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L'EQUIPAGE de KESSEL

Commentaire de texte : L'EQUIPAGE de KESSEL. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  716 Mots (3 Pages)  •  1 317 Vues

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Développement :

I-Du ciel à la terre, de la guerre à la paix

A travers cette description (dont la lenteur épouse les gestes du personnage), Kessel veut mettre en valeur la force vitale du capitaine Thélis qui perdure jusque dans la mort. Passant progressivement de l’évanouissement à la conscience : « Lentement, confusément, le capitaine comprenait qu’il vivait encore. » (l.304) et « ramassant ses forces défaillantes » (l.296), Thélis semble s’arracher une dernière fois aux bras de la mort. Alors que son corps dépérit : « ses lèvres desséchées aspiraient l’air avec un râle « (l.303) ; « de son flanc gauche giclait une source tiède « (l.316), son désir de vivre se manifeste d’une façon surhumaine : il exhorte son camarade Marbot à se battre : « C’est toi, Marbot. Tire donc encore. » (l.300) et il trouve la force de marcher : « se mouvoir » (l.312). Une fois au sol, les sens de Thélis semblent se taire, la vue disparaît et seule l’ouïe le rattache encore au réel « plainte » (l.324) ; « appels nouveaux » (l.326) ; « le chant des cloches » (l.328) ; « voix » (l.329) ; « berceuse » (l.330) ; « le chœur » (l.331) ; « le froissement de l’airain et du bronze » (l.332). Les derniers instants de Thélis sont marqués par une impression de « douceur » (l.333), de fluidité et de tendresse : « tendre » (l.339). Dans cette mort qui semble se dérouler dans une paix absolue, c’est paradoxalement la vie qui a le dernier mot « Et dans la tendre mort le capitaine entre vivant encore. » (l.339).

II-Thélis, le héros solidaire

Cet épisode décrit le retour symbolique du corps de Thélis de l’air à la Terre. Le texte met en valeur la gravité qui influence désormais les mouvements du héros. Il semble aspiré par le sol : « il coula (…) vers la Terre » (l.297) ; « ses pieds butèrent », « il tomba » (l.298) ; « mordit l’herbe grasse » (l.320). Son agonie suit le mouvement de l’aurore : « les premiers faux du soleil l’éblouirent » (l.294) ; « Soudain le matin s’anima. » (l.324) comme un éco à sa personnalité solaire. Les sons et les voix qui accompagnent sa mort sont associés au féminin et à l’enfance : le capitaine accueille ainsi la sonnerie des cloches : « comme une amie, très vieille berceuse des enfances. » (l.330). Dans l’esprit de Thélis, le son des cloches semble relier le soleil et la terre : « Une plainte suave traînait sous le ciel. Timide, elle effleurait la terre à sa naissance. » (l.325), pour enfin accompagner la fusion : « Et la terre et le ciel s’étaient dissous en un fluide espace. » (l.336).

III-Un vibrant hommage

Si les morts des autres pilotes sont à peine esquissées, le fait que Kessel prenne le temps de décrire les derniers instants de Thélis n’a rien d’anodin. Avec le capitaine, c’est toute une époque qui disparaît. La mort du chef d’escadrille est mise en scène de façon grandiose, pour rendre hommage à des qualités hors normes. La focalisation interne (la scène est vue à travers le personnage) « il ne lui restait que le souvenir du bruit agonisant du moteur » (l.305) ; « Il ne pouvait songer à rien » (.309), la lenteur du rythme, qui semble mimer les derniers pas de Thélis, la description de chacun de ses gestes : « il se dégagea de la fourrure qui l’étouffait, puis, ramassant ses forces défaillantes, coula de la carlingue vers la terre toute proche » (l.295 à 297) et enfin son osmose métaphorique avec les éléments naturels contribuent à la sacralisation du héros. Le registre utilisé ici, est pathétique : « le capitaine comprenait qu’il vivait encore » (l.304) ; « le corps de son camarade et l’odeur du sang répandu autour de lui » (l.307-308) ; « source tiède » (l.316) ; « le ruissellement » (l.322) (désignent la plaie, la vie qui s’écoule).

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