • 15 Novembre 2022 • Dissertation • 3 021 Mots (13 Pages) • 437 Vues
Explication linéaire N°1:
« LES METAMORPHOSES DU VAMPIRE » de Charles Baudelaire.
Ce poème fait partie des Épaves, ces pièces condamnées qui furent censurées lors du procès des Fleurs du mal en 1857. Voici un poème scandaleux puisqu’il dut rester caché jusqu’en 1945. On y retrouve, sous les traits du vampire, un thème obsessionnel chez Baudelaire : l’union, dans la femme, de l’amour et de la mort.
La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc, (1) Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc : (2) -« Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés, (3) Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés, Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste, Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! »
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus ! Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante, Et quand je les rouvris à la clarté vivante, A mes cotés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang, Tremblaient confusément des débris de squelette, Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer, Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.
Baudelaire (1821-1867)
a) Selon vous, quels éléments du poème ont pu choquer le ministère public ?
b) Quelle image de la femme ce poème donne-t-il ?
c) Quel procédé est utilisé dans l’expression « et fragile et robuste » (vers 14) ? Relevez-en d’autres dans le texte : quel effet produisent-ils ? d) Etudiez les propositions dans la dernière phrase du poème. e) Que peut-on éprouver, à la fin du poème ?
Explication : « Les métamorphoses du vampire », Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)
Introduction :
Le procès des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire a eu lieu en août 1857 et 6 poèmes en ont été retirés pour « outrage aux bonnes mœurs ». Gustave Bourdin, critique du journal Le Figaro de l’époque, compare ce recueil à « un hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit, à toutes les putridités du cœur ».
L’un de ces poèmes, « Les métamorphoses du vampire », clôt l’édition du recueil étudié, placé entre « La Béatrice » et « Voyage à Cythère » dans certaines éditions, il est paru tardivement dans les sections « Épaves » ou « Bribes », des titres qui connotent l'abandon, l'échec, le déchet. Il s’agit ici du portrait d’une femme vampire, femme de pouvoir qui est anéantie par le baiser du poète. Ce poème en 28 alexandrins et en rimes suivies, alternant rimes féminines et masculines, évoque ainsi les visages de la femme, l’une des fleurs du mal, à la fois voluptueuse et vénéneuse, à la fois sensuelle et mortelle, d’abord érotique et puissante (vers 1-14), puis victime transformée, détruite, mise à mort (vers 15-28).
PBL : On peut alors se demander comment ce poème met en scène le duel entre Éros et Thanatos, entre sensualité et mort.
1er mouvement (vers 1 à 4) : Le portrait d’une femme lascive ou dangereuse ?
* C’est déjà une femme symbolique avec l’article défini « La » dans « La femme » : représente-t-elle la féminité ?
* C’est aussi une femme qui agit, faisant 3 actions simultanées avec 2 propositions participiales «en se tordant/pétrissant» (v2- 3).
* C’est un être érotique, voué au désir, avec les noms anatomiques : « bouche de fraise » (v1), « seins », « busc » du corset (v3), « musc » animal (v4) et « lèvre humide » (v5). Cette sensualité est renforcée par l’allitération en [s] dans « pétrissant ses seins sur le fer de son busc » (v3) et par le lexique des sensations : le toucher (pétrissait, couler), le goût (bouche de fraise), l’ouïe (mots).
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