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L'hiver qui vient, Jules Laforgues

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Par   •  17 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 406 Mots (6 Pages)  •  3 073 Vues

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L’hiver qui vient

Introduction : à rédiger

Analyse linéaire du poème :

I   L’hiver une saison morbide

Le poème débute avec deux exclamatives qui semblent traduire un cri de douleur.  A leur suite on peut relever la répétition et l’anaphore de l’interjection « Oh ! » ainsi qu’une aposiopèse qui donne l’impression d’une difficulté du poète à parler tant l’émotion est forte.  Cela est renforcé par l’utilisation de phrases nominales, qui donnent l’impression d’un sentiment de désespoir qui jaillit sans ordre ni construction de la pensée. La métaphore du « blocus sentimental » témoigne de la solitude du poète qui n’a plus accès à aucun sentiment. Cependant compte rendu de sa façon de s’exprimer le lecteur à du mal à croire que le poète soit coupé de toute émotion. L’anaphore en « Oh ! » se double d’un parallélisme entre la pluie et la nuit, grâce à la répétition de « tombée ».  Cette analogie entre l’obscurité et la pluie renvoie l’image d’un univers gris, sombre. Ce phénomène est renforcé par la présence du vent au vers 3 mais aussi à nouveau l’aposiopèse. On comprend que tous les éléments sont désagréables au poète, le monde, décrit à travers les yeux du narrateur, devient le symbole de l’intériorité du poète et de son ressenti.

L’énumération glaciale au vers 4 de fêtes traditionnellement joyeuses de fin d’année, d’hiver donne l’impression que le poète voit ces réjouissances défiler sans y prendre part. Ces fêtes ne font plus sens, elles passent, sont remplacées, marquent peu.  

Au vers V5 on pense retrouver un peu de gaité avec l’évocation des cheminées. La cheminée étant traditionnellement rattachée au confort, au foyer, cependant ici les cheminées du poète, qui lui apportaient jadis du réconfort, sont bloquées et se transforment au vers suivant en « usines ». Cette transformation du foyer en élément industriel, artificiel démontre une perte de réalité heureuse.

 Le poème démarre sur un cri de souffrance et de solitude d’un poète qui traduit sa douleur par la description d’un paysage triste et sombre. Une position marginale du poète qui semble ne plus avoir aucune source de réconfort, un état qui rappelle donc le spleen Baudelairien et notamment le poème « quand le ciel bas et pour pèse comme un couvercle sur nos longs ennuis ».

 

II La corruption morale et physique, le désespoir du poète et son aliénation

A la suite de cela on peut observer la description de visions récurrentes en hiver, comme les « bancs mouillés » ou les « bois rouillés ». Le banc est un endroit de repos et de contemplation, qui symbolise la possibilité pour le poète de s’inspirer du monde qui l’entoure. Or ici les bancs sont « mouillés », il n’y a donc plus d’espace de repos ou de réconfort possible.  Cela est renforcé par la négative « on ne peut plus s’asseoir », associée au « on » de généralisation et à la répétition au vers 9 (qui fonctionne comme une épanadiplose (une répétition en fin de vers et en début de vers »)), qui traduisent en effet la sensation d’enferment du poète, qui, incapable de trouver un lieu de repos, se trouve enfermé dans un monde de douleur. Le poète s’adresse ici à une tierce personne et cela à l’impératif comme l’indique la formulation « crois-moi ». Cette personne est cependant inconnue.  Le « C’est bien fini jusqu’à l’année prochaine » fait allusion à la fin, à la mort à venir, le poète se parle à lui-même et refuse tout espoir et fait ses adieux. On remarque/observe toujours un état d’esprit marqué par la négativité, le narrateur a l’impression que le monde l’opprime, comme l’indique la répétition en parallélisme au vers 9 de « tant », et même se retourne contre lui ; l’analogie bancs/ bois avec une inversion, (cela devrait en effet être les bancs qui sont rouillés et les bois qui sont mouillés) donne en effet l’impression d’un monde où tout est corrompu et où les valeurs sont inversées.

Au vers 11 on une impression de reprise de comptine avec la formulation « ton taine ». La parole tourne à l’obsession et le poète perd peu à peu sa rationalité, divaguant d’un sujet à l’autre mais tout en gardant une parole toujours marquée d’un désabusement/ lassitude du monde.

On observe ensuite à la strophe suivante (peut-on parler de strophe ?) une personnification de la pluie, allégorisée en « nuées ». Le spleen, voile de désespoir, s’abat sur le poète et gâche la vie symbolisée par « dernier dimanche ».

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