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En quoi Les Caractères sont-ils une critique de la comédie humaine ?

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Par   •  12 Janvier 2023  •  Dissertation  •  1 347 Mots (6 Pages)  •  547 Vues

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DISSERTATION LES CARACTÈRES DE LA BRUYÈRE

En quoi Les Caractères sont-ils une critique de la comédie humaine ?

Jean de la Bruyère se définit comme un témoin privilégié de la « comédie humaine » ;  par son rôle de précepteur du Duc de Bourbon il se situe aux premières loges du spectacle hypocrite des courtisans et des courtisés. Son expérience des hommes et de la société s’illustre à travers son œuvre Les Caractères (1688), dans laquelle il y apparait moraliste satirique avec un  style original. Auteur classique, il s’inscrit dans la tradition de Théophraste dont il s’inspire. Les Caractères  est une œuvre qui dépeint les passions de la génération versaillaise afin d’en corriger les défauts mais elle est aussi à l’origine de la critique littéraire moderne et de la critique du système social et politique dont le but vise à souligner les défauts majeurs des individus de son époque. Comme il l’énonce dans sa préface, « je rends au public ce qu’il m’a prêté, j’ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage ».

Ainsi nous verrons en quoi La Bruyère critique la comédie humaine.

Pour ce faire, nous verrons dans un premier temps en quoi les Caractères de La Bruyère relèvent du théâtre dans le monde dans lequel chacun joue un rôle et dans un second temps nous nous intéresserons aux spectateurs de cette grande comédie.

Au XVIIème, le « paraître » correspond aux codes sociaux de l’époque. La bruyère (moraliste qu’il est) se donne pour mission de traiter des défauts du genre humain en particulier de sa vanité, de son art d’être dans le calcul et la manipulation sous des airs pompeux. Ainsi les Caractères peuvent être perçus comme une série de portraits individuels peints « d’après nature » (préface). Ces portraits peuvent être représentés comme des « types » ou « stéréotypes » comme le flatteur, l’impertinent, le courtisan etc … C’est par exemple le cas du portrait d’Arrias au livre V qui est censé représenté le contraire de l’honnête homme, homme ambitieux, avide de briller, il est narcissique et égocentrique. On retrouve aussi, Acis, homme présomptueux et pédant et beaucoup d’autres …La bruyère traite aussi de portraits collectifs comme des « riches et parvenus » (livre VI) ou alors des parisiens (livre VII), des courtisans (livre VIII), des grands du royaume (livre IX) ou encore du roi lui-même au livre X. En traitant de ces « groupes », il dresse ainsi un portrait d’ensemble de la société. Aux contrastes sociaux, s’ajoutent des contrastes géographiques, comme ceux entre la ville et la campagne ou entre la ville et la cour. Quand il parle par exemple des courtisans prêts à tout pour faire fortune « n’espérez pas plus de candeur, de franchise, d’équité… » (livre VII), il dresse ainsi un réquisitoire contre les cupides et les hypocrites.

A travers ces portraits, l’auteur met en évidence la comédie sociale dans laquelle chacun joue son rôle par vanité ou par nécessité. Dans la société qu’il décrit, tout n’est qu’apparence. C’est particulièrement vrai de la cour « il y a un pays où les joies sont visibles mais fausses » (livre VIII). Tous les hommes portent des masques. Giton veut passer pour un bel esprit, Narcisse joue à l’homme important, les parisiens ne se promènent que pour se faire voir. Même les plus modestes essaient de se rendre importants et sont de « vrais singes de la royauté ». Dans cette vaste comédie, le monde est plus soucieux de son image que de son être. Ainsi en mettant en scène la théâtralité du monde, La Bruyère reprend le thème du « theatrum mundi » dans lequel tout n’est que mascarade, singerie et jeux d’acteurs. Cette vision du monde est plutôt pessimiste mais assez réaliste. Il dira d’ailleurs à la fin de son livre que « dans cent ans le monde subsistera encore en son entier, ce sera le même théâtre et les mêmes décorations, ce ne seront plus les mêmes acteurs ». Cette manière de faire nous rappelle Molière avec les « portraits » ou les « stéréotypes » à qui il consacre même le titre de ses œuvres « le misanthrope », « l’avare », « le malade imaginaire », « les précieuses ridicules » …Ainsi La Bruyère dénonce le monde en le comparant à un théâtre dans lequel chacun essaie de se faire passer pour ce qu’il n’est pas.

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