L'or de Blaise Cendrars
Commentaire de texte : L'or de Blaise Cendrars. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alexandre Le Boulaire • 21 Février 2017 • Commentaire de texte • 1 084 Mots (5 Pages) • 5 362 Vues
Essai de correction du commentaire.
Le texte qui nous est présenté est un extrait du roman L’or (1925) de Blaise Cendrars. Ce passage se situe à la suite de la découverte du premier or par James W. Marshall, et raconte la découverte et la ruée vers l’or. Suter est réduit au rôle d’observateur (pour la première fois depuis le début du roman) de sa ruine. Il serait donc intéressant de se demander en quoi cette ruine successive est significative du désespoir de Suter. Dans un premier temps, nous expliquerons la progression de cette ruine est progressive, puis, nous nous intéresserons à la souffrance et au désespoir de Suter.
Suter subi une ruine par étapes tout au long de ce texte. En effet, ce texte écrit au discours narratif est un sommaire, la durée du récit est inférieure à la durée des actions : « Le défilé sur la route s’arrêta durant quelques jours » (l.33-34). Cela évoque le fait que la ruine de Suter s’est déroulée sur « quelques jours » (l.34) : elle est progressive. Ce sommaire prépare des scènes (extrait où le temps du récit est égal au temps de fiction) dans lesquelles Suter évoque son désespoir et sa souffrance : « Mon malheur commençait » (l.37). Cette phrase ici est mise en valeur par le sommaire qui la précède mais également car elle représente à elle seule un paragraphe du texte ; elle est révélatrice du début de la souffrance de Suter, causé par cette ruine.
Cendrars accorde une importance particulière à la chronologie dans ce texte-ci (et dans le reste du roman aussi), il s’en sert pour susciter le jugement du lecteur sur le personnage et sur ce qui lui arrive. Il acquiert notre compassion.
Par ailleurs, il y a, dans ce récit, une succession de verbes d’actions à l’imparfait et au passé simple. Les subordonnés de Suter « fermai[en]t » leur « hute […] montait au Fort Suter, puis continuait sur Coloma » (l.30-32) : ces verbes à l’imparfait énumère l’exode des travailleurs de Suter vers la richesse : c’est la ruée vers l’or, expliquant en partie la ruine de Suter.
Ils forment une accumulation et nous montre également la succession des actions qui créent le désespoir de Suter : « Je redescendis […] Je licenciai […] Je résiliai […] Je réglai […] » (l.80-83). Le fait qu’ils soient dans un même paragraphe,qui est assez court (4 lignes), accentue l’accumulation qu’ils constituent. Ces verbes d’actions montre la décision qu’a pris Suter par rapport à ses biens : il abandonne tout. Ces énumérations (parfois cumulatives) de verbes sont aussi actrices de la chronologie du récit. L’auteur veut nous montrer la succession des décisions de Suter, qu’il est forcé de prendre suite à sa ruine. Il suscite de nouveau notre compassion pour Suter en utilisant ces verbes de manière énumérative.
Enfin, il est intéressant de remarquer que Suter est ruiné à l’image de son domaine : le Fort Suter. Effectivement, Suter dit bien que : « [S]es moulins étaient arrêtés […] Mes tanneries étaient désertes […] Mes blés pourrissaient […] Mes plus belles vache laitières beuglaient à la mort » (l.38-49). Il n’y a plus de prospérité au Fort Suter : les plantations sont mortes et les animaux sont abandonnés. Les ouvriers (les meuliers, les paysans, les tanneurs) ont quitté leur travail. Suter n’a donc plus rien qui peut lui rapporter de l’argent. Nous pourrions donc évoquer une métaphore entre Suter et son domaine, comparé par leurs ruines respectives. Cendrars montre ici qu’il n’y a plus d’espoir à avoir et fait réfléchir le lecteur sur le thème de la ruine.
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