L'amour du prochain

DEVOIR SUR LES MARQUES DE L’ENONCIATION

Après une nuit d’écriture, François Billetdoux (auteur dramatique français qui a élaboré un théâtre de l’ironie ; 1927-1991) dépose cette lettre dans la salle de bains de sa fille Rafaële, douze ans (née en 1951 ; auteur notamment de Mes nuits sont plus belles que vos jours, prix Renaudot, 1985). Elle utilisera le même moyen pour lui répondre le lendemain.

Il ne se doutait pas qu’à son tour elle deviendrait écrivain.

     Ma Rafaële,

     Ne pense pas que tu es malchanceuse, comme tu l’as dit encore ce soir à table. C’est mal jugé et s’attrister pour rien que d’envier ceux qui n’ont pas les mêmes ennuis que soi-même.

     Il n’y a personne au monde qui vive sans ennuis. Mais les gens bien sont ceux qui regardent et qui soignent les qualités et les talents qu’ils possèdent.

     Tu as l’impression que beaucoup de choses pour toi sont difficiles. Eh bien, sois-en contente au lieu de t’en plaindre : tu auras beaucoup plus de satisfaction à réussir ce que tu veux faire et tu auras cette chance de connaître plus profondément ce contre quoi tu te seras battu.

     Ah ! j’ai bien du mal à t’expliquer ce que je pense et à me faire comprendre de toi !

     Sache que, pour ma part, j’ai toujours dû travailler davantage que n’importe quels autres faisant les mêmes métiers que moi et j’ai ragé souvent, comme toi, de voir que pour eux, tout paraissait plus facile, qu’ils avaient du succès sans fatigue, par exemple.

     Mais je ne rage plus. J’ai compris l’histoire du lièvre et de la tortue. Et je suis content d’être une tortue besogneuse et têtue.

     Pense à tout ce que tu as, sans t’occuper de comparer à ce que les autres ont de leur côté.

     Ce qu’il faut, c’est bien faire ce qu’on a à faire, tu le sais, et de faire de mieux en mieux, non par rapport aux autres mais par rapport à toi.

     Je n’aime pas que tu sois triste, je préfère que tu sois mécontente de toi pour que ça te donne du nerf et de la vivacité et que tu te rendes contente.

                                                 Je t’embrasse bien fort.

                                                                                                                       Papa

QUESTIONS

1. Pourquoi selon vous, le père de Rafaële Billetdoux, qui vivait sous le même toit que sa fille, éprouve-t-il le besoin de lui écrire ? Que peut-on imaginer de la situation qui a motivé cette lettre ?

1. A quel mode est le premier verbe ? Pourquoi est-il utilisé ? Cherchez dans le reste de la lettre d’autres emplois similaires. Sont-ils nombreux ? Quelle visée donnent-ils à cette lettre ?

1. Etudiez les pronoms personnels du quatrième paragraphe. Quelle remarque pouvez-vous faire ? Quel ton donnent-ils à ce paragraphe ?

1. Pourquoi, dans le cinquième paragraphe, François Billetdoux parle-t-il de son expérience ?

1. Reprenez votre réponse à la question 1 : essayez de la compléter, si nécessaire, à l’aide de l’étude que vous venez de faire.

V. Perrin-Page. BTS.

Devoir sur les marques de l’énonciation.

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