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En quoi l’abbaye de Thélème constitue-t-elle une utopie humaniste ?

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Par   •  11 Février 2016  •  Commentaire de texte  •  890 Mots (4 Pages)  •  2 096 Vues

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En quoi l’abbaye de Thélème constitue-t-elle une utopie humaniste ?

        Cet extrait nommé « l’Abbaye de Thélème » se situe à la toute fin du roman. Après la guerre picrocholine, Gargantua offre à Frère Jean de fonder une abbaye. Le nom choisi pour cette abbaye idéal est « Thélème » qui signifie en grec « volonté naturelle, désir ».

Tout d’abord, on constate que la vie de cette abbaye ce fait dans un esprit de liberté. En effet, le champ lexical de la liberté est très présent dans le texte comme « libre arbitre », « bon vouloir » ou encore « librement ». Mais il est en opposition avec le champ lexical de la contrainte « opprimés », « asservis », « refusé » qui reflète la véritable vie monacale de l’époque. Aussi le fait que toutes les règles se résument avec : « Fais ce que tu voudras » indique un certain paradoxe entre l’ordre qu’indique le premier verbe et le sens du deuxième verbe. De plus, l’idéal de liberté contrecarre avec la rigueur de la vie monacale habituelle. Par exemple, Rabelais montre qu’il n’y aucune hiérarchie à l’Abbaye de Thélème puisqu’ils sont libres de faire ce qu’ils veulent « quand bon leur semblait ».  Cette liberté repose sur l’idée que l’homme, s’il est libre, se laissera guider naturellement par sa vertu « ont naturellement un instinct, un aiguillon qu’ils appellent honneur et qui les pousse toujours à agir vertueusement  et qui les éloigne du vice ».Rabelais montre aussi la mixité, il ne sépare pas les hommes des femmes comme le veut d’ordinaire la règle, le mariage est même possible à la sortie de l’abbaye. Il se montre ainsi en avance sur son temps puisque cela constitue une critique de la religion sur le sort réservé aux femmes par celle-ci. On laisse même aux Thélémites la possibilité de sortir du couvent « quand le temps était venu que l’un des Thélémites voulût sortir de l’abbaye ».

Ainsi la perfection règne dans cette abbaye car il y a d’abord une harmonie parfaite entre les membres qui sont tous « bien nés, bien éduqués », la répétition de «bien » insiste sur leurs qualités. La population est constituée d’une certaine élite, ce que l’on comprend grâce à une énumération de termes mélioratifs « si preux, si nobles, si habiles à pieds comme à cheval, si vigoureux, si vifs » mais aussi avec la répétition de l’intensif « si ». Rabelais rappelle ici l’importance de l’éducation pour améliorer les qualités déjà existante de l’homme. Il montre aussi que la liberté ne pousse pas les habitants à un certain individualisme mais qu’au contraire ils agissent tous sur un plan collectif comme on peut le voir avec «  Si l’un ou l’une d’entre eux disait : « buvons », tous buvaient. ». L’harmonie est aussi renforcée par l’emploi de l’imparfait qui étale leur bonheur dans une durée indéterminée.

        On peut parler d’une utopie dans la mesure où le cadre spatio-temporel et les personnages restent volontairement très indéterminés afin d’éviter de s’ancrer dans une réalité particulière et ainsi garder un sens général. De plus, comme toute utopie, Rabelais dresse un portrait idyllique de la vie monacale afin de mieux critiquer la réalité de son temps. Il y rejette les trois vœux de cette vie à savoir la chasteté avec le mariage, l’obéissance avec l’absence de règles strictes, et la pauvreté avec la démonstration de la richesse à travers des activités telle que la chasse. Le Thélémite est totalement épanoui. En cela il s’oppose aussi à l’essence même des règles monastiques qui sont basées sur l’ordre, la hiérarchie, la contrainte et l’autorité. Il rappelle aussi l’importance accordée à l’éducation, un principe cher aux humanistes. Le programme est constitué de nombreuses activités comme l’atteste «  aucun ou aucune d’entre eux qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musiques, parler cinq ou six langues » où grâce à une énumération Rabelais montre la variété et la démesure de leur enseignement mais aussi qu’il ne différencie pas les hommes des femmes avec « aucun ou aucune ». Rabelais montre une fois de plus sa foi en l’homme « ont naturellement un instinct » où l’adverbe naturellement insiste sur le caractère inné de sa vertu. Tout en soulignant l’utilité de l’éducation pour améliorer l’homme « bien éduqués ». Ils y développent donc l’esprit mais aussi le corps «  si vifs et maniant si bien toutes les armes » à l’image de l’expression « mens sana in corpore sano ».

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