L'ingénu

  Galanti

  Maeva

  1ST2S1

Texte :

Mademoiselle de Kerkabon, étonnée et enchantée de voir un Huron qui lui avait fait des politesses, pria le jeune homme à souper ; il ne se fit pas prier deux fois, et tous trois allèrent de compagnie au prieuré de Notre-Dame de la Montagne.  La courte et ronde demoiselle le regardait de tous ses petits yeux, et disait de temps en temps au prieur : « Ce grand garçon-là a un teint de lis et de rose ! qu'il a une belle peau pour un Huron ! — Vous avez raison, ma sœur, disait le prieur. » Elle faisait cent questions coup sur coup, et le voyageur répondait toujours fort juste.

 Le bruit se répandit bientôt qu'il y avait un Huron au prieuré. La bonne compagnie du canton s'empressa d'y venir souper. L'abbé de Saint-Yves y vint avec mademoiselle sa sœur, jeune basse-brette, fort jolie et très bien élevée. Le bailli, le receveur des tailles, et leurs femmes, furent du souper. On plaça l'étranger entre Mlle de Kerkabon et Mlle de Saint-Yves. Tout le monde le regardait avec admiration ; tout le monde lui parlait et l'interrogeait à la fois ; le Huron ne s'en émouvait pas.

Explication linéaire :

   Tout d’abord, la présence à deux reprises des participes passés employés en adjectif « étonnée et enchantée », dans la phrase « étonnée et enchantée de voir un Huron qui lui avait fait des politesses » dépeint les préjugés sur les hurons que se fait Mademoiselle de Kerkabon. Cela donne l’impression que cette jeune femme n’a jamais vu un huron poli et gentil. La suite de la phrase « pria le jeune homme à souper » montre que mademoiselle de Kerkabon énonce une demande qui fait preuve de respect et qui surpasse les préjugés qu’elle éprouve envers le huron. De plus, la répétition du verbe prier accompagné d’une négation : «il ne se fit pas prier deux fois » indique que ce dernier accepte rapidement la demande de Mademoiselle Kerkabon. Le pléonasme « et tous trois allèrent de compagnie au prieuré de Notre-Dame de la Montagne » appuyé par la valeur d’action de premier plan « allèrent » montre qu’ils font la route ensemble, ce qui est surprenant et remarquable par les autres. Ensuite les deux adjectifs qualificatifs « la courte et ronde » dressent un portrait péjoratif de mademoiselle Kerkabon. On dirait qu'il décrit une petite boule, ce qui n'est pas très sympathique pour cette femme qui a sans doute par ailleurs des qualités. De plus, l’adjectif qualificatif « courte » indique qu’elle a des petites jambes. Le groupe nominal « ses petits yeux » appuie le fait que Mademoiselle Kerkabon ne rentre pas dans les critères de beauté du 18ème siècle. Ensuite la métaphore méliorative « ce grand garçon-là a un teint de lis et de rose » décrit le huron, notamment sa taille et sa couleur de peau. Elle insinue qu’il a une peau plus claire contrairement aux autres Hurons qui devraient avoir le teint plus foncé, elle semble donc avoir des préjugés raciaux Aussi, la phrase exclamative « qu’il a une belle peau pour un huron ! » est un compliment surprenant pour un homme et vient davantage appuyer les préjugés raciaux de cette dernière. D’autant plus que la phrase « et disait de temps en temps » appuie le fait que Mademoiselle de Kerkabon se répète, l’imparfait viens le souligner. En effet, elle est obsédée par la couleur de peau ce qui entraine une image négative d’elle. L’hyperbole « elle faisait cent questions coup sur coup » met en lumière l’insistance et l’harcèlement dont fait preuve madame Kerkarbon envers le huron. Tandis que le huron, malgré l’insistance de cette dernière, répond toujours de manière gentille, polie, serviable et aimable « le voyageur répondait toujours fort juste ». Par ailleurs, ce qui est surprenant c’est que le huron est devenu « le voyageur », nous pouvons donc deviner que les questions portent sur ses voyages, ce qu’il a exploré, vu dans le monde. Nous pouvons donc remarquer un contraste entre les personnes penchant vers un certain racisme et le huron victime de ces stéréotypes, mais demeurant toujours courtois.

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