L'amour est-il aliénation ?
Dissertation : L'amour est-il aliénation ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Anthony Supertramp • 20 Mars 2021 • Dissertation • 1 716 Mots (7 Pages) • 841 Vues
La tragédie classique met en scène des personnages antiques, et se nourrit en grande partie du thème de l’amour. Un amour représenté dans ces pièces de Théâtre comme une force supérieure qui viendrait frapper les héros ou les héroïnes, leur faisant perdre leur capacité de raisonnement. Totalement subjugués par la fureur de leurs sentiments, ces personnages sont voués à se livrer aux pires excès, les entrainant fatalement à leur perte et à celle des autres. C’est dans cette mesure que nous allons tenter de commenter l’affirmation d’Antigone « L’Amour est-il aliénation ? »
Dans un premier temps, nous verrons que cette aliénation peut effectivement conduire l’individu à la perte de lui même, et nuire plus largement à la société.; puis dans un second temps, nous observerons qu’a l’inverse, l’amour peut être vecteur de sentiments autrement plus bénéfiques, pour l’individu et la collectivité . On pourra ainsi parler dans un dernier temps de la dualité découlant de ces deux aspects de la passion amoureuse, et de sa subjectivité aux yeux de chacun, nous empêchant ainsi d’établir une vérité universelle sur l’Amour, contrairement à ce qu’affirme Antigone, dans la pièce de Théâtre de Sophocle.
Dans la célèbre pièce de Jean Racine, Phèdre voue un amour totalement dévorant pour son beau fils Hippolyte, qui finira par causer la perte de ces deux personnages. Dans ce cas précis, l’amour représenté est un crime monstrueux car immoral et incestueux. L’Aliénation provoquée par la fureur amoureuse a donc poussé Phèdre à se soustraire des codes moraux en vigueur, car elle n’a jamais réussie à dominer ses passions. Celle ci finira par se suicider, ce qui démontre bien à quel point l’engrenage dans lequel elle fut prise a été destructeur. Cette force supérieur nous renvoie à une fatalité, à un destin dont les personnages ne peuvent pas se soustraire. Il y a dans le théâtre classique la volonté de dépeindre l’amour de manière péjorative, et pour cela le héros doit être châtié, afin de guider le spectateur vers la bonne conduite à suivre.
Tout comme le dramaturge, le romancier expose une vision tourmentée de l’individu dans ses oeuvres. Gustave Flaubert présente dans Madame Bovary une femme romantique et rêveuse, qui a une vision exaltée de l’Amour. Bien qu’étant déjà mariée et ne souffrant d’aucun manque matériel apparent, elle ne parviendra jamais a se satisfaire de sa situation, et voudra pousser ses désirs toujours plus loin. Ses excès et tromperies vont la mener elle aussi au suicide; tandis que son mari, lui, se retrouve complètement ruiné et déshonoré. Il semble donc que l’individu soit incapable d’échapper au délire de la passion amoureuse qui le frappe, et que l’issue se termine dans de nombreux cas de manière tragique. Outre les effets ravageurs d’un amour irraisonné sur l’homme et son proche, l’impact qu’il représente sur la société est loin d’être négligeable.
Lorsqu’il menace de briser l’ordre social, l’humain joue un rôle forcement négatif sur ses contemporains. On peut prendre comme exemple le libertin Valmont dans les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Le vicomte joue a un jeu dangereux avec Madame de Mertueuil, avec qui il a parié pouvoir séduire la pieuse Mme de Tourvel. Animés par leurs désirs de conquête et de liberté absolue, ces individus sont prêts à pousser les autres vers le mal dans le but unique de satisfaire leurs propres désirs. Cette vision d’un Amour libre et volatile s’oppose avec les valeurs chrétiennes et les bonnes moeurs de la société du XVIIIe. Ainsi, pour l’homme et la collectivité de manière plus large, on peut légitimement définir l’Amour comme étant une aliénation, une malédiction qui dévierait l’individu du droit chemin. Celui-là va à l’encontre de l’intérêt général, là où chacun doit normalement se conduire de manière à ne pas nuire aux autres. Ce qui valide dans un premier temps l’affirmation d’Antigone.
Cependant l’amour peut au contraire donner à l’individu un nouvel élan et des valeurs nouvelles afin de tendre vers un objectif. Au moyen âge, la courtoisie permettait au chevalier de s’élever socialement afin de conquérir sa belle. (Même si en réalité inaccessible) Si ces amours n’ont pas vocation à être consommées, l’abnégation, la bravoure et la fidélité du chevalier sont autant de notions qui peuvent permettre à l’homme de se sublimer, et de tendre vers le meilleur. Dans Chretien de Troyes, Lancelot monte aux cotés du nain dans la charrette pour aller retrouver sa dame. Il fait abstraction du ridicule ce qui l’oblige à mettre son ego de côté. Ainsi, tel que le disait Phèdre dans son discours au Banquet de Platon « L’amour rend vertueux et dévoué, il inspire le bien », il permet à l’individu de se sublimer et de se civiliser, d’aller naturellement vers le bien, et cela au départ, grâce à ces sentiments dévoués.
D’autre part, l’amour peut jouer un rôle libérateur. Lorsque la société est corrompue ou réprime toute épanouissance individuelle, on peut considérer qu’il
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