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Francis Ponge, Le Parti pris des choses, Le Cageot

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Par   •  25 Avril 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 723 Mots (7 Pages)  •  635 Vues

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Francis Ponge, Le Parti pris des choses, Le Cageot

LECTURE LINEAIRE

    Le surréalisme est un mouvement qui touche tous les domaines artistiques : arts visuels, littérature, musique, cinéma… Il est considéré comme un courant révolutionnaire, qui se développe pendant plus de quarante ans. Le surréalisme a pour origine le mouvement Dada, né de la première guerre mondiale. Francis Ponge est un auteur surréaliste qui à publié le cageot en 1942 dans le recueil : Le parti pris des choses .Dans ce poème en prose, composé de 3 courts paragraphes, le poète présente l'objet en partant du mot qui le désigne. Il en propose une définition puis s'intéresse à son destin et à la relation qu'il entretient avec l'homme.

1er mouvement  1 à 3 : la place du mot dans la langue française

2è  mouvement 4 à 6: une existence éphémère mais utile

3è  mouvement 7 à 10 : un objet banal et ignoré

1er mouvement :

        L'approche de Ponge peut, à première vue, paraître impersonnelle, mais c'est en réalité avec humour et tendresse que le poète se penche sur l'existence du cageot. Sans intervenir directement dans son texte en effet le pronom « je » en est absent, Ponge s'attache à rendre cet objet sympathique.

Le poème est d'une grande unité. Les 3 paragraphes qui le composent sont exclusivement consacrés au cageot. Mais cette unité n'est pas seulement thématique. Le fait que ces trois parties soient de longueur quasiment équivalentes confère à cette évocation du cageot une unité formelle évidente.

Celle-ci est d'ailleurs renforcée par la présence systématique de la lettre A au début de chaque paragraphe : « A mi-chemin... ; Agencé.... ; A tous les coins ».

Cette reprise anaphorique de la lettre A suggère une volonté de revenir, au début de chaque paragraphe, au même point de départ, à la même observation de (re)découverte de l'objet.

La formulation adoptée par le poète est également un facteur d'unité. Faisant abstraction du point de vue de l'homme pour ne s'intéresser qu'à l'objet, Ponge n'emploie jamais le pronom « je » et parle constamment du cageot à la 3è personne. Cette formulation volontairement impersonnelle renforce la cohésion du texte et  nous rappelle aussi le titre du recueil « le parti pris des choses », volonté d'objectivité du poète. Ponge s'intéresse à la place du mot dans la langue française et débute par une définition du mot, comme pourrait le faire un dictionnaire : un cageot est « une simple caissette à claire-voie » L 1. Il désigne enfin sa fonction qui est de transporter des « fruits » L2 . Dans ce 1er paragraphe, Ponge semble donc faire table rase de tout savoir antérieur pour en revenir aux données les plus élémentaires. Il procède comme s'il voyait l'objet pour la 1ere fois et nous invite à le ré-découvrir. Le poète ne cherche pas à nier la banalité de l'objet. A plusieurs reprises, il en souligne, au contraire, la simplicité et la modestie :  par l’adjectif antéposé « simple » ainsi que le substantif  «caissette» formé par le suffixe « ette » qui par sa nature suggère l’idée de petitesse ,la modestie L 1, on peut le « briser sans effort » L 4. C'est un objet utile et fonctionnel. C'est ce que connotent les termes « transport » et « usage » L 2 et 4 ou les verbes « vouer » et « servir » L 2 et 5. Le poète fait allusion aux aliments périssables qu'enferme le cageot. Il souligne la fragilité des fruits « une maladie », « la moindre suffocation » L 2 et 3 . L’auteur s'intéresse autant au mot qui désigne l'objet qu'à l'objet lui-même. Dans la 1ère phrase du texte, il fait allusion explicitement à la place du mot dans le dictionnaire « entre cage et cachot ». Ces références soulignent le fait que les denrées qu'il contient sont emprisonnées et privées de lumière. Avec humour, Ponge joue librement avec la langue. Il laisse entendre que « cageot » L1 serait un mot composé de « cage » et du dernier son de « cachot ».  C'est un mot-valise, deuxième strate du jeu de mot puisque la valise sert à transporter des objets, comme le cageot.

2 ème mouvement :

         Le Poète insiste maintenant sur le caractère éphémère de l'existence du cageot. Ponge débute le paragraphe sur un jeu de mot , l’emploi du substantif terme renvoie au sens grammatical de « cageot » et dans un second temps le substantif « terme » évoque la fin de fin du cageot, il le redira avec les expressions « brisé sans effort » L4, « ne sert pas deux fois » , L 5.Ceci suggérerait une certaine pitié du poète pour l’objet. Il en déduit comme une évidence que la vie du cageot est plus brève que celle des denrées qu'il enferme. Le cageot a une existence fragile et éphémère suggéré par la négation restrictive « ne que »: il « ne sert pas deux fois »; ainsi que le comparatif d’infériorité «  moins encore que »  L5 .Cependant, le cageot est tout le contraire d'un objet méprisable. Le poète ne parle pas de « denrées périssables » comme on le fait habituellement de façon dépréciative, mais de « denrées fondantes ou nuageuses » L5 à 6 , expression mélioratives, comme si le cageot devenait un écrin comme dans son poème intitulé L'Huître. L'objet est valorisé pour les services qu'il rend, il s’agit donc d’un sapate. Cette valorisation indique que Ponge nous invite à la redécouverte d'un objet  faussement ordinaire : sous des apparences banales et médiocres, il enferme une réalité à la fois simple et précieuse.

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