L'apologue est-il une forme d'argumentation efficace pour argumenter et faire réfléchir le lecteur sur un sujet?

L’apologue vous parait-il une forme d’argumentation efficace pour argumenter et faire réfléchir le lecteur sur un sujet ?

      Mis à l’écrit à partir de la Grèce Antique, l’apologue est un court récit en vers ou en prose qui amène le lecteur à réfléchir à travers une moralité explicite ou implicite. C’est un sous genre argumentatif qui réunit fables, contes, utopies(ou dystopies) et contes philosophiques. Mais est-ce vraiment une forme d’argumentation efficace ?                                                                                                                                                     Nous verrons dans une première partie que la forme même de l’apologue lui donne une certaine efficacité argumentative pour ensuite étudier les limites de cette efficacité dans une seconde partie.  

   Avant tout, la forme de l’apologue permet de créer une argumentation efficace.                                                              D’abord, les visées principales de l’apologue, recherchées dans la littérature principalement au 17ème siècle, sont de divertir et d’instruire. Sa dimension divertissante permet à l’apologue de toucher un public plus large et de faire passer un message de façon plaisante. Candide de Voltaire est un conte philosophique plaisant et drôle qui fait également beaucoup réfléchir. Aussi, la forme simple et courte de l’apologue le rend accessible à tous, dont les enfants. Ce côté simple et amusant attire les lecteurs et permet à l’auteur de lui faire passer un message et de le convaincre. Dans Le pouvoir des fables de Jean de La Fontaine, l’auteur met en abyme la fable et convainc le lecteur que celle-ci permet d’attirer le public et de le faire réagir. Dans un premier temps, La Fontaine met en scène un orateur qui essaye de sauver la cité d’Athènes en s’adressant au Sénat, mais personne ne prête attention à son discours : « on ne l’écoutait pas.» Puis, ce même orateur commence à raconter une fable, ce qui fit réagir le public : « L'assemblée à l'instant cria tout d'une voix. » Grace à une fable, l’assemblée « se donn[a] entière à l'orateur.» L’apologue a donc attiré la foule grâce à une histoire tout en respectant son but de départ : faire réfléchir. La facilité séduit.                                                                                                                                               Ensuite, l’apologue permet à l’auteur d’argumenter sur un point en l’illustrant grâce à une histoire. C’est ce qui permet de faire réfléchir le lecteur et de retenir son attention. Ce denier peu comprendre l’intention de l’auteur grâce à une situation précise, concrète et surtout compréhensible. Le lecteur peut s’y identifier.  Cette mise en scène permet d’avoir un texte argumentatif objectif s’appuyant sur du concret.  L’auteur peut ainsi aller droit au but et rester à l’essentiel. Aussi, l’éloignement spatio-temporel de nombreux apologues sert à s’adresser à  des personnes éloignées culturellement et/ou temporellement. Le lecteur peut ainsi comprendre le texte et sa visée didactique malgré ses différences. L’apologue a une portée universelle. On trouve un exemple célèbre d’éloignement spatio-temporel dans  le symbolique « Il était une fois » des contes. C’est pour cela que l’on retrouve des contes très similaires, ou plutôt des versions adaptées d’un même conte à travers le temps dans des cultures éloignées, le conte étant avant tout une tradition orale. Le conte populaire de Cendrillon se retrouve aussi bien en France qu’en Russie et même en Chine, la première écrite version datant de l’an trois et se situant en Egypte. Grâce à ces critères, l’argumentation est à la portée de tous et il est facile de s’y identifier.                                                                                                                                                                      Enfin, l’apologue, étant une histoire, ne vise pas directement les sujets de la morale et la critique se fait discrète. Cela permet à l’auteur de passer outre la censure et d’exposer son point de vue en toute liberté. En effet, cette forme d’argumentation est pratique pour dénoncer les problèmes de la société, notamment quand la liberté d’expression n’est pas permise. Jean de La Fontaine, poète français renommé pour ses Fables, utilise très souvent les animaux, qui parlent, afin de représenter un certain type de personne. Ainsi, le renard est rusé et l’agneau naïf. L’auteur  explique lui-même, dans sa dédicace des Fables au Grand Dauphin, qu’il se « ser[t] d’Animaux pour instruire les Hommes. »

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