L'apologue selon La Fontaine
Analyse sectorielle : L'apologue selon La Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vkcyfuiui • 2 Décembre 2017 • Analyse sectorielle • 1 165 Mots (5 Pages) • 2 578 Vues
INTRODUCTION :
- La Fontaine (1621-1695), dans sa préface, se réclame de la tradition des fabulistes qui s’inspirent des paraboles dans lesquelles la sagesse divine se dissimule sous la forme d’un récit fictif agrémenté d’animaux ou d’êtres fabuleux.
L’analogie (point commun) entre l’Homme et l’animal rappelle les lois de l’apologue :
« L’apologue se divise en 2 parties, dont on peut appeler l’une le corps et l’autre l’âme. Le corps est la fable et l’âme la moralité. »
Sous la légèreté du conte animalier se cache la gravité des propos.
- Le Livre VIII des Fables s’ouvre sur le « pouvoir des fables » et poursuit sur une méditation sur la mort (« la mort et le mourant »).
La fable (Le cochon, la chèvre et le mouton), participe à la conscience tragique de la mort en termes de charcuterie.
En quoi cette fable relève-t-elle de l’apologue ?
Plan
I La Fabrique du récit
- Le fonctionnement allégorique :
- Les animaux de la fable appartiennent au bestiaire (recueil de fables sur les animaux) de la ferme
- Animaux => prennent vite figure humaine « personnes » « honnêtes » = chèvre et le mouton et « subtile personnage » = cochon : provoquent l’ambivalence (opposition) métaphorique entre l’homme et l’animal => nécessaire au fonctionnement de l’allégorie.
- Ressemblance physique entre l’Homme et l’animal est faite : Chèvre « criait du haut de sa tête » v22 Mouton : caractérise par sa bêtise « est un sot »V18 Cochon : crie comme un goret que l’on égorge « a rendre les gens sourds »V9
- La dénomination du cochon « Dom Pourceau » =opulence sociale de cochon (comparaison avec un moine) et l’opulence physique avec l’adjectif « gras » à la rime.
- Remarquons V1 : séparation du cochon des 2 autres animaux = solitude dans le second hémistiche avec l’usage de la préposition « avec » et l’emploi de l’adjectif monosyllabique : gras
Le cochon = symbole de l’abondance, du plaisir de se nourrir, de la jouissance d’1 corps repu.
- Construction de la fable :
- Le 1e quatrain à rimes croisées rappelle que le conteur reprend un model : le rythme entrainant des 2 premiers vers => soutenu par les monosyllabes, par l’assonance interne « char et foire »
Les 2 vers suivants participent du mouvement avec la reprise du verbe « s’en allait » avant que n’arrive l’explication du conteur, sous forme de lilote (dire moins pour laisser entendre plus)= « Leur divertissement ne les y portait pas »
- Les 3 octosyllabes suivants => même rimes : « dessein » « Tabarin » « chemin »= cette rime fait allusion a TABARIN (farceur) : réfèrent réel connu du lecteur : contexte temporel.
- Le récit s’enchaine ensuite sur 4 alexandrins unis par le sens => les cris du cochon + assonance des rimes croisées (trousses/douces/sourds/secours)
- L’octosyllabe isole V12 = relie le dialogue du charton et du cochon grâce a une rime riche a charge sémantique forte (sens du mot) (craindre/plaindre) = contient le sens de ce dialogue
- Alternance : alexandrins/octosyllabe montre la vivacité du conteur + désir de ménager son lecteur de l’effet de surprise
- Ainsi la fin du discours cochon/charton V18 bute sur une césure pour souligner l’antithèse entre « sage/sot »=> le dialogue avec le lecteur succède au dialogue des personnages + répond aux questions du cochon
- La polyphonie de la fable
- Les voix du récit : 2 personnages échangent des propos dans le corps de la fable : charton + cochon
- Simplicité du charton => phrases brèves, paratactiques et questions simples
- Eloquence du cochon => varie les registres, manie l’antithèse V18 et ose des symétries de construction pour parler de ses compagnons («du haut de son gosier », « du haut de sa tête »)
- Jeu subtiles entre la voix du conteur (corps) et la voix du fabuliste qui n’apparait que dans la morale = pour rétablir la fonction didactique de l’apologue.
- Autant le conteur affecte la légèreté dans l’allusion à Tabarin, à la foire ou dans l’usage d’expressions familières V8 Autant le fabuliste insiste sur la leçon moraliste.
- TRANSITION : Mais la fabrique de la fable n’est-elle pas, avant tout, une invitation à comprendre les lectures multiples de sa leçon morale ?
II. La méditation sur la mort
- La leçon explicite de la fable
- Si la chèvre et le mouton vivent dans l’ignorance et l’indifférence, le cochon, lui, interprète les signes en animal raisonnable et décelé la vérité de son « destin »qui est d’être mangé (« ma mort est certaines »)
- Son discours est construit = connecteurs logiques (« mais ») + constructions hypothétiques (« s’il savait son affaire…s’ils ont raison ») ; de l’observation en découle une certitude : sa mort prochaine.
- Le caractère inéluctable de cette situation est posé d’emblée => nous sommes tous « embarques » V2 dirait Pascal, « montés sur même char » pour un destin commun que les cris ne peuvent éviter ce qui nous mène le cochon a une conscience de la finitude humaine.
- Le ton vient contredire le sens = il est cocasse/amusant ce qui rend le pourceau ridicule et ses plaintes dérisoires
- La morale montre qu’il y dans l’attitude des 2 compagnons du cochon plus d’héroïsme que dans la conscience tragique de la mort : l’inéluctabilité de la mort doit inciter à vivre.
- L’interprétation janséniste
- A la lumière des Pensées de Pascal => chèvre + montons représenteraient le peuple dont la sagesse (dernier mot de la fable) est issue de l’ignorance naturelle
Le cochon = semi-habile (dirait Pascal) car sa compréhension du cours des choses le pousse a semer le trouble
- Tjrs selon les Pensées, le fabuliste inviterait le lecteur a rejoindre la sagesse des « habiles » = ceux qui savent que toute connaissance est vaine, que tout le monde est dans l’illusion.
- Le cochon est qualifié de « subtile personnage » : notion péjorative qui s’adresse aux beaux esprits
Animal raisonneur, de la droite raison dans un excès de raisonnement qui le détourne du droit chemin de sa condition de mortel (« leur divertissement »)
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