En quoi peut-on dire que les textes humanistes se caractérisent par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre ?
Commentaire de texte : En quoi peut-on dire que les textes humanistes se caractérisent par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anastasiabrun • 31 Mars 2021 • Commentaire de texte • 1 409 Mots (6 Pages) • 701 Vues
Les progrès en technique, progrès en médecine, invention de l’imprimerie et naissance d’un nouveau genre littéraire : L’humanisme, ont bouleversé les idées du XVIIème siècle. Les Essais de Montaigne s’inscrivent dans ce mouvement. L’auteur, admirateur des littératures antiques écrit dans ses Essais que selon lui il faut « frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui ».
Cette citation nous invite à s’interroger : En quoi peut-on dire que les textes humanistes se caractérisent par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre ?
Nous verrons dans un premier temps comment c’est façonné le mouvement humaniste, puis nous poursuivrons sur la vision de l’être humain au travers les réflexions des humanistes.
L’humanisme est une ouverture au monde contemporain, c’est un courant de pensée idéaliste qui met l’Homme au centre du monde. Parti d’Italie, l’humanisme se répand dans toute l’Europe cultivée. Le mouvement humaniste de la Renaissance est un retour aux sources littéraires et morales de l’Antiquité. Pétrarque (1304-1374) étudie les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit son étude dans les manuscrits des Anciens. Perdue sous les multiples adaptations et interprétations chrétiennes du Moyen Âge l’authenticité de la pensée des Anciens sont remis au gout du jour par les humanistes du XVe siècle qui s’efforcent de les propager et les enseigner. Un esprit d’indépendance à l’égard de toutes les rigidités médiévales évolue. La circulation à travers l’Europe des idées, des conceptions et des cultures, marquent la naissance d’une conscience européenne : « Le monde entier est notre patrie à tous » (Thomas More). Les humanistes prônent des valeurs morales et intellectuelles contenues dans la littérature gréco-latine et leur adaptation à des besoins nouveaux. Ils préconisent la vulgarisation de l'ensemble des savoirs, même religieux : la parole divine doit être accessible à toute personne, quelles que soient ses origines ou sa langue (traduction de la Bible en langue vulgaire par Érasme en 1516). Le développement de l’imprimerie ont permis la circulation de ces idées, démocratisant le savoir. Les textes sont traduits ou publiés dans la langue locale et non plus uniquement en latin. C’est une ouverture d’esprit. Cette ouverture d’esprit a permis de réaliser des progrès techniques notamment en navigation (boussole l’astrolabe), autorisant les navigateurs de découvrir des territoires inconnus.
De ce fait, ces découvertes provoquent des rencontres vers d’autres civilisations avec des coutumes jusqu’alors inconnues. Ces nouveaux mondes produisent de la curiosité et de l’intérêt. Ces conquérants constatent que les êtres humains ont des mœurs différentes, à celle des européens. Ils en font une description avec un regard d’homme « civilisés » sans prendre conscience des civilisations qu’ils observent. Christophe Colomb les présente tantôt comme de "bons sauvages" proches de l’innocence naturelle, tantôt comme des "cannibales" à peine humains. Montaigne, bien que n’ayant jamais visité ces nouvelles contrées, puisant dans les récits des explorateurs (André de Thevet et, jean de Lery ou Franscico Lopez de Gomara), rapporte « Toute la journée ce passe à danser. Les plus jeunes vont à la chasse […] Une partie des femmes s’amusent cependant à chauffer leur breuvage » (ligne 206 « Des Cannibales »). Ce tableau des peuplades d’Amérique paraît quand même utopique. Montaigne écrit aussi « il attache le bras du prisonnier […] l’assomment à coups d’épée. Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun » (ligne 259 « Des cannibales »). La rencontre entre les deux civilisations crée un bouleversement dans chaque partie. La question que chacun se pose sur ces étrangers, les uns : ces sauvages qu’ont-ils d’humains ? « en ne le faisant pas, ils ont déclaré très clairement qu’ils étaient esclaves et non civiques et libres.» (Juan de Sepùlveda, Démocrates alter, Séville, 1545). Les autres : sont-ils des dieux ou des démons ? « Gens barbus, différents par le langage […] montés sur de grands monstres inconnus » (ligne 423 « les Coches »). Les premiers colons espagnols ont massacré et réduit en esclavage les peuplades américaines en les comparants à des bêtes. Ce comportement inhumain fut dénoncé par Bartholomé de Las Casas « ..et entreprennent d’éventrer, pourfendre et massacrer ces brebis et ces agneaux, hommes, femmes enfants et vieillards qui étaient assis tranquilles » (« Histoires des Indes » III, 29-1560). Ces excès ont eu pour effet d’avoir un autre regard sur ces « barbares », amenant à la reconnaissance des qualités de ces êtres . Montaigne « L’épouvantable magnificence des villes de Cuzco et de Mexico […] quant à la dévotion, observance des lois […] il nous a bien servi de n’en avoir pas tant qu’eux » (ligne 405 « les coches ». Ce point de vue accuse les excès des conquérants et des colonisateurs. La confrontation entre la civilisation européenne et les civilisations lointaines, les « sauvages », conduit les humanistes à la remise en cause des valeurs ancrées dans les mentalités. Subséquemment, la découverte du Nouveau Monde contraint les humanistes à une autre vision de l’homme.
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