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Entraînement au Bac de Français

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Par   •  17 Octobre 2015  •  Dissertation  •  1 571 Mots (7 Pages)  •  1 903 Vues

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            Nous sommes en présence d'un corpus de quatre textes relatifs à l'écriture poétique. Tous ces textes nous livrent l'éloge d'un objet du quotidien ou d'un sujet qui ne soit pas commun dans la poésie classique. Le XIX ème siècle a été fortement marquée par la poésie classique et la poésie romantique. Le premier texte, est un poème de Baudelaire, « Une Charogne » extrait de son recueil Les Fleurs du Mal, publié en 1857. Dans ce poème, Baudelaire décrit la promenade d'un couple interrompue par une vision d'horreur : un cadavre en décomposition. Le deuxième extrait est un poème de Lautréamont, publié en 1869. Il s'agit du Chant IV, strophe 4 faisant partie du recueil Les Chants de Maldoror. Ici, l'auteur nous présente son héros, Maldoror, sous son aspect physique. Le troisième poème, « Cahier d'un retour au pays natal » d'Aimé Césaire, fut publié en 1939, à l'occasion de son retour en Martinique, puis intégralement en 1947.Césaire nous livre dans cet extrait, la description d'un nègre, rencontré dans un tramway. Enfin, le dernier texte, intitulé « Ode inachevée à la boue » nous fait l'éloge de la boue. Il est paru en 1962 dans le recueil Pièces. Ces poèmes sont pour certains les précurseurs de la poésie moderne et surréaliste.

            Nous nous demanderons quels sont les éléments qui font de ces poèmes des poèmes provocateurs.

             Afin de mener à bien notre réflexion nous verrons dans un premier temps que ces poèmes sont provocateurs par leur thématique, non commune, mais aussi par leur idée de provocation même. Enfin, nous montrerons leur rupture avec la tradition lyrique, qui met en évidence leur côté provocateur.

          Tous ces textes ont quelque chose de particulier : leur thématique. En effet, la forme poétique est usuellement utilisée pour aborder les thèmes de l’amour, de la vie, de la mort. Or le choix des sujets qui sont évoqués n’ont rien en commun avec ces thèmes lyriques. Baudelaire a choisi de parler d'un cadavre en décomposition et nous décrit son aspect tout au long du poème «charogne infâme » (v3) , « Ouvrait d'une façon nonchalante son ventre plein d'exhalaisons » (v7-8), « les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,.... le long de ces vivants haillons » (strophe 5). Baudelaire pressent qu'au fond de la laideur, peut germer l'ébauche de la beauté d'un monde gracié. Lautréamont, lui, choisit de présenter un héros, non pas des plus banals, qui n'a pas une apparence totalement humaine, mais plutôt végétale (semblable à un arbre). L'auteur utilise énormément le champ lexical des animaux, des insectes « poux » « pourceaux » (l1), «crapauds » (l8) , « caméléon » (l11), « vipère » (l13) afin de renforcer l'idée de déshumanisation du personnage. Césaire choisit quant à lui de narrer sa rencontre avec un « nègre ». Césaire le compare dans un premier temps à un « pongo » (l5), ce qui révèle son côté animal. Il nous dresse son portrait physique « son nez qui semblait une péninsule en dégrade......petite oreille de la création » (7-12). L'auteur fait une longue description de ce nègre, plutôt péjorative. Enfin, le dernier texte de Francis Ponge nous livre l'amour qu'a l'auteur pour la boue. La répétition de « Je t'aime » (v7) insiste sur la déclaration d'amour.  Césaire nous décrit la boue sous tous ses états. Il la personnifie en la qualifiant d' «inhospitalière ou jalouse » (v18). L'auteur joue aussi avec les différents sens du verbe s'attacher. En effet, au vers 19, le verbe «s'attache» peut être compris au sens propre (éprouver de l'affection pour quelqu'un) mais aussi au sens figuré (ne pas se détacher). Baudelaire et Ponge ont choisi un sujet qui suscite usuellement le dégoût, tandis que Lautréamont et Césaire eux, ont choisi un sujet, qui, habituellement ne sort pas de l'ordinaire. Mais dans leur cas, la description de leurs personnages humains (ou presque) fait ressentir chez le lecteur un sentiment de répulsion.

            Non seulement les sujets sortent des thématiques abordées usuellement en poésie, mais en plus les auteurs les célèbrent. Ce sont des éloges paradoxaux : en effet, tous les auteurs jouent sur un contraste entre le lexique appréciatif et la trivialité de leur sujet. Il est vrai que, de manière ordinaire, l'éloge se fait grace à un langage appréciatif. Baudelaire utilise plutôt un tableau d'horreur :-il utilise le lexique de la vermine exagérément développé : « mouches, larves… » 
De plus la gaieté est ironiquement associée à ce monde de décomposition « en pétillant, vivait en se multipliant » (paradoxe de la vie qui naît de la mort, effet presque surnaturel, renforcé par « étrange musique ») + « vivants haillons »  On a une réorganisation de la vie à partir de la matière de la mort « noirs bataillons ». Baudelaire joue évidemment sur son côté ironique. Lautréamont multiplie les
 horreurs. Son héros n'a rien d'élogieux. Idem pour Césaire. Quant à Francis Ponge, son amour pour la boue est des plus étranges et des plus extravagants.

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