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L'Etranger de Camus

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Par   •  4 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 708 Mots (7 Pages)  •  450 Vues

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Camus, L’Étranger : l'épilogue (ou explicit)

Proposition de plan d'étude

Brève situation du passage

Il constitue la fin du roman : Meursault vient, dans sa cellule et la veille de son exécution, d'éprouver une très vive colère, provoquée par la visite de l'aumônier. Cette colère est le signe du dernier refus par Meursault de la société telle qu'elle l'entoure et se propose (et tente de s'imposer) à lui : il lui reste fondamentalement, et cette fois de manière active et consciente, étranger. Cette ultime catharsis (la colère de Meursault) fait ici l'objet d'un bilan, car « quelque chose » a changé, le héros semble purgé, purifié, paradoxalement serein.

I. La transfiguration de Meursault...

Une paix retrouvée.

- l'emploi de « calme » l.1 est représentatif de l'extrait. Associé à « épuisé » l.2, il témoigne de l'état léthargique de M. après sa colère : un genre de repos du guerrier. Cette léthargie est représentée par l'isotopie du sommeil « couchette » l.2 « dormi » l.3 « réveillé » l.4 « nuit » l.6 « endormi » l.8 (noter ici l'hypallage).

- Ce calme correspond à l'état post-catharsis de M. (Rappel : il s'agit de la purgation des passions) : la « grande colère » l.24 est assimilée à un combat, puisque cet extrait est une « trêve » l.19 ; si Meursault est incarcéré, elle l'a paradoxalement libéré « purgé » l.24 « vidé » l.25 (cela correspond exactement au sens premier de la catharsis, physiologique). Cette libération lui permet une ouverture nouvelle au monde, qui passe par le corps et les sens.

Une nouvelle harmonie, cosmique.

- Outre l'isotopie du repos, de nombreuses occurrences des sens convoqués par Meursault, qui est resté sensualiste : évidente synesthésie, avec la vue « des étoiles » l.4, l'ouïe « bruits » l.5, l'odorat « odeurs » l.6, le goût « sel » l.6, le toucher « rafraîchissaient » l.6-7. Ce déploiement des sens permet aux éléments d'agir sur le corps et l'esprit de Meursault comme un baume, un cordial.

- Par opposition au soleil porteur de malheur et de souffrance pour Meursault, la nuit apporte une « merveilleuse paix » l.7, et l'été personnifié est à présent « endormi » l.8. Meursault se trouve ici en harmonie avec le monde : il s'ouvre à lui « je m'ouvrais pour la première fois » l.26-27, et celui-ci « entre » pour prodiguer ses bienfaits « montaient jusqu'à moi » l.5, « entrait en moi » l.8, comblant le vide laissé par la catharsis précédant l'extrait. L'image de la marée (cf comparaison l.8-9), avec sa douce allitération en [m] témoigne de cette nouvelle sérénité, ainsi que le rythme ternaire l.6 « de nuit, de terre et de sel », aux apaisantes monosyllabes.

Une ascension spirituelle.

- Meursault voit la mer de sa cellule, il est donc en hauteur, et cette isotopie de la hauteur est relayée par les bruits qui « montaient jusqu'à [lui] » l.5, et par la présence des « étoiles » l.4. Ces « étoiles sur le visage » peuvent être lues comme une syllepse de sens, à entendre concrètement comme le reflet desdites étoiles, mais aussi au sens figuré : Meursault est à présent étoilé, éclairé, il comprend cf l.14 « il m'a semblé que je comprenais ». Cette position dominante de Meursault, à opposer aux écrasements précédents (par le soleil, au tribunal), lui permet de contempler le monde, tel un Sisyphe moderne arrivé au sommet de la montagne, fier de cette victoire et contemplant son rocher redescendre.

II. ...lui permet de rompre avec la société…

Deux mondes indifférents qui s'opposent.

- Deux occurrences du « monde » l.11 et l.28, associées toutes deux à l'indifférence « indifférent » l.12, « indifférence » l.27. Meursault oppose ici le monde des hommes, avec lequel il est en rupture consommée cf l.12 « à jamais », et le monde (celui de la nature, le monde cosmique) auquel il vient de s'ouvrir cf l. 26-27 « je m'ouvrais pour la première fois », et dont l'indifférence est « tendre ».

- La différence est marquée par l'expression des sons : confronter « Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi » l.4-5 (bruits du monde naturel « campagne », direction vers Meursault, emploi de l'imparfait duratif + allitération en [m] et sons nasalisés qui témoignent de la douceur de l'opération) et « A ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé » l.9-10 (bruits humains « sirènes » personnifiés et agressifs « hurlé », emploi du passé composé + juxtaposition des compléments rendant l'ensemble haché, brusque, violent).

Indétermination et agressivité

- Les hommes sont désignés de manière tout à fait indistincte, réduits à de simples rôles « départs » l.11, « spectateurs » l.33. Ils ne sont en outre pas individualisés, mais désignés collectivement, de manière indéterminée, comme en témoigne l'emploi du pluriel, des déterminants indéfinis « des » l.11, ou encore de la locution adverbiale « beaucoup de » l.33.

- L'agressivité fondamentale des hommes est aussi marquée par les sons « hurlé » l.10 et « cris » l.34, ce dernier terme étant associé à l'isotopie de la détestation avec le mot final « haine ». La dernière phrase, à ce titre, est représentative de cette agressivité : sont en effet à noter les allitérations en [s] et [k], imitant les sonorités brutales desdits « cris de haine », dans une ultime mise à distance relevant ici de l'harmonie imitative.

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