EDT12 MARIVAUX, Les Fausses Confidences (1737), II, 15, fin de la scène
Analyse sectorielle : EDT12 MARIVAUX, Les Fausses Confidences (1737), II, 15, fin de la scène. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tectonique • 7 Février 2023 • Analyse sectorielle • 3 714 Mots (15 Pages) • 335 Vues
EDT12 MARIVAUX, Les Fausses Confidences (1737), II, 15, fin de la scène
Correction détaillée en raison des nombreux absents au cours du jeudi 02/02
Introduction
- Marivaux -> dramaturge du XVIIIe(18e) siècle, renouvelle le genre de la comédie en donnant une place prépondérante au sentiment amoureux et à l’analyse psychologique (marivaudage)
- LFC –> comédie en 3 actes créée en 1737, qui met en scène les stratagèmes du valet rusé Dubois et son maître Dorante pour séduire Araminte, une jeune veuve fortunée
- Après la première tentative du stratagème d’Araminte à la scène 13 de l’acte II[1] , la jeune veuve poursuit ici son entreprise pour arracher des aveux à Dorante, qu’elle prétend n’ « interrog[er] que par étonnement ». Araminte mène le jeu et cherche à faire parler Dorante. Araminte sait que Dorante l’aime. Dorante sait qu’elle le sait. Mais Araminte ne sait pas que Dorante sait qu’elle le sait ! Et Dorante ne connaît pas les intentions d’Araminte.[2] Tant que les masques ne sont pas tombés, on rit du côté du public et on souffre du côté des personnages. La comédie des masques culmine à l’acte II, acte central où se s’enchaînent les stratagèmes avec un rythme effréné
LECTURE
- L’extrait correspond à la fin de la scène et offre intensité dramatique croissante : il s’agit d’un point culminant de la pièce autour de la question de l’aveu. La conversation tourne au duel. Les deux personnages sont mis à l’épreuve tour à tour, car on passe de la conversation galante à la « crise ». Mais Dorante et Araminte, pris entre le jeu de la comédie et de l’amour, tomberont-ils tous leurs masques à l’issue de cet entretien ? Double registre dans cette confrontation entre deux stratèges et deux amoureux : ruse et cœur, ambiguïté constante.
- 3 mouvements progressifs qui conduisent à la crise personnelle d’Araminte.
1) Araminte soumet Dorante à un véritable interrogatoire (l.1-11)
2) La question du portrait aboutit à l’aveu de Dorante (l.12 à 25)
3) Enfin, Araminte perd le contrôle de la situation et la maîtrise de soi (l.26 à la fin)
Problématiques possibles :
- Comment cet extrait met-il en tension la vérité et le mensonge ?
- En quoi cette confrontation met-elle en scène le conflit entre l’être et le paraître ?
- En quoi cette scène offre-t-elle une intensité dramatique croissante ?
Explication linéaire
Analyser réplique par réplique, au sein des mouvements, pour rendre compte de la dynamique du dialogue et de la broderie textuelle que constitue le marivaudage.
- Araminte soumet Dorante à un véritable interrogatoire (l.1-11)
Araminte poursuit son interrogatoire, avec insistance, en feignant l’étonnement face à l’attitude de Dorante. Elle emploie différents stratagèmes pour le faire parler, c’est elle qui mène le dialogue, en se basant sur l’autorité de la raison et en multipliant les questions.
- Demander des précisions sur la femme aimée
- Araminte, dans la première réplique (qui suit un éloge de Dorante), réagit au portrait élogieux en insistant sur son étonnement -> Figure de répétition épanadiplose : répétition de la négation en début puis en fin de phrase, « point » (plus fort que le pas) : Je n’imagine point de femme qui mérite d’inspirer une passion si étonnante, je n’en imagine point. Parlant d’elle-même à la 3ème personne (périphrase « femme qui… »), elle affirme ne pas concevoir femme digne d’un tel éloge. Emploi du superlatif absolu (adverbe d’intensité « si » + adjectif) qui souligne l’intensité de la passion de Dorante. Cela révèle la surprise (avouée) et la curiosité (inconsciente) devant cet amour. Araminte veut en savoir plus et sonder le cœur de Dorante, poussant indirectement celui-ci à poursuivre son éloge.
GRAMMAIRE
- « femme [qui mérite d’inspirer une passion si étonnante] » proposition subordonnée relative introduite par le pronom relatif « qui », la PSR est complément de l’antécédent « femme »
- « Elle est donc au-dessus de toute comparaison ? » Interrogation directe et totale, sans inversion du sujet. Cela révèle-t-il la curiosité ou la surprise devant cet amour ? Elle veut en savoir plus et sonder le cœur de Dorante.
- « Je n’imagine point » Nég totale
- Dorante prie son interlocutrice de ne pas lui demander de poursuivre son éloge. Mais malgré son refus de louer la femme aimée, il en profite pour poursuivre son portrait élogieux de façon passionnée (registre galant et précieux) et indirecte (à la 3ème personne). -> prétérition[3], qui révèle la stratégie rhétorique de Dorante : Procédé consistant à annoncer quelque chose en affirmant qu'on ne va pas en parler. Fausses confidences : car ce qu’il dit est vrai, mais il ment en feignant d’en aimer une autre. Ce procédé du biais permet à la conversation de se dérouler dans le respect des convenances (rappel : amour impossible en raison de la différence de fortune).
- Deux propositions juxtaposées, la première est une prière (impératif), la deuxième formule une cause : « Dispensez-moi de la louer, madame ; je m’égarerais (Euphémisme : « s’égarer » signifie dire ou agir avec la folie de la passion amoureuse) en la peignant (le verbe peindre annonce subtilement la question du portrait à venir dans le dialogue) ».
GRAMMAIRE : « Dispensez-moi de la louer, madame ; je m’égarerais en la peignant. »
2 propositions indépendantes juxtaposées par « ; ». Transformation :
- Coordination « Dispensez-moi de la louer, madame, car je m’égarerais en la peignant. » On obtient deux propositions coordonnées par « car »
- Subordination « Dispensez-moi de la louer, madame, [puisque/parce que je m’égarerais en la peignant]. » on obtient une PSCC de cause
Portrait élogieux -> double superlatif absolu (qualités physiques et morales) mis en valeur par la négation : On ne connaît rien de si beau ni de si aimable qu’elle, et jamais elle ne me parle ou ne me regarde que mon amour n’en augmente. Hyperbole : registre courtois, dans le style des romans précieux. Dorante joue le rôle l’amant courtois, qui souffre pour sa belle, inaccessible. Ton respectueux, langage soutenu.
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