L'épilogue de l'Étranger de Camus
Commentaire de texte : L'épilogue de l'Étranger de Camus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar melelesigaud • 24 Novembre 2015 • Commentaire de texte • 3 115 Mots (13 Pages) • 1 349 Vues
circonstance l'amène à tuer un arabe, et il est condamné à mort. Peu de temps avant l'exécution, un aumônier pénètre dans sa cellule pour essayer de le réconforter et de lui faire accepter Dieu et la repentance.
Ces paroles de douceur et d'espoir mettent Meursault hors de lui.
Après une longue période de révolte, Meursault a une révélation qui lui permet de trouver enfin le bonheur.
→ Comment, dans ce monologue tragique, Meursault parvient-il à s'accepter en découvrant l'absurdité de la condition humaine ?
I : Un monologue tragique.
1 – Construction en deux parties nettement séparées dans l'extrait : « alors / lui parti »... Elles s'articulent autour de la présence ou absence de l'aumônier. Opposition entre l'homme face à autrui ou face à lui-même.
Dans un premier temps, révolte très vivante, grâce au discours indirect libre qui fait entendre la voix même de Meursault. Oralité presque théâtrale du discours. On a un net effet de réel … Puis passage à la paix. Noter les champs lexicaux ( révolte partie 1 / paix partie 2 ).
2 – Meursault s'affirme comme un homme dans ce mouvement de découverte de soi ( passage partiel à partie 2 ) comme dans la catharsis antique qui fait passer de la terreur à la pitié.
- solitude tragique du héros face à l'aumônier qui « représente tous les autres ».
- révolte intérieure : « crier à plein gosier » ; « déversais » ; « j'étouffais » ; « bondissements ».
- sorte d'accès au sublime dans le second moment : « j'ai retrouvé le calme » ; « merveilleuse paix » ; « pour la première fois depuis longtemps ».
3 – Première partie montre une affirmation de soi dans la violence : « Moi, j'avais l'air » ; « mais j'étais sûr de moi ». Relever la très forte présence de la première personne. Opposition aux autres qui n'apparaissent finalement que comme des figurants.
Seconde partie = acceptation de soi « je me suis senti prêt à tout revivre » ; « comme si cette grande colère m'avait purgé du mal ». Libéré de ses mauvaises passions, Meursault est enfin libre. « Je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde ».
Meursault peut accéder comme un héros tragique, au sublime par la mort.
II : L'absurde paradoxe de la condition humaine.
1 – Meursault dans le roman était sans arrêt prisonnier d'un temps qui l'isolait. Son champs d'action de limite au présent et passé et futur proches.
Dans cet extrait, l'utilisation du plus que parfait est novatrice ici. Pour la première fois, il envisage la vie de façon beaucoup plus large dans le passé et le futur. « j'aurais pu vivre »... C'est très paradoxal car seules quelques heures le séparent de son exécution.
Au moment de mourir, sa vie prend une importance inédite, et presque fantastique ( « un souffle obscur » qui « remonte » du futur ).
Avec ce nouvel « étirement » du temps, il se sent prêt à tout revivre.
2 – Plus aucune vérité ne semble acceptable. « aucune de ses certitudes ne valait un cheveux de femme ». Cette référence à « la femme », peut être Marie ?, le rend plus humain.
« Il n'était plus sûr d'être en vie puisqu'il vivait comme un mort ». Évidente critique du dogme religieux et perte de la certitude : quand vit-on ?
Puis citation de chaque personnage du roman où tout devient l'équivalent du reste. Les personnages sont interchangeables. Ils font partie du « les autres aussi ». L'être humain se retrouve seul face à une multitude de détails, tous sur le même plan.
3 - « Rien n'a d'importance » pour Meursault. C'est en quelque sorte la « morale » du discours à l'aumônier. C'est la mort qui est censée « justifier » l'existence. La mort devient le « destin » qui « élit » tout le monde. Finalement la vocabulaire du prêtre est réutilisé par le personnage ( frères, destins, privilégiés ) pour montrer que la mort seule donne du prix à la vie.
Le fait d'être tout à coup sûr de lui donne au personnage, un sentiment de puissance qui résonne particulièrement dans cet épilogue.
III : Une paix enfin retrouvée.
1 – Dans ce monologue, Meursault semble se libérer à travers une sorte de « purge » de ses doutes et angoisses. C'est la première fois qu'il affirme ses sentiments et pensées et qu'il les explique. Cette liberté passe par l'extériorisation. ( voir les verbes utilisés ) ; il s'endort et il est dit qu'il se réveille « avec des étoiles sur le visage » … sorte de représentation symbolique d'une renaissance ?
Il semble aussi se rapprocher de sa mère par cette renaissance. On arrive pour la première fois à une prise de conscience : « pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman ». Meursault comprend enfin ses derniers actes et se compare à elle : « Personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti près à tout revivre ». Dans ce « moi aussi » resurgit cette filiation si essentielle.
2 – C'est la découverte qui rapproche la mère de son fils : c'est la découverte du bonheur qui leur a été commun. C'est dans la mort que Meursault trouve la libération si attendue « je me sentais prêt à tout revivre ». On peut « jouer à recommencer ». Si Meursault refusait de pleurer sur sa mère, c'est pour ne pas nier le bonheur de ses derniers instants.
Le bonheur passe par l'acceptation et par le renoncement. Renoncer à lutter contre l'inévitable, à le nier, à la refuser. C'est une sorte de « stoïcisme » moderne, ne pas combattre et s'épuiser face à une chose contre laquelle on ne peut rien.
Le moment de l'exécution est pensé comme un nouveau moment d'affirmation de soi. La dernière phrase le pose en « anti-héros » lucide qui, dans la mort,
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