Jean Anouilh "Eurydice"
Commentaire de texte : Jean Anouilh "Eurydice". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Thomas Stähli • 9 Juin 2019 • Commentaire de texte • 880 Mots (4 Pages) • 2 844 Vues
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Jean Anouilh : Eurydice (1942)
Commentaire de texte : Premier Acte
Plan
- Situer l’extrait dans l’ensemble du texte :
- début du premier acte
- personnages : Eurydice, comédienne de théâtre, accompagné de sa mère et de sa troupe, Orphée, violoniste, qui joue dans les cafés avec son père
- lieu : dans un café de gare
- Eurydice attirée par la musique d’Orphée, première rencontre
- Contexte littéraire « réécriture »: Mythe revisité 🡪 Anouilh place le mythe d’Orphée dans le contexte de son époque
- Problématique : nous allons voir comment l’auteur mêle la trivialité de la rencontre amoureuse à la dimension tragique du mythe, fatum (destinée, fatalité)
- Trois axes :
- réinventer le mythe en le trivialisant
- Résistance du mythe par rapport à l’aspect trivial 🡪 personnages obéissant à la fois au mythe comme récit 🡪 leur histoire est écrite à l’avance ET prise de liberté par rapport au mythe ; deux postures : Eurydice = obéir aux contraintes du mythe ; Orphée = naïveté, liberté par rapport au mythe ( ?)
- corrélation bonheur / malheur
- Développement :
- Anouilh réinvente le mythe en le trivialisant
- Eurydice comédienne, Orphée violoniste de gare
- utilisation d’un langage courant, le pouvoir de la musique d’Orphée est ainsi discrédité au tout début du texte par la mère d’Eurydice (« cet idiot, toujours à racler son violon »), Eurydice : « Comme vous jouez bien ! »
- Irruption des personnages ‘triviaux’ dans leur rencontre : la jeune fille, rappelle la relation qu’entretient Eurydice avec Mathias
- Mais irruption du fait mythique dans le trivial dès le début de la rencontre.
- Le mythe fait résistance au trivial, de là tension entre Eurydice qui veut raccrocher leur histoire au référentiel sémiotique du mythe, et Orphée qui défend une forme de liberté face à ce système de référence. Eurydice voudrait pouvoir ‘nommer’ leur histoire : « Cela s’appelle comment ce que vous jouiez ? », « J’aurais voulu que cela ait un nom. », alors qu’Orphée clame sa liberté par rapport au mythe : « J’invente » 🡪 acte de réécrire le mythe (Anouilh) : suivre les contraintes du mythe et s’en libérer, inventer 🡪 nouvelle création
- Eurydice comprend que ce qu’ils vont vivre est écrit d’avance : « Quelle histoire ! Ah ! nous voilà dans de beaux draps tous les deux, debout l’un en face de l’autre, avec tout ce qui va nous arriver déjà tout prêt derrière nous… » 🡪 mêle les registres du trivial et du tragique 🡪 l’avenir est inscrit dans le passé 🡪 axe du temps double : vers l’avant en allant vers l’arrière
- c’est Eurydice qui tient les clés de leur histoire : Orphée dans la position de celui qui pose des questions : « Vous croyez qu’il va nous arriver beaucoup de choses ? »
- Mais dépassement du mythe, Anouilh inscrit celui-ci dans la large panoplie de tous les vécus possibles de l’existence humaine / du couple : « Mais toutes les choses », « Les amusantes, les douces, les terribles ? », « Les honteuses, les sales aussi… »
- Leur histoire sera donc construite sur une structure antithétique de bonheur (liberté ?) et de malheur (contrainte du mythe comme inscrivant l’histoire dans la fatalité)
- C’est Eurydice qui invoque la corrélation entre bonheur et malheur : « Ils disent que c’est quand je suis très heureuse. » / Vous croyez que vous me rendez très malheureuse ? » / Ce n’est pas que j’aie peur d’être malheureuse comme je le suis en ce moment. Non, cela fait mal mais c’est plutôt bon. Ce qui me fait peur, c’est d’être malheureuse et seule quand vous me quitterez
- Pour Orphée, dans un premier temps contradiction insoluble 🡪 aporie: « Je ne crois pas. » / « Je croyais que vous étiez malheureuse. » 🡪 quiproquos, malentendu 🡪 registre comique 🡪 Eurydice : « Vous ne comprenez donc rien ? Vous êtes donc un vrai homme ? »
- Puis contradiction résolu dans les deux dernières répliques Eurydice et Orphée : « Nous allons être très malheureux. » / « Quel bonheur !... »
- La corrélation bonheur / malheur préfigure la destinée tragique 🡪 Le bonheur, dans la logique du fait mythique = accomplissement de la fatalité = le malheur de la perte (mort d’Eurydice)
- Conclusion
- En inscrivant l’histoire d’Orphée et d’Eurydice dans la trivialité de la rencontre amoureuse dans une gare de province, Anouilh réactive le fait mythique et lui donne une dimension d’autant plus forte
- Réflexion sur ce que peut être la rencontre amoureuse sous les contraintes de la fatalité de la destinée tragique, de ce qui est écrit d’avance
- libérer le mythe en lui associant tous les vécus possibles de l’existence humaine
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