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LE MARIAGE DE FIGARO

Commentaire d'oeuvre : LE MARIAGE DE FIGARO. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 392 Mots (10 Pages)  •  595 Vues

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  1. Quels éléments contribuent au comique de la scène ?[pic 1]

Dans ce monologue, Figaro, valet du comte Almaviva, est convaincu que Suzanne,  sa future épouse, le trompe avec ce dernier qui souhaite exercer son droit de cuissage. Figaro livre donc ici au lecteur son désarroi en retraçant sa vie dans les moindres détails. Par conséquent, les éléments qui contribuent au comique de cette scène sont nombreux :

  • Tout d’abord, cela commence par  la mise en scène où Figaro erre en solitaire livré à ses pensées, perturbé, en colère, criant haut et fort sa rancœur et sa tristesse, comme s’il établissait un dialogue : « Figaro, seul, se promenant dans l’obscurité, dit du ton le plus sombre ». Ce faux dialogue, il l’adresse à sa future femme : «Ô femme ! femme ! femme !  créature faible et décevante ! La répétition du terme femme et des exclamations, la comparaison de la femme à l’animal « nul animal créé ne peut manquer à son instinct » viennent renforcer le sentiment pathétique et révolté qui envahit Figaro.
  • Il poursuit le dialogue de fiction en faisant semblant de s’adresser à son adversaire, le comte, sur un ton d’énervement, jaloux, ironique, moqueur: «  Non, Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas…(répété à double reprise)…vous vous croyez un grand génie ! Les questions avec interlocuteur fictif et rhétoriques à plusieurs reprises « comment cela m’est-il arrivé ? pourquoi ces choses et non pas d’autres, qui les a fixées sur ma tête ? » renforcent le comique de la scène.
  • L’autre élément qui vient renforcer cette mise en scène est l’excès dans les faits et gestes de Figaro : « Il se lève… s’assied sur un banc…il se retire près la première coulisse ». On imagine cette scène théâtrale en tant que spectateur.
  • Enfin, le registre pathétique et lyrique, les éléments tragiques de la plainte sont rassemblés avec l’ironie et l’humour que Figaro utilise en tournant en dérision sa propre situation de victime de la société «et moi comme un benêt…volé par des bandits, fils de je ne sais pas qui,  et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu’à moitié […] las d’attrister des bêtes malades…[…], je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs,  j’annonce un écrit, je le nomme Journal inutile, Pou-ou !, on me supprime », « forcé de parcourir la route, chétif être imbécile…

Figaro, en faisant le récit de son parcours de vie, dénonce une société basée sur le ridicule, le non-sens dont il est victime. Ce comique de l’absurde contribue à l’auto-dérision du personnage « quel est ce moi dont je m’occupe, un assemblage de parties inconnues », » la comparaison avec « un petit animal folâtre » qui se transforme en héros de tragédie, renforcé par le champ lexical de la souffrance : « désabusé, illusion détruite, délassement »…  Le ton ironique et l’auto-dérision sont comme des remèdes pour Figaro pour lutter contre l’anéantissement moral, la tragédie.

  1. Quelles sont les différentes critiques formulées contre les maîtres ?

Plusieurs critiques sont formulées contre les maîtres. Figaro, en dénonçant l’injustice dont il est victime de par son parcours de vie, dénonce également les inégalités entre lui et son maître, le Comte d’Almaviva.  C’est d’abord une inégalité sociale.  Figaro a dû « se faire » lui-même « fils de je ne sais pas qui, volé par des bandits…je m’en dégoûte et veux courir une carrière honnête…j’apprends la chimie, la pharmacie... » Figaro compare sa destinée à celle de son maître et la critique en se moquant avec ironie : « vous qui vous êtes donnés la peine de naître ». Le comte n’a aucun mérite comme on le voit dans la gradation : « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! » Il abuse de son rang en voulant imposer le droit de cuissage et lui « voler » sa promise. C’est une dénonciation des privilèges de la noblesse. Le comte est somme toute un homme « ordinaire » qui s’est contenté de suivre la route qui lui était toute tracée. L’antithèse « ordinaire » et « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie » vient renforcer cette différence de naissance entre Figaro et son maître ; les verbes d’opposition « êtes » et « croyez » remettent en cause les valeurs intellectuelles de la haute bourgeoisie. Les maîtres représentant l’aristocratie sont donc des hommes simples, « ordinaires » et sans talent en opposition au petit peuple dont fait partie Figaro, qui lui « tandis que moi, morbleu ! » a plus de valeur et de connaissance « il m’a fallu déployer plus de science et de calculs »…

Figaro évoque avec humour les efforts qu’il a faits pour « être quelqu’un » par l’hyperbole « il m’a fallu plus de science et de calculs […] qu’on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes».

  • Figaro est l’homme de l’ombre « perdu dans la foule obscure », par opposition au seigneur, sur le devant la scène « qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donnés la peine de naître et rien de plus » - antithèse « vous »/ « moi » renforce cette opposition. Figaro dénonce donc les inégalités sociales qui reposent sur le statut de naissance et la fortune et non pas sur la valeur de la personne.
  • L’autre critique que vise Figaro toujours sur un ton ironique, moqueur, est celle du pouvoir et des dirigeants. C’est aussi une critique et une satire de la politique de l’époque, dans un contexte d’avant-révolution (œuvre de 1784), d’absence de liberté d’expression et de censure. On sent la critique de l’écrivain Beaumarchais à travers les paroles de Figaro et l’énumération « pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni des gens en place… » renforcée par la répétition du terme négatif « ni » qui marque l’interdiction absolue « sous l’inspection de deux ou trois censeurs » tout comme l’hyperbole « je vois s’élever contre moi mille pauvre diables à la feuille ».

  1. Quels éléments de la biographie de Figaro correspondent au parcours traditionnel d’un valet ?

Figaro est avant tout un valet atypique de par son parcours et sa formation. Il a tout vu, tout fait et sa biographie ne ressemble pas à celle d’un valet traditionnel. L’un des rares éléments de sa biographie qui correspondrait à celui d’un valet traditionnel est celui d’un homme qui n’a pas connu ses parents et qui n’est donc pas riche de naissance. En partant de rien « fils de je ne sais pas qui, volé par des bandits », il se cultive seul et exerce tout un tas de métiers différents avant de devenir valet. Il semble vraiment avoir tout fait, possède une biographie riche et pleine de talents comme le souligne Figaro dans l’énumération : « j’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, vétérinaire ». C’est dans ce sens qu’il est un personnage différent d’un valet classique. Il est « ambitieux », volontaire et curieux, téméraire et prêt à tout essayer comme le souligne la méthophore « pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fusse-je mis une pierre au cou ». S’en suivent d’autres métiers : écrivain, poète, musicien, maître, valet…

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