Fausses confidences dissertation

« Mentir c’est cacher une vérité que l’on doit manifester » écrit Jean-Jacques Rousseau dans son ouvrage Les Rêveries du promeneur solitaire qui affirme que les mensonges, ces paroles fausses dont le but est de tromper, sont utilisés subtilement afin de dissimuler cette perception de la réalité communément admise comme étant la bonne et ayant le besoin d’être révélé : la vérité. Marivaux, Pierre Carlet de naissance, né en 1688, était un écrivain et dramaturge français célèbre pour ses pièces de théâtre qui dépeignent la surprise de l’amour impossible. Marivaux est également connu pour ses réflexions sur la hiérarchie sociale et les préjugés du XVIIIème siècle, le siècle des lumières, siècle de remises en question des structures politiques et des systèmes de valeurs traditionnels. Il est également à l’origine de ce qui sera appelé le marivaudage, un style d’écriture mélangeant subtilité, préciosité et conversation mondaine. Dans son essai historique, La Cité antique, Denis Fustel de Coulange écrit :« Le mensonge cherche toujours à imiter la vérité ». Cette citation semble s’appliquer à une pièce de théâtre de Marivaux dans laquelle le marivaudage est pleinement visible : Les fausse confidences, une œuvre écrite en 1737, ou le mensonge est travesti en vérité au point de ne plus faire la différence entre les deux. Nous demanderons donc : dans quelles mesures Marivaux dans la fausse confidence ensevelit- il la vérité sous un mensonge pour la faire mieux advenir ? Nous verrons dans un premier temps que dans cette pièce, le mensonge cherche à imiter la vérité pour être crédible. Cependant, nous verrons dans un deuxième temps que pour que le mensonge soit un succès il faut qu’il se détourne d’une vérité jugée inavouable ou immorale. Nous Verrons finalement dans une troisième partie que le mensonge est utilisé pour faire éclater la vérité.         

Dans cette pièce, le mensonge est très largement utilisé afin de cacher une vérité peu glorieuse. La dissimulation de sombres stratagèmes dans le but de leur réalisation en fait partie. En effet, Dans la scène 10 de l’acte premier, Madame Argante demande à Dorante de mentir quant à l’issue du procès et ce peu importe si cela est vrai ou non. Elle demande cela afin de s’assurer que sa fille, Araminte, épouse le compte de Dorimont et accède ainsi au titre de noble. Ici, Madame Argante, très égoïstement et en ne voyant que son propre intérêt et non le bonheur de sa fille, emploi le mensonge, et, plus précisément, demande à Dorante d’employer le mensonge afin que ses occultes aspirations puissent se réaliser le plus facilement possible sans avoir à s’épuiser personnellement. De plus, toujours dans la même optique de cacher une vérité inavouable, les mensonges à soi-même et aux autres sont également utilisés. Araminte a recours à ces mensonges tout au long de la pièce. Effectivement, elle ne cesse de se mentir a elle-même autant qu’aux autres concernant la raison de son obstination à garder Dorante en tant qu’intendant alors que sa mère, Le compte et Dubois lui conseillent de l’écarter et lui proposent même un autre candidat à ce poste. Dans la scène 14 de l’acte premier par exemple, après avoir appris l’amour fou qu’éprouve Dorante à son égard, Araminte feint de vouloir le garder à ses côtés dans le but de le « ramener » et ainsi le guérir. Elle avance que si Dorante prend l’habitude de la voir tous les jours, sa passion décroirait et il sera de fait libéré de l’amour fou dont il est la victime. De même pour la scène 6 de l’acte 3, Araminte défend Dorante devant sa mère qui dénigrait ce dernier devant Monsieur Remy. Madame Argante disait vouloir le renvoyer et soutenait ses propos en utilisant l’argument de l’amour éprouvé par Dorante à l’égard d’Araminte dont elle avait été mise au courant. Araminte s’oppose catégoriquement à son renvoi et assure à Monsieur Remy qu’il ne le sera pas. Elle demande même : « pourquoi faut-il que mon intendant me haïsse ? ». Elle cherche des excuses afin de défendre Dorante et le garder auprès d’elle en tant qu’intendant et elle fait cela tout au long de la pièce, nous pouvons nous questionner de fait sur la raison qui se cache derrière son obstination. A la scène 12 de l’acte 3 nous apprenons que la raison de tous ces mensonges afin de garder Dorante à ses côtés est expliquée par le fait qu’elle partageait son amour. Elle s’est mentie a elle-même et aux autres durant 3 actes entiers avant d’enfin avouer ses sentiments. Elle fit cela surement par honte et par appréhension du regard des autres, compte tenu des différences qui les opposent (conditions sociales…) avant de s’en détacher totalement à la fin de la pièce.
Son prétendant, lui aussi, ment tout au long de la pièce dans le but de camoufler une vérité immorale et afin de parvenir à ses fins. Dorante ne cesse de s’accrocher à sa place d’intendant malgré toutes les accusations dont il est la cible et malgré toutes les personnes contre lui (Madame Argante, le Compte Dorimont…). En réalité le métier d’intendant lui importe peu, c’est le métier d’intendant d’Araminte qu’il convoite avec ardeur. Il est amoureux d’elle et veut se marier avec, d’où la mise en place d’un stratagème avec Dubois afin qu’Araminte soit charmée par Dorante. Il se montre fidèle face à toutes épreuves pour, petit à petit, attendrir le cœur d’Araminte et rendre les sentiments qu’il éprouve pour elle réciproques. La scène 15 de l’acte 2 est un exemple parfait de ce camouflage des vérités pour mieux parvenir à ses fins. Araminte est mise au courant de l’amour que lui porte Dorante et essaie de lui faire avouer en lui posant de nombreuses questions, mais Dorante continu de dissimuler la vérité, cela constitue l’un des moment clé de la réussite du stratagème pour attendrir Araminte. En effet, de ce fait Dorante se met en avant et met toutes les chances de son coté en se montrant poli, et fidèle. En réalité, dans cette pièce, les mensonges visent à faire éclater une seule vérité, celle de l’amour de Dorante pour Araminte.

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