En quoi peut-on considérer la Princesse de Clèves comme une tragédie classique ?
Cours : En quoi peut-on considérer la Princesse de Clèves comme une tragédie classique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar raf0u • 15 Novembre 2021 • Cours • 1 305 Mots (6 Pages) • 1 240 Vues
Dissertation : En quoi peut-on considérer la Princesse de Clèves comme une tragédie classique ?
Introduction :
C’est en 1678 que Mme De La Fayette fait paraître, anonymement, La Princesse de Clèves. A cette période, nous sommes dans le « Grand siècle ». Louis XIV unifie le royaume et fait rayonner la France à travers une société qui repose sur l’ordre, la clarté, la mesure et la retenue. Et cette société se reflète sur les œuvres sorties en ce temps. Ces œuvres doivent avoir pour double objectif « placere et docere », plaire et instruire en latin. C’est à ce moment que la tragédie classique apparaît. Ce genre rappelle l’importance d’allier le plaisir et le divertissement à une transmissions de valeurs morales. On peut donc amener à se demander en quoi La princesse de Clèves s’apparente-t-elle à une tragédie classique ? Pour répondre à cette question, nous allons d’abord nous axer sur en quoi l’ouvrage de Mme de La Fayette est inclus dans une veine tragique, puis en quoi il applique les codes et règles de son époque.
I/ La Princesse de Clèves est inclus dans une veine tragique
- première phrase du roman décrit avec perfection les caractéristiques du personnages tragique « La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat »
-selon la définition du Robert la tragédie est une « Œuvre dramatique (surtout en vers), représentant des personnages illustres aux prises avec des conflits intérieurs et un destin exceptionnel et malheureux ; genre de ce type de pièces. »
a) « magnificence » : des « personnages illustres »
- incipit qui montre la « magnificence » de La Cour
- portrait élogieux de la Reine et du Roi
- portrait de Mlle De Chartres : son éducation et sa vertu sont mises en valeur
- honneur et dignité des personnages : Le Prince de Clèves qui s’adresse à son ami Sancerre en parlant de la liaison de Mme De Tournon : « La sincérité me touche d’une telle sorte que je crois que si ma maîtresse et même ma femme, m’avouait que quelqu’un lui plût, j’en serais affligé sans en être aigri. Je quitterai le personnage d’amant ou de mari, pour la conseiller et pour la plaindre »
b) « galanterie » des personnages, « pris avec des conflits intérieurs »
- La problématique du roman tourne autour de l’amour entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours : mort de Mme de Chartres « Songez à ce que vous vous devez à vous même, et pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquises, et que je vous ai tant souhaitée »
- Récit enchâssés au fil du roman : Madame de Valentinois, Madame de Tournon, Anne de Boulen, Vidame de Chartres qui offrent une perspective morale et démontre que les figures de la Cour sont soumises à la fatalité de leurs passions
- L’amour du Prince de Clèves pour sa femme entraîne la jalousie et lui fait penser à une potentielle liaison entre sa femme de le duc de Nemours. Cet amour est comme un poison car deux jours après, une fièvre fatale l’emporte et le lecteur assiste à un engrenage tragique qui mène à une issue fatale.
c) La Princesse de Clèves suit la structure d’une tragédie et possède « un destin exceptionnel et malheureux »
- L’exposition : Première partie du roman qui permet de connaître les personnages et leurs rapports entre eux, les lieux, l’époque et l’intrigue
- Le nœud : Rencontre avec le Duc de Nemours qui précise la nature du conflit à résoudre (résister à la tentation d’une liaison) ; ainsi que des péripéties (épisode du portrait, lettre donnée par Mme la Dauphine, visite de Nemours à la princesse)
- Le dénouement, « le destin exceptionnel et malheureux » : mort de deux personnages (prince de Clèves qui meurt à cause de sa jalousie, et la princesse qui s’exile et décède par sacrifice pour ne pas déshonorer la mémoire de son mari défunt) ; ce dénouement montre la terreur face aux désordres causés par la passion et la pitié pour la destinée malheureuse de ces personnages impuissants mais lucides : la terreur et la pitié, dans la tragédie antique, est ce qui amène à la catharsis selon Aristote. Racine, bien plus tard, dira « La Tragédie ne se fait point par un récit, mais par une représentation vive, qui, excitant la pitié et la terreur, purge et tempère ces sortes de passions »
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