Exposition Le Mariage de Figaro
Commentaire de texte : Exposition Le Mariage de Figaro. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lulumi • 30 Juillet 2021 • Commentaire de texte • 1 907 Mots (8 Pages) • 590 Vues
Lecture analytique : Beaumarchais
Le Mariage de Figaro, 1784
Acte I, scène 1 « Dix-neuf pieds … dans ta sphère »
Problématique :
En quoi cette scène d'exposition permet-elle non seulement d'apporter les informations essentielles mais aussi d'annoncer le caractère révolutionnaire de la pièce ?
Vous commenterez la scène du Mariage de Figaro de Beaumarchais en prenant appui sur le parcours de lecture suivant.
a) Vous analyserez les informations données par cette scène, compte tenu du fait qu'il s'agit de l'ouverture de la pièce.
b) Vous montrerez également comment l'enchaînement des répliques met en valeur les deux personnages et témoigne des relations qui les unissent.
Introduction
Le siècle des Lumières trouve dans le théâtre le genre idéal pour mettre les questions sociales à la portée d'un large public tout en le faisant rire. Dans Le Mariage de Figaro, Beaumarchais met en scène le Figaro de sa première comédie, Le Barbier de Séville. ( Tous les personnages appartiennent au Barbier de Séville sauf Suzanne.Trois années ont passé depuis que le Comte Almaviva a épousé Rosine, devenue depuis la Comtesse. Figaro, le barbier de Séville, a beaucoup aidé le Comte à réaliser son mariage. Aujourd'hui Figaro à son tour doit donc se marier ce jour même avec Suzanne, la camariste (femme de chambre et confidente de la Comtesse). Figaro est en train de mesurer la chambre que le Comte lui a donnée ainsi qu'à sa future épouse. Almaviva n'est plus autant amoureux de Rosine. La comtesse aussi a évolué (elle a environ 22 ans). Elle est délaissée, meurtrie déjà par la vie. Au moment où un mariage se fait, un autre se défait : c'est le caractère mélancolique de la pièce.)
C'est lui, accompagné de la servante Suzanne, qui ouvre la pièce. Le rideau se lève alors qu'il est en train de prendre les dimensions d'une pièce « à demi démeublée ».
Le dialogue de cette scène d'exposition donne au public les informations essentielles de l'intrigue en le plongeant immédiatement dans l'action et lui permet de découvrir les caractéristiques des deux serviteurs.
I. Une véritable scène d'exposition
I. a. Le cadre spatio-temporel
Cette scène situe l'action « le matin des noces » de Figaro et de Suzanne, dans un château. Il s'agit d'une scène d'exposition dont la fonction est de fournir au spectateur les informations nécessaires à la compréhension de l'intrigue. Nous apprenons essentiellement deux choses :
- Deux serviteurs fiancés (références à « Madame » et « Monseigneur ») emménagent dans l'appartement (didascalies « une chambre », une « toise »), qui marque l'éloignement physique et affectif entre les deux maîtres déjà mariés.
- Le mariage des valets en ouverture de la pièce dénote une comédie d'un nouveau genre car, d'ordinaire, une pièce de théâtre tourne autour du mariage des maîtres, qui marque le dénouement de la pièce.
I. b. Le décor n'est pas décoratif, mais symbolique
On se trouve dans la chambre nuptiale de Suzanne et Figaro, c'est pour cela qu'elle n'est pratiquement pas meublée. La chambre mesure environ 50m2, soit l'équivalent d'une scène de théâtre. On y trouve un fauteuil (qui servira de cachette à Chérubin et au comte car cette chambre est un lieu de passage). On remarque que le lit est absent. On trouve un miroir où Suzanne se mire.
TOUT est essentiel.
La chambre se trouve entre les 2 appartements de la comtesse et du comte.
Le fait que la chambre soit située là souligne la séparation amoureuse du comte et de la comtesse, même si à l'époque c'était une question de confort de faire chambre à part. Ce lieu leur a été accordé par leurs maîtres, marque de la dépendance des futurs mariés vis à vis de leurs maîtres. Cette chambre n'est donc pas si intime.
On note que le décor est très important et symbolique : Figaro l'accepte, Suzanne y voit un danger.
I. b. La présentation des personnages essentiels
- L'action se noue autour du personnage absent, le comte Almaviva :. « Monseigneur », homme de « plaisirs » est un obstacle redoutable au bonheur du couple (il « courtise » Suzanne). Même absent, il ternit la gaieté ambiante car il a l'intention de « séduire » Suzanne et de remettre à l'honneur le droit de cuissage qu'il avait lui-même aboli. La duplicité du Comte est manifeste parce que :
- sur un plan matériel, il fait le généreux alors qu'en réalité il cherche à acheter les faveurs de Suzanne. - officiellement, il a aboli un « droit honteux » mais officieusement il regrette l'abolition de ce privilège et il est prêt à tout pour le rétablir.
- Les autres personnages : les clans se forment. On distingue les victimes (Figaro, Suzanne et la Comtesse) et les opposants (le Comte et Bazile, son « agent »). Il y a inégalité des forces (deux contre trois) entre le camp de la puissance, de l'hypocrisie, et celui de la naïveté, du bonheur simple.
I. c. Une scène de comédie qui annonce la tonalité de la pièce
- Le comique de gestes : il règne sur scène une joyeuse animation : Suzanne fait la coquette, Figaro effectue des acrobaties pour mesurer la pièce, les gestes d'amour sont simples (« lui prend les mains »), mimiques ou sauts accompagnent les onomatopées (« zeste », « crac »). On pense à Arlequin de la Comedia del Arte, issue du théâtre latin. Au début de la scène, Figaro mesure la chambre. A la fin, il court après Suzanne : il est toujours en mouvement. Derrière ce personnage on peut déceler la vitalité de Beaumarchais, qui a l'audace d'avoir choisi un valet comme héros de sa pièce.
- Le comique d'intrigue : On devine d'emblée que la pièce va être riche de ce côté-là. Figaro dit qu'il va devoir créer une intrigue d'où il va devoir sortir vainqueur.
- Le comique verbal : Beaumarchais use d'un procédé : l'économie du langage, qui dit le strict minimum, vivacité du dialogue (les répliques rebondissent les une sur les autres, effets d'écho (« zeste [...] crac ! et en trois sauts me voilà rendu » ; « tinter »/« tinté »), vocabulaire familier, apostrophes ironiques prononcées sur un ton emphatique (« ô mon mignon »).
Pendant tout le temps où Suzanne refuse de parler, on assiste à une joute verbale : utilisation de sous-entendus. On fait appel à l'intelligence du spectateur pour deviner le reste.
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