Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message (p26)
Commentaire de texte : Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message (p26). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Erizoos • 29 Juin 2018 • Commentaire de texte • 1 650 Mots (7 Pages) • 1 950 Vues
Défaite des maîtres et des possesseurs – V.Message (2015)
Œuvre intégrale :
- Roman d’anticipation datant de 2015
- Obtient le prix Orange du Livre 2016
- On comprend facilement que le récit ne se déroule pas dans un monde tel que nous le connaissons : les hommes ne « dominent » plus la terre. Il y a donc une toute nouvelle espèce étrangère à la Terre et dont Malo, le protagoniste et narrateur, fait partie qui sont les nouveaux maîtres et possesseurs de la terre.
Extrait :
A la fin du chapitre 1, Malo Cleays qui est un « démon » doit trouver une solution pour récupérer des papiers pour Iris, une humaine que Malo a adopté, afin de régulariser sa situation et qui se trouve pour l’instant à l’hôpital en raison d’un grave accident. Dans un monde où l’homme n’est plus le maître, Malo tente de relativiser en se disant que s’il n’obtient pas de papiers, elle mourra mais que même si elle parvient à en récupérer elle ne sera pas sauvée pour autant, sa situation étant dangereusement précaire.
- L’ambiguïté et l’étrangeté de la relation qu’entretiennent Malo et Iris
Il la qualifie d’abord de « clandestine » (l.2), ce qu’elle est
Mais par la suite, ils ne semblent pas proches par la manière dont il la qualifie : « la », « Iris ». on ne voit aucune émotion transparaître ici, il se montre même insensible en disant « que ce n’est pas à (lui) qu’ils vont apprendre » la loi en parlant du fait de la piquer. Cela ne semble pas le contrarier outre mesure
Cependant, les efforts qu’il va devoir mettre en place pour la sauver et qui vont lui faire prendre des risques prouvent à eux seul un certain attachement : il ne ferait pas cela tous les jours et encore moins pour une personne à laquelle il ne tiendrait pas :
- « il faut que je trouve une solution » : « il faut » montre la détermination du sujet
- « obtenir en quelques heures, en une journée au plus, des papiers » : il sait qu’il a peu de temps mais il va faire son possible
- C’est une tâche complexe et il en conscient étant donné son métier : « Avec mon poste au ministère, ce n’est pas à moi qu’ils vont apprendre.. »
Par ailleurs, dans la suite du texte il s’ouvre un peu plus sur ces sentiments :
- Le ait de la voir « boitiller » et donc souffrir à longueur de journée lui aurait fait mal : « ca allait me faire peine à voir »
- « ne peux pas imaginer qu’elle puisse mourir tout de suite » : il ne se sent pas prêt à imaginer sa mort. De plus, même l’ »imaginer » le ferait souffir > terme fort
- « on vient de fêter ses 25 ans » > ils viennent ensemble de fêter une date important de la vie de l’humaine, preuve qu’ils passent du temps ensemble > on ne passe pas une journée d’anniversaire avec n’importe qui habituellement
- « quelqu’un que j’aime » (métonymie pour désigner Iris) : il formule enfin ce qui était implicite depuis le début du texte : ses actes insensés trouvent un sens dans l’amour qu’il éprouve pour elle. Il en rajoute en disant que les choses prennent un « tour plus personnel » > il se sent proche d’elle
- « maintenant, c’est le cœur qui bat, insupportable comme sont les cœurs » > personnification les cœurs ne peuvent pas être insupportables mais ce seraient plus les sentiments que provoque l’amour qui les rendraient moins supportables > preuve qu’il n’a pas voulu de ce sentiment qui le met en danger mais il n’a pas le choix
Or, malgré son attachement, il semble bien conscient que la situation est compliquée : il est réaliste et sait aussi que son sort peut dépendre de cela…
- Discours que mène le protagoniste dans le récit …
Malo n’est ici pas un héros univoque, simple, il aime Iris mais il sait que la situation s’annonce compliquée. Il mène donc dans ce texte un étrange discours ; en effet, il semble dénoncer les horreurs qu’il invente.
Il fait tout d’abord un récit des faits :
Iris est blessé à la suite d’un accident. Elle doit se faire soigner ou doit avoir une prothèse mais pour cela, il faut lui obtenir des papiers. (citer le texte)
Puis il commence sa critique :
- « avec leur air de porter un bout trop lourd du monde » > hyperbole pour montrer qu’il en feraient beaucoup pour se donner l’air d’avoir beaucoup de responsabilités, de choses à faire alors que cela n’a aucun rapport, ils n’auraient juste pas pris la peine de s’occuper d’un cas qui n’avait pas d’importance pour eux > Iris n’est qu’une humaine
- « leur air qui a fait de son mieux » > antithèse : auraient pu faire beaucoup plus
- « Ils diront qu’il faut la laisser s’en aller » > euphémisme : laisser mourir Iris qui se mue très vite en critique de leur euphémisme > « euphémisme ont tourné chez eux au réflexe » retournement complet des valeurs : comment annoncer la mort de quelqu’un pourrait-il devenir un réflexe que l’on atténue la réalité ou non ?
- Hypothèse selon laquelle les « ils » seraient médecins à ce niveau-là du texte
- « qu’il y a trop d’hommes sur cette terre » : problème de la surpopulation pour justifier la possible mort d’Iris
- « maintenir en vie ce qui subissent des handicaps trop lourds » : ils ne prennent plus la peine de garder en vie des gens handicapés : le narrateur relate l’exacte vérité de ce qu’il vit ; il est conscient qu’Iris entre dans ce cas et tient à donner les multiples raisons qui pourraient emmener à sa mort
- « l’horizon qui se referme » > métaphore (explication à faire)
- « cette impression d’une nasse où je serai entré sans m’en rendre compte » > métaphore : il n’était pas conscient de s’empêtrer dans ce genre de problème. De plus polyphonie de « nasse » : filet de pêche qui se pose au fond de l’eau et où le poisson peut entrer mais pas ressortir ou filet servant à capturer les oiseaux mais aussi se trouver dans une situation fâcheuse difficile voire un piège > montre bien que la narrateur se sent dans l’embarras, il a l’impression d’être tombé dans un piège
- Questions sur quand mettre fin à la vie d’un homme mais « pas donné les bonnes réponses ». en effet, ils ne trouvent pas de réponses et on sent bien dans le discours du narrateur qu’ils évitent soigneusement la question
- Il finit en disant qu’« il faut que l’intelligence se mette au travail » > personnification du travail, il doit réfléchir pour se sortir de cette « nasse » : il a critiqué ce piège se refermant sur lui et ces lois mal faites qui pourraient causer la mort de celle qu’il dit « aimer »
- … pour pousser à une réflexion du lecteur
Il semble vouloir en venir à une réflexion et un questionnement profond commun comme s’il réfléchissait mais qu’il voulait aussi, en partageant sa manière de penser, que le lecteur prenne part à cette réflexion.
Sans jamais désigner les gens dont il parle que par le pronom personnel « ils », il nous pousse inévitablement à nous demander qui ils sont.
Par ailleurs, ce texte est étrange et nous paraît déraisonnable. Depuis quand dit-on « piquer » pour un être humain ? c’est un terme habituellement réservé aux animaux. On comprend donc le sens du récit de Message, il veut rendre compte de ce que subissent nos animaux de compagnies en nous animalisant dans son œuvre. Ainsi, peut-être quand se mettant à notre porté, en utilisant le sujet que nous connaissons le mieux, nous-mêmes, nous comprendrons enfin.
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