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Lecture analytique - La Cigarette (Jules Laforgue)

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Par   •  9 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  1 115 Mots (5 Pages)  •  5 217 Vues

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Lecture analytique n°2

La Cigarette

Problématique : Dans quelle mesure ce poème dresse-t-il un autoportrait dérisoire ?

Introduction :

Né en 1860, Jules Laforgue fait partie de ces poètes du XIXe siècle qui, comme Baudelaire ou Verlaine, connurent une vie brève et un destin tragique. Inadapté à la société, malade, et de surcroît mal reconnu de son vivant en tant que poète, il meurt en 1887, à 27 ans en laissant derrière lui son œuvre inachevée, où l’on retrouve un sentiment d’ennui, de malheur, et la volonté de s’évader. Entre 1880 et 1882, il écrit donc une trentaine de poèmes, qu’il ne publiera pas de son vivant car il les considère comme un “ramassis de petites saletés banales”. Ils sont finalement publiés à titre posthume en 1901, rassemblés dans le recueil Le Sanglot de la Terre. Parmi ces textes, on trouve le sonnet “La Cigarette”, où Laforgue évoque les sensations qu’il éprouve en fumant une cigarette.

En étudiant ce texte, nous allons expliquer dans quelle mesure ce poème dresse un autoportrait dérisoire. Pour cela, nous verrons que Laforgue fait un constat ironique d’une vie monotone et de la mort. Puis, nous mettrons en évidence les moyens auxquels il recourt pour échapper à son angoisse existentielle.

I – Un constat ironique d’une vie monotone et de la mort

a) Prise de conscience de la platitude de l’existence / refus de croire en un autre     monde

- affirmation dès le premier vers de la monotonie de la vie avec une phrase déclarative : “Oui, ce monde est bien plat”

mise en apposition de l’adverbe “Oui ” + adverbe d’intensité “bien” = renforcent cette idée et mettent en évidence le caractère fataliste des propos de Laforgue

- refus de croire à un au-delà : “quant à l’autre, sornettes”

→ son mépris se retrouve dans le mot dépréciatif “sornettes” (= balivernes, idioties)

(il a perdu la foi suite à la mort de sa mère à ses 17 ans)

- vers 2 : rythme lent créé par la présence des 4 virgules → illustre l’attente

- le pronom personnel “Moi” est mis en apposition → le poète met en avant sa différence et son identité face aux autres

- l’emploi du participe passé “résigné” montre qu’il accepte son sort

   Rimes associées : “sort” et “mort” = rimes significatives → fatalité tragique

- “sans espoir” → la préposition “sans” accentue l’idée qu’il ne croit en rien

    → pessimisme du jeune poète

- D’après Laforgue, la vie est l’attente de la mort : “tuer le temps” (vers 3)

→ le temps est associé à la mort (allégorie)

→ expression de registre de langue familier : étonne le lecteur

- athée : il refuse toute perspective après la mort (= refus du paradis chrétien)

Le sien est différent.

    b) Il devient provocateur vis-à-vis de ses contemporains et de Dieu

- vers 5 = ordre cynique (moquerie cruelle) par l’impératif

“Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes” → mépris de ses contemporains

- c’est une apostrophe : il s’adresse directement aux autres vivants à travers la périphrase “futurs squelettes” = rappel de la nature humaine

→ l’allusion à a mort prochaine rappelle les Vanités (genre de nature morte)

→ “memento mori” (souviens-toi que tu es mortel)

- son dédain est accentué par l’adjectif “pauvres” → il se place au-dessus, moqueur

- antithèse entre “vivants” et “squelettes”

- Les efforts pour vivre lui paraissent dérisoires.

- vers 4 : “Je fume au nez des dieux” → attitude narquoise et provocatrice

- Le poète nargue Dieu : emploi du déterminant indéfini pluriel “des” = montre l’athéisme de Laforgue, car le pluriel connote une croyance païenne (référence à la mythologie gréco-romaine) et non monothéiste comme la religion chrétienne

→ Le poète méprise ceux qui vivent en sachant, malgré tout, qu’ils vont mourir.

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