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L princesse de Clèves, scène du bal, lecture analytique

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Par   •  30 Mai 2017  •  Analyse sectorielle  •  2 146 Mots (9 Pages)  •  6 283 Vues

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La princesse de Clèves : Lecture analytique de la scène du bal (p49/50, biblio)

De « Elle passa tout le jour » à… « madame de clèves »

introduction : la scène de bal est aussi un classique de littérature  romanesque.(cf Madame Bovary, Zola, La Curée, Boris Vian, L’Ecume des jours..),  Ici, intervient l'arrivée retardée de Mr de Nemours mais oh combien attendue et préparée par tous : tous les personnages importants de la cour ont préparé psychologiquement les deux protagonistes à se rencontrer. Les préparatifs de chacun montrent combien, inconsciemment ou pas, ils sont dans l'attente du moment. Madame de Clèves, pourtant mariée (le récit de son mariage prend 1 phrase.), est présentée ici comme une jeune fille.

problématiques essentielles: (voir cahier)

-topos de scène de rencontre

-mise en scène de la rencontre, le spectacle, la cour comme caisse de résonnance du choc

-récit d'un coup de foudre

théâtralisation

Structure du passage : le récit est organisé autour de l'avant et de l'après arrivée du duc, avec changement de point de vue ("elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord...")

3 parties : la danse et la rencontre / Mme de Chartres vue par Nemours/ le dialogue avec la dauphine

1/ La mise en valeur de la scène

A. Le cadre du bal de cour

Le bal représente, dans ce monde de la Cour, un moment privilégié de sociabilité : il met en valeur le rang social, l’apparence (le narrateur souligne le soin que les deux protagonistes ont apporté à leur tenue avec les termes « parure » et « se parer ») ; c’est un spectacle dans lequel rien n’échappe au public, dont le rôle est d’admirer mais aussi de commenter. Le bal est également un lieu de séduction, seule occasion de contact physique entre hommes et femmes à travers la danse : les femmes peuvent y choisir leur cavalier et les hommes manifester leur admiration, avec une relative liberté (on peut d’ailleurs noter l’absence du mari, puisque M. de Clèves n’est jamais mentionné). Le choix de ce cadre de rencontre reflète donc bien les deux pôles du roman: le poids de cette société de conventions, où l’individu ne peut échapper aux regards et aux jugements ; et le jeu amoureux qui débute ici, entre passion et interdit...

B. L’entrée remarquée du Duc

Le duc de Nemours se fait « remarquer » et le récit de leur rencontre est fait quasi  en temps réel, marqué par une forme de théâtralité : il fait une entrée tardive, (comme un coup de théâtre) il arrive après le début du bal, et son entrée est perçue en focalisation interne par la princesse qui l’entend tout d’abord (« un assez grand bruit [...], comme de quelqu’un qui entrait ») puis finit par le voir : « Elle se tourna et vit un homme. » L’identité du duc se révèle ainsi progressivement : « quelqu’un qui entrait », puis « celui qui arrivait », « un homme », jusqu’à ce que son nom éclate en milieu de phrase, dévoilé par la princesse elle-même. On peut se demander, d’autre part, si Mme de Lafayette ne reprend pas, de manière détournée, le motif de la mise en valeur chevaleresque de l’homme devant la femme par un exploit, en faisant passer le duc « par-dessus quelques sièges »... Cette entrée en scène vient rompre l’ordonnance parfaite du bal : bruit, remue-ménage des sièges, perturbation du  carnet de bal  de la princesse, cri du roi.

 Ce désordre dans la cérémonie de Cour présage celui qui va avoir lieu dans le cœur de la princesse.

C. Le jeu des focalisations

O pourrait dire qu’il s’agit d’une focalisation omnisciente puisque nous avons accès à différents personnages, mais si l’on entre dans le détail ….

Hypothèse d’analyse :

Il est extrêmement subtil dans ce passage : le point de vue externe, mettant en valeur la princesse, laisse la place à sa propre perception (« un homme qu’elle crût d’abord ») pour nous présenter l’arrivée du duc. Vient ensuite une sorte d’« arrêt sur image » avec l’intervention discrète du narrateur soulignant le caractère exceptionnel des protagonistes, mais aussi de l’événement («surtout ce soir-là»). Le deuxième paragraphe débute par le point de vue interne de Nemours, puis laisse la place à celui de la Cour, « le roi et les reines » qui vont alors mener la scène et le dialogue. Enfin, le passage se clôt sur une focalisation interne du point de vue du duc.

On peut donc remarquer comment le narrateur s’efface généralement derrière les personnages (principaux ou secondaires), pour montrer l’impact psychologique de cette scène mais aussi la transformer en spectacle, objet des regards et des interprétations de toute la Cour.

2/ Le coup de foudre

A. La vue

Nous trouvons dans ce texte 6 occurrences du verbe voir, toujours appliquées aux deux protagonistes. Cette insistance souligne l’importance des apparences dans cette scène, puisque, dans le monde de la Cour, on a peu accès à l’intériorité des individus qui ne doivent pas laisser paraître leurs émotions ou sentiments. Le premier contact entre les héros passe par l’échange des regards et se déroule aussi aux yeux de tous. (Le regard joue un rôle essentiel dans cette œuvre : la princesse désire sans cesse se dérober aux yeux du duc mais aussi de toute la Cour ; le duc au contraire doit user de stratagème pour contempler celle qu’il aime (contemplation médiatisée par le portrait ou dérobée dans le pavillon ou dans la chambre du marchand de soieries)).

 Mais, ici, le regard n’est pas encore interdit et va frapper le cœur inexpérimenté de la jeune princesse.

(Note : lire à ce propos le passage qui suit la scène de peu la scène du bal « Les jours suivants, elle le vit chez la reine dauphine, elle le vit jouer à la paume avec le roi, elle le vit courre la bague, elle l’entendit parler, mais elle le vit toujours surpasser de si loin les autres… »)

B. Parallélisme

Le parallélisme est très apparent dans les lignes 723-729 : répétition de l’expression « il était difficile », du verbe voir ; similitude d’une mention (« quand on ne l’avait jamais vu » / « pour la première fois ») et de la réaction des héros (« surprise » / « grand étonnement »). Les personnages de la Cour insistent sur l’égale célébrité de leur beauté (« elle le sait aussi bien que vous savez le sien »), comme si elle devenait un signe de reconnaissance mutuelle. Le narrateur souligne ainsi que tout les destine l’un à l’autre, mais aussi que la passion sera réciproque (au contraire de la rencontre avec le prince de Clèves).

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