L'ennemi Baudelaire
Commentaire de texte : L'ennemi Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bouyou • 4 Mai 2019 • Commentaire de texte • 1 185 Mots (5 Pages) • 1 641 Vues
« L’ennemi » in « Spleen et Idéal », Les Fleurs du Mal (1857)
Introduction :
Le topos du « Temps qui passe » a été largement exploité par les poètes romantiques à l’instar de Lamartine qui voulait dans « Le Lac » en suspendre le cours (« ô temps, suspends ton vol ! »). Baudelaire est un poète du XIX ème qui a été influencé par le mouvement romantique avant de s’en détourner. Il a épanché ses sentiments personnels dans quelques poètes. Le sentiment d’être tributaire d’un Temps qui dévore un peu plus chaque jour l’Homme est ainsi récurrent chez lui. Le poème « L’ennemi » en témoigne. C’est un poème lyrique, un sonnet écrit en alexandrins présentant des rimes croisées qui s’inscrit dans la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal. Largement autobiographique, il présente un Baudelaire qui, dans un premier temps espère lutter contre le temps qui passe avant de se soumettre face à « l’ennemi ». Comment cette angoisse du temps qui passe s’exprime-t-elle ? Au moment de faire un bilan sur sa vie, Baudelaire apparaît tiraillé entre Spleen et Idéal ; face à l’inexorablement fuite du temps, il finit par céder au Spleen.
Axe1 : Au moment de faire un bilan sur sa vie, Baudelaire apparaît tiraillé entre Spleen et Idéal
A)Un bilan négatif de son passé et de son présent :
Arrivé à l’âge mûr( périphrase de « l’automne des idées » V.5 pour la maturité), Baudelaire se tourne vers son passé pour l’analyser. Sa jeunesse est jalonnée par des événements perturbants : perte du père, remariage de la mère vécu comme une trahison, rebellion du lycéen, vie d’errance et de bohème.
Le poème débute sur un constat : celui de l’homme mûr qui se tourne vers son passé (rétrospection) et fait un bilan : « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage ». le ton est celui de la confession après le l’adjectif possessif « ma ». Les allitérations en [s] renforcent l’idée d’une confession susurrée à l’oreille du lecteur.
Pour faire un bilan plutôt négatif (voir le restrictif « ne …que »V.1), il choisit la métaphore filée du mauvais temps. Le phénomène météorologique bref et violent de « l’orage » renvoie à une jeunesse perturbée et trop courte d’où le passé simple « fut ». Le GN « ténébreux orage » est un pléonasme pour « noircir » volontairement le tableau.
B) Mais un bilan constrasté qui lui donne un espoir de reconstruction possible dans le futur proche :
Tout n’est pas négatif dans la jeunesse de Baudelaire d’où cette envie de la restaurer.
Des moments heureux jalonnent cette jeunesse : « Traversé ça et là par de brillants soleils » V.2. Le GN « brillants soleils » s’oppose dans un parfait parallélisme de construction au GN du V. 1 « ténébreux orages ». La disposition en rimes croisées permet d’opposer les moments négatifs (« ravage » »V.3) et les moments positifs : « fruits vermeils ».
Même si sa jeunesse est partiellement ravagée, Baudelaire exprime une envie de restauration au V.6 : « qu’il faut employer la pelle et les râteaux ». Ce besoin est impérieux si l’on en juge par le subjonctif du verbe falloir « qu’il faut ». Le but (exprimé par la circonstancielle de but « pour rassembler à neuf les terres inondées »V.7) est bien de remettre en ordre un « jardin intime » mis à mal.
Il a encore des envies de création d’où la métaphore des « fleurs nouvelles » V.9 qui renvoie au titre de son recueil et fait penser à de nouveaux poèmes. Il a des « idées » V.5 et des « [rêves] »V.9 donc un Idéal, celui de s’en sortir, de s’élever. Les « Fruits vermeils »V.4 sont les fruits nourriciers. De même la comparaison « ce sol lavé comme une grève » V.10 fait penser au limon déposé sur la plage, sorte d’engrais, de « mystique aliment »V ;11 qui donnerait aux créations de Baudelaire de la « vigueur » c’est-à-dire de la force.
Pourtant une impuissance
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