L.A Discours contre la misère de Victor Hugo
Commentaire de texte : L.A Discours contre la misère de Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar FM12MF • 8 Février 2016 • Commentaire de texte • 1 718 Mots (7 Pages) • 2 761 Vues
L.A Discours contre la misère de Victor Hugo
lecture analytique du discours de Victor Hugo
Introduction :
Homme de lettres mais aussi homme public et politique, Victor Hugo a souvent mis son engagement au service des plus démunis. S’il évoque les « Misérables », paysans et ouvriers, dans un roman majeur, il n’hésite pas à défendre leur cause au sein de l’Assemblée elle-même, notamment dans ce discours virulent prononcé le 9 juillet 1849.
Il s’agira donc d’analyser quelle stratégie argumentative Hugo met en place pour condamner une politique sociale et désastreuse et œuvrer en faveur de l’abolition de la misère.
I – Un discours politique accusateur :
A –Discours et dialogisme :
Victor Hugo s’appuie sur un dialogisme :
– apostrophe « messieurs » renchérie par l’interjection « Eh bien »
– présence des marques de la 1ère personne : anaphore du groupe « je dis » L 1 et 3/ redondance de la 1ère personne qui souligne la position particulière de Hugo, L 4-5 « que je m’en sens, moi ». Cette redondance met en lumière son implication.
– Expression « cette assemblée » (anaphore L 12). Le singulier collectif assemblée désigne le groupe de ses interlocuteurs et le démonstratif « cette » semble les montrer du doigt.
– Hugo exhibe son implication en recourant aux termes « complice et solidaire » pour souligner son engagement. Même remarque avec l’expression « je suis pénétré » L 8
– Présence des marques de la 2ème pers : « Vous n’avez rien fait » : anaphore L 17,18,19,25,26/ « Vous le voyez, messieurs » L 29/ Votre générosité/ votre sagesse
– Présence également de la 1ère pers pluriel qui vise à réunir dans un même élan Hugo et ses interlocuteurs : L 21-22 « nos campagnes » « nos villes ».
Par ce dialogisme Hugo vise à impliquer ses interlocuteurs, à emporter leur adhésion.
Cette adhésion est d’ailleurs signifiée par les remarques qui figurent entre parenthèses et qui informent le lecteur sur les réactions du public.
– L 14 « Bravo ! – Applaudissements »
– L 25 : « Acclamation ! »
– L 32 « C’est vrai ! C’est vrai ! »
Ces notations contribuent à restituer la vivacité des débats. Les paroles ainsi rapportées soulignent l’effort et la capacité de persuasion de Hugo.
Ceci s’ajoute aux quelques marques d’oralité comme l’interjection « Eh bien » L 1 ou les anaphores. Parallélismes de construction et anaphores témoignent de la façon dont Hugo cherche à marquer les esprits (nécessité de se répéter à l’oral pour être bien entendu).
B – Un discours politique accusateur :
Ce discours est un discours politique ainsi qu’en témoigne la présence des termes appartenant au champ lexical de la politique : la société L2/ pays civilisé L 4 / conscience de la société L 4 / cette assemblée / l’ordre moral L 16/ le peuple L 17/ souffrance publique L 26/ esprit de révolution L 25/ anarchie L 31
Il s’agit pour Hugo de dénoncer la façon dont la société et le monde politique de cette première moitié du XIX° oublient les plus démunis.
Il condamne cette situation en recourant notamment à des phrases négatives comme « ce sont là des choses qui ne doivent pas être » L 1/ « pour que de telles choses ne soient pas » L 3.
Son discours accusateur est donc un réquisitoire indigné ainsi que le signifient les nombreuses exclamations L 3, L 6, L 13.
– hyperbole L 6 « pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu » L 6. Cette hyperbole désigne implicitement les interlocuteurs de Hugo comme des criminels et surtout comme de mauvais chrétiens
– Anaphore de « vous n’avez rien fait » : exhibe la négligence des politiques
Cette accusation vise à réveiller ou à éveiller les consciences. Hugo exhorte le monde politique à changer, à achever ce que l’esprit révolutionnaire a entamé.
II – Un Plaidoyer en faveur de l’abolition de la misère :
L’enjeu de ce discours est en effet l’éradication de la misère ainsi que le souligne la gradation de la L 13 : « pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l’abolition de la misère ».
Cet objectif est reformulé à la fin du passage : « faites maintenant des lois contre la misère ».
A – L’exhortation à l’abolition de la misère
Hugo n’est pas tourné vers le passé, il se présente comme un homme d’avenir, de progrès.
– la métaphore de la marche est à ce titre intéressante : L 10 « ce n’est qu’un premier pas » + L 12 « pour marcher à ce grand but ».
– il s’agit de construire une société nouvelle ainsi que le suggère la mention de « l’esprit de révolution » L 25. Hugo fait ici allusion à la révolution ratée de 1848. C’est la 2nde révolution française du Xix° après celle de juillet 1830. Le peuple, affamé, se soulève à Paris entre le 22 et le 25 février 1848. Louis Philippe abdique en faveur de son petit fils Charles d’Orléans. Le peuple proclame la 2nde République qui met fin à la Monarchie de Juillet. Les élections ensuite conduisent Louis Napoléon Bonaparte à la tête de l’Etat.
Il cherche à entrainer à sa suite les députés, il les exhorte en recourant notamment à des phrases injonctives. Ex L 33 « faites des lois »/ L 2 « je dis que la société doit dépenser toute sa force »/ « Je voudrais que cette assemblée » L 10.
Victor Hugo joue donc avec le principe du « movere » pour faire évoluer la société. Afin de toucher les députés et de les sensibiliser à la cause des misérables il recourt au registre pathétique.
– lexique de la souffrance physique et morale : « le peuple souffre » L 17/ « en dessous de vous une partie du peuple qui désespère » L 18/ « peuvent être sans pain » « sans asile » (anaphore de la préposition « sans » + parallélisme de construction qui met en relief le dénuement du peuple).
– Métaphore de la dévoration L 21-22
– Allitérations en [R] et en dentales, notamment dans le troisième paragraphe pour faire entendre les misères du peuple
Il procède par ailleurs à une valorisation du peuple :
– recours à des termes valorisants : « pauvres familles honnêtes » L 24/ « aux bons paysans » « aux bons ouvriers » : anaphore de l’adjectif « bons »/ « aux gens de cœur » L 25
B – Registre épique et héroïsation :
Cette valorisation du peuple est soutenue par un recours au lexique religieux.
On peut en effet noter la présence de termes ou expressions comme « crimes envers Dieu », « âme », « lois fraternelles », « lois évangéliques » « ténèbres », « homme méchant » ou encore « les abîmes ».
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