Herbe de blé - Incipit
Analyse sectorielle : Herbe de blé - Incipit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar aurefarel • 21 Juin 2018 • Analyse sectorielle • 1 565 Mots (7 Pages) • 1 624 Vues
Le blé en herbe – Incipit
Introduction :
Le blé en herbe (1923) est un des romans les plus célèbres de Colette, qui fut à la fois romancière, mime et journaliste. Le texte a d’abord paru dans le quotidien Le Matin du 29 juillet 1922 au 31 mars 1923 en quinze épisodes, qui correspondent aux premiers chapitres du roman. Le seizième chapitre, bien plus long, n’a pu être découvert par les lecteurs que lors de la publication du roman dans son intégralité.
Nous allons aborder maintenant l’incipit du roman. L’incipit est un moment important du roman, qui présente généralement trois fonctions. Il a pour but de fournir au lecteur les informations nécessaires à la compréhension du récit (fonction informative), de lui donner envie de poursuivre sa lecture (fonction incitative) et d’inscrire l’ouvrage à venir dans un genre, un registre et un style correspondants aux attentes du lecteur (fonction générique).
Problématique : Pour mener l’analyse de ce texte, nous mettrons en valeur la façon dont ces différentes fonctions apparaissent dans le début du Blé en herbe.
I – La fonction informative : une grande dimension descriptive
A – Vinca et Philippe
Nous découvrons ici deux personnages, dont nous connaissons le prénom et l’âge précis.
La jeune fille, Vinca, est décrite physiquement de façon très précise. Elle apparaît comme une blonde aux cheveux courts, au teint hâlé, avec un corps mince et juvénile – « sa gorge absente / ses fuseaux maigres »-. La métaphore du deuxième paragraphe permet de comprendre qu’elle a les yeux bleus-gris (« aux yeux couleur de pluie printanière »). Sa tenue vestimentaire est également décrite avec minutie. L’ensemble donne l’impression d’une jeune fille androgyne, qui est à la frontière entre l’enfant et la femme. Elle est aussi décrite en relation avec des éléments naturels (la pluie, la paille), et son surnom – la Pervenche - est celui d’une fleur (symbole de souvenir, de fidélité et d’amitié).
La description physique du jeune homme, Phil, reste elle relativement succincte. Seule la fossette sur son menton est mentionnée. Son attitude corporelle est nonchalante – il est couché sur la dune –, il observe Vinca, et même il l’ « épie ».
B – Une scène de bord de mer
Le cadre spatial n’est pas précisément défini par un nom de lieu et on ne trouve aucune indication toponymique, mais le bord de mer est nettement identifiable à travers un champ lexical bien représenté : « pêche », « espadrille », « crevettes et crabes », « havenets », « rochers », « hâle », « eau », « dune », etc.
C – Un cadre temporel vague
Le cadre temporel reste flou, aucune précision n’est ici donnée. On suppose que la scène se déroule à l’époque contemporaine de l’auteure, les années 20.
Phil peut comparer la « Vinca de cette année » et la « Vinca des dernières vacances », ce qui place le récit dans une certaine continuité temporelle et nous laisse surtout comprendre que les deux adolescents se connaissent déjà depuis longtemps. Leurs âges respectifs sont mis en relation – « il compte 16 ans et demi, puisque Vinca atteint ses quinze ans et demi. » - ce qui donne à penser qu’ils se connaissent même peut-être depuis l’enfance. Cette idée se confirme dès la phrase suivante « Toute leur enfance les a unis ». On peut penser que ce paysage côtier est un lieu de vacances où les enfants se retrouvent tous les ans lorsqu’est évoquée métaphoriquement « la frêle amarre qui le ramène, tous les ans, de juillet en octobre, au bois touffu incliné sur la mer ».
II – La fonction incitative
A – Un début in medias res
Le récit s’amorce d’une façon atypique : par un élément de discours direct – « Tu vas à la pêche, Vinca ? » -, et cette réplique n’est accompagnée d’aucun verbe de parole et d’aucun nom ou pronom personnel permettant d’identifier l’énonciateur. Cela crée un léger effet de suspense car on ne découvre qu’au deuxième paragraphe que c’est Philippe qui a parlé.
Le lecteur découvre les personnages en s’immisçant directement dans leurs actions et leur dialogue, ce qui contribue à capter son attention. C’est ce qu’on appelle un début in medias res.
B – La curiosité du lecteur stimulée
Le prénom de la jeune fille – Vinca – peut d’emblée surprendre le lecteur, car il est très rare.
Une forme de complicité est très vite tissée entre le narrateur et le lecteur, à travers l’emploi de la phrase interrogative à la fin du deuxième paragraphe – « oui ou non ? »-. Cette complicité est certes étonnante au tout début du roman.
Le deuxième et le troisième paragraphes se terminent aussi par des points de suspension. Il y a une claire volonté de maintenir un suspens dès le début du roman, ou du moins une tension, d’ordre psychologique.
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