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Jules Renard, comparaison des deux versions de Poil de carottes

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Par   •  13 Octobre 2020  •  Cours  •  3 401 Mots (14 Pages)  •  702 Vues

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Jules Renard, comparaison des deux versions de
Poil de carottes

Théâtre = genre à part

< mot grec : regarder, contempler 🡺 endroit où l’on voit, admire 🡺 œuvres destinées non pas à être lues, mais à être représentées et vues.

Comparaison

  • Texte théâtral comporte nombreuses particularités et indications supplémentaires :
  • Indications de genre : « comédie en 1 acte », numéros de scènes
  • Noms des personnages avant chaque réplique
  • Indication en italiques / texte à dire en caractères droits
  • Disposition très différente : texte à lire, informations passent par la médiation d’un narrateur / texte à jouer, représenté directement par des acteurs, sans narrateur 🡺 tout doit être dit et joué par les personnages. Pour faciliter le passage texte 🡪 représentation, l’auteur donne des indications destinées aux acteurs.

Exercice de transposition

  • A partir de « Si M. Lepic tue un lièvre » à « mieux le garder »

Poil de carotte, enthousiaste – Papa, nous n’en sommes qu’au début de la chasse et tu as déjà tué un lièvre !

m. Lepic – Veux-tu le laisser à la première ferme ou le cacher dans une haie, et nous le reprendrons ce soir ?

Poil de carotte, rangeant le lièvre rapidement dans le carnier — Non, papa, j’aime mieux le garder.

  • Toutes les informations sont données par les paroles des personnages, les verbes introducteurs disparaissent mais le nom de chaque personnage est indiqué avant chaque réplique, les attitudes des personnages sont indiquées en italique.
  • Texte de théâtre restitue directement la réalité du discours (paroles prononcées par les acteurs) ET donne des indications au lecteur, metteur en scène, acteurs : qui parle, à qui, et éventuellement où, quand, comment.

Texte et représentation

  • Moins il y a de didascalies, plus la part de liberté laissée par le dramaturge est grande.
  • Théâtre classique : peu de didascalies. Les codes de la scène et des genres sont connus. 🡺 des mises en scènes extrêmement variées en ont été faites.
  • XIXe : indications se multiplient.
  • Théâtre contemporain : codes et messages sont de moins en moins clairs, paroles des personnages de moins en moins signifiantes // dramaturge donne de très nombreuses indications pour combler ces lacunes du langage.
  • En passant du texte à la représentation, l’interprétation du texte, le choix des comédiens, les choix scénographiques (décors, costumes), ne dépendent plus de l’auteur, mais du metteur en scène et des acteurs. Un même texte peut donc faire l’objet de mises en scène très diverses selon les choix multiples du metteur en scène.

Auteur[pic 1]

Texte                          Lecteur                                                 Texte[pic 2]

(paroles + didascalies)[pic 3]

[pic 4][pic 5]

Metteur en scène         Acteurs[pic 6][pic 7]

Représentation                        Spectateur                                         Représentation[pic 8]

Texte interprété

[pic 9]

Lumière                                                        Choix et jeu des acteurs[pic 10][pic 11]

                        Représentation[pic 12][pic 13][pic 14][pic 15]

Musique                                                Mise en espace (scénographie)

        Costumes                        Décors

Texte théâtral et énonciation

  • Paroles des personnages : miment la réalité, sous forme de monologue, dialogue, aparté.
  • Mais drôle de manière de mimer la réalité : on ne parle pas seul à haute voix, on ne prononce pas des paroles que les personnages présents ne doivent pas entendre !
  • Texte de Molière : qui parle ? à qui ? Où ça se passe ? Qu’apprenons-nous ? A qui s’adressent tous les renseignements fournis dans cette première scène ?
  • Deux personnages se disputent et s’insultent. Deux personnages de comédie (et même de farce) : des paysans, qui s’expriment comme tels. Lui est un « faiseur de fagots », elle est son épouse et n’a qu’à s’en plaindre, si on l’en croit. Sganarelle semble très fier de lui, cite un philosophe… mais avoue son penchant pour la bouteille, ce dont sa femme rêve de se venger. Comique de situation, geste, caractère, mots. Une scène de dispute conjugale.
  • Pourquoi échangent-ils tous ces renseignements sur leur identité, caractère, relations (une scène d’exposition) ?
  • Ont de l’importance pour que le spectateur puisse donner du sens à ce qui va suivre. Molière s’adresse ainsi aux spectateurs. Scène d’exposition permet de prévoir élément perturbateur.
  • Qui parle ? Auteur + personnages

A qui ? Spectateurs + autres personnages

  • Deux émetteurs, deux destinataires = double énonciation théâtrale.

La distribution de l’information

  • Qui sait quoi ?
  • Un personnage peut parler d’une chose alors qu’un autre personnage comprend autre chose = quiproquo
  • Des personnages ont des info que les autres n’ont pas
  • Le spectateur en sait parfois plus / parfois moins
  • Une réplique peut avoir un sens pour le personnage en scène et un sens différent pour les spectateurs
  • Molière (Sganarelle doit examiner la fille de Géronte, Lucinde, qui fait semblant d’être muette pour empêcher son père de la marier contre son gré)
  • L. fait croire qu’elle est muette : joue la comédie // S. fait croire qu’il est médecin 🡺 théâtre dans le théâtre
  • Auteur et acteurs savent la vérité
  • Spectateur sait la vérité sur S. mais pas sur L.
  • G. ne sait rien.
  • L. ne sait pas la vérité sur S. / S. ne sait pas la vérité sur L.
  • 🡺 très compliqué, et source de comique.
  • La relation spectateur / personnage
  • Si spectateur s’identifie au personnage ou si ne sait pas tout : va vivre au 1er degré les peines et les joies, va assister naïvement à l’action.
  • Si personnage trop caricatural ou si a des info que les personnages n’on pas : va être en position de supériorité, ne vivra plus les événements avec la même crédulité, mais sera ravi ou désolé de voir combien le sort prévu est favorable ou cruel.
  • Sentiment d’identification = catharsis.
  • Regard critique = distanciation.

Synthèse

  • Quelles sont les différentes parties de cette scène ?
  • Discours de S à G, à part, sur des points de médecine fantaisistes
  • « Dialogue » Lu / son père
  • Discours mystérieux de S à Lé, son apothicaire (alias Léandre)
  • Quelle est la fonction du 1er discours de S à G ?
  • Discours en aparté pour masquer le tête-à-tête amoureux entre Lu et Lé, à l’issue duquel la jeune fille va retrouver miraculeusement la parole = comique de situation + comique de mots (délire dans vocabulaire médical) et de gestes (didascalies indiquent un jeu de scène typique de la farce)
  • Comment interpréter la disposition du dialogue entre L et son père ?
  • Comique de contraste : mutisme 🡪 logorrhée. Chaque objection du père est interrompue par des paroles définitives de la fille. Obstination, désir de rattraper le temps perdu pour faire valoir ses sentiments : interruptions brutales.
  • Comique : enthousiasme initial de G 🡪 requête finale
  • Qui comprend quoi dans le dernier discours de S ?
  • Un jeu qui isole Géronte
  • Il détient le pouvoir / nous en savons plus que lui et sommes à présent dans le secret des amoureux. Nous sommes complices de S, dont nous décodons avec plaisir le double langage.
  • A la barbe de G, la solution proposée par S aux amoureux est la fuite et le mariage secret.

Jules Renard, Poil de Carotte, 1894, « En Chasse »

M. Lepic emmène ses fils à la chasse alternativement. Ils marchent derrière lui, un peu sur sa droite, à cause de la direction du fusil, et portent le carnier. M. Lepic est un marcheur infatigable. Poil de Carotte met un entêtement passionné à le suivre, sans se plaindre. Ses souliers se blessent, il n’en dit mot, et ses doigts se cordellent ; le bout de ses orteils enfle, ce qui leur donne la forme de petits marteaux.

Si M. Lepic tue un lièvre au début de la chasse, il dit :

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