Incendies scène d'exposition
Commentaire de texte : Incendies scène d'exposition. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar moooi • 16 Avril 2016 • Commentaire de texte • 1 631 Mots (7 Pages) • 13 953 Vues
Incendies : Acte I, scène 1
Incendies est le second volet d'une tétralogie nommée «Le sang des promesses», écrite par Wajdi Mouawad et crée en 2003. Cette pièce contemporaine revient sur la guerre du Liban de 1975 à 1989 mais dénonce la guerre de façon universelle. A sa mort, Nawal laisse à ses jumeaux Jeanne et Simon un testament sous forme de mission : remettre une lettre à leur père qu'ils croyaient mort et une autre à un frère dont ils ignoraient l'existence. Ils retracent alors le douloureux parcours de leur mère et sont confrontés à un embrasement de tout l'être au contact de la vérité. Bouleversante en tout points, cette pièce nous permet de nous questionner sur notre propre filiation, notre propre vie. Nous sommes ici confrontés à la scène d'exposition, où les jumeaux Jeanne et Simon s'apprêtent à recevoir le testament de leur défeinte mère par le notaire Hermile Lebel.
Comment cette scène d'exposition peut-elle être considérée comme originale ?
Dans un premier temps nous allons étudier la présention de la pièce qui est en rupture avec une présentation classique puis dans un second temps nous nous focaliserons sur le côté intriguant de la scène permettant de divertir le lecteur.
Pour commencer, le sujet de la scène peut paraître ambigu puisque nous avons le titre du premier acte «Incendie de Nawal» qui peut nous faire penser à découvrir le personnage de Nawal et une scène particulièrement riche en émotions. Cependant, le titre de notre première scène chamboule l'avis du lecteur car «notaire» est en total rupture avec le titre nommé précédemment et reste très singulier.
Ensuite, nous découvrons une scène très courte constituée d'une seule tirade d'un notaire nommé Hermile Lebel qui s'exprime à d'autres personnages, les invite à entrer dans son bureau : «Entrez, entrez ! Ne restez pas dans le passage enfin, c'est un passage ! » L30.
Le cadre spatio-temporel s'avère contemporain : Le lecteur le comprend grâce à l'évocation de «bâtiment», «voitures», «centre d'achats» et «publicité» : Nous sommes donc dans un contexte très actuel. Une seule didascalie nous informe sur le décor, nous sommes en plein «jour d'été», dans «un bureau de notaire», le lecteur peut donc se projetter dans la pièce qui n'est autre qu'un simple bureau. L'auteur fait donc le choix, de présenter une scène simple de décors. Néanmoins le contexte contemporain est clair et lui permet de s'identifier et de se familiariser avec la pièce et l'abscence de situation géographique en fait une ville non pas spécifique mais générale, ainsi l'auteur instaure son idée de généralisation.
Cette scène permet donc, à la manière du théâtre classique, de situer l'action. Toutefois, elle peut s'avérer en rupture avec la scène d'exposition classique puisque nous avons simplement une longue tirade d'Hermile qui n'est qu'un personnage secondaire de la pièce à la place d'un dialogue qui s'opère généralement entre les personnages principaux.
Ici, l'auteur intrigue le lecteur sur les personnages principaux en retardant leur entrée : le notaire leur demande à plusieurs reprises d'entrer sur scène «entrez entrez ne restez pas dans le passage ». Dans le théâtre classique, les personnages principaux sont au centre de l'action de la scène d'exposition. Ici, nous apprenons simplement qu'il s'agit de «jumeaux» présents pour signer un «testament» suite au décés de leur «mère». Nous pouvons déduire que la relation entre les enfants et leur mère devait être très froide, en effet la phrase «elle m'a déjà parlé de vous, un peu, parfois, comme ça. Elle disait : les jumeaux » nous fait penser que la mère leur portait peu d'affection. Le lecteur ne connaît que l'essentiel : les prénoms des personnages ne sont pas cités et ils ne prennent à aucun moment la parole, il est donc impossible pour lui de cerner leurs traits de caractères : fait en totale rupture avec la scène d'exposition classique qui a pour habitude de mettre en évidence les traits de caractères des personnages en les faisant parler.
Pour finir, dans le théâtre classique, la scène d'exposition permet au lecteur de comprendre le registre de la pièce. Dans cette scène, Le lecteur peut s'attendre à une tragédie et une intrigue qui tourne autour du décés de la mère mais ce sujet est traité de façon légère par un notaire qui parle d'un tas de choses qui ne sont pas cohérentes, et qui ne se prend pas au sèrieux, ainsi le lecteur est troublé et intrigué.
Après avoir analyser la présentation de la pièce qui s'avère tout à fait originale, nous allons nous focaliser sur le côté divertissant de la scène. En règle générale, la scène d'exposition doit informer mais également divertir le lecteur, l'entrée «in medias res» est ce qu'il y a de plus courant afin d'amener l'action, fait présent dans cette scène. Cependant, nous comprenons ici que Wajdi Mouawad a choisi un parti-pris quelques peu différent, en effet, il divertit le spectateur en créant une intrigue totale sur les personnages et l'enjeu de la pièce.
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