Fiche Don Juan scène 1 acte 1

Séquence III : Le théâtre

Texte n° : Dom Juan, ou Le Festin de Pierre, de Molière, ACTE 1, scène première, Molière, 1665

Introduction

Dom Juan est une œuvre à part dans la vaste production théâtrale de Molière. Jouée pour la première fois en 1665, au théâtre du Palais Royal, cette comédie en 5 actes et en prose relate les aventures de DJ, jeune aristocrate vivant en Sicile. Libertin de mœurs et d’esprit, accompagné de son fidèle valet Sganarelle, DJ accumule les conquêtes amoureuses et bafoue la religion. Il aime les défis, jusqu’à celui du dénouement : un dîner avec une mystérieuse statue qui parle, une sorte de « revenant », en effet c’est le commandeur, un homme que DJ avait tué auparavant qui l’emportera dans les flammes de l’enfer. Quand il écrit DJ, M. s’inscrit dans un héritage ; l’intrigue et les principaux personnages proviennent du DJ de Tirso de Molina, joué pour la première fois en 1630.

Écrit juste après Tartuffe, le DJ de Molière suscita des réacs hostiles : les dévots se sentent une nouvelle fois attaqués et y voient une apologie du libertinage

M. emploie souvent la comédie dans ses pièces mais ici, tragédie et comédie sont mélangées :  une pièce baroque, ne respectant pas les règles du classicisme. Est-ce une œuvre prônant le libertinage visant à discréditer les dévots ? Ou une œuvre morale qui a un sens car DJ se fait châtier par le ciel à la fin ? Montre l’originalité de cette pièce.

L’extrait étudié est une scène d’exposition traditionnelle, au cours de laquelle la situation initiale et les personnages principaux sont présentés. C’est à travers un dialogue entre un Sganarelle très bavard et un autre valet Gusman que nous apprenons ainsi que DJ vient de briser le cœur de Done Elvire et que cette dernière est à sa recherche.

Pb ? En quoi cette scène d’exposition inattendue nous offre-t-elle un double portrait ?

Développement

Axe 1 : Une scène d’exposition entre tradition et originalité

A- L’éloge du tabac : ouverture inhabituelle

La pièce s’écarte délibérément des règles de la scène d’exposition, un éloge du tabac est utilisé comme introduction à cette scène d’exposition : « Qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » l2

En outre, le tabac à priser ou à̀ fumer faisait l’objet de controverse à l’époque de Molière. Considéré comme un remède par certains médecins, son usage était condamné par les dévots de la Compagnie du Saint Sacrement. Ainsi, dès les premiers mots de sa pièce, Molière annonce par ce biais la volonté́ de braver ses ennemis. Enfin la portée morale du tabac et de son éloge est souligné́ par les termes « honnêtes », « honnêtes gens », « digne », « vertus », « honnête homme », « sentiments d’honneur et de vertus ». On voit ainsi comment l’éloge du tabac, aussi éloigné semble-t-il des attentes de l’exposition, annonçant le registre de la farce bouffonne qui traversera la pièce comme pour désamorcer sa dimension tragique et inquiétante. 

B- Présentation de la situation initiale et des personnages principaux

Comme une scène d’exposition traditionnelle, pour mettre le spectateur au courant de l’intrigue, les dialogues sont très courants. Thks to ce procédé, double énonciation mise en place : informe Gusman de ce qu’il ignore & le public. Nous informe des persos principaux : - leurs noms (Elvire, DJ, S., G.),

-DJ, « homme de sa qualité », est habitué des actions scandaleuses, Elvire est à la poursuite de DJ, S. était avec DJ dans la ville où celui-ci compte se rendre pour fuir Elvire.

L’épilogue de la pièce est même annoncé, cad la puniti° de DJ « il faut que le courroux du Ciel l’accable quelque jour » l42. Cette pièce débute donc selon les règles classiques.

Mais cette scène d’exposition reste originale ; situation surprenante, à savoir une séparation qui est au début du récit plutôt qu’à la fin

C-Inscription de la pièce dans une ambiance sulfureuse

-Le libertinage : DJ l’incarne, car opposition à la morale et à la religion, remise en question d’Aristote, car éloge du matérialisme, ^m si Molière condamne le libertinage, il semble défendre le « libertinage érudit », qui refuse à mettre en retrait son sens critique face à la religion.

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